Le ménage. C’est toujours en automne que ça me tente, moi. Hum… je viens de constater que quand on repousse, repousse, repousse, finalement on obtient des résultats super satisfaisants! Comme pouvoir recycler une boîte énorme pleine de pleins de vieux papiers en moins de dix minutes. Suffit de laisser reposer vraiment longtemps, et la décision jette, jette pas se prend toute seule! Le ménage, ici, enfin, c’est aussi archiver plein de vieilles conversations pour ne plus les voir. Et me désabonner de plein de trucs inutiles. Vive la loi anti-pourriel, grâce à laquelle toutes les infolettres et autres gugusses sont faciles à annuler. Juste ça, ça m’enlève un poids, petit mais réel, qui contribuait à ma charge mentale. Attendez un peu que je me décide pour les vêtements, ha! C’est par sacs-poubelle immenses que ça va sortir. (Ce n’est qu’un début, continuons le combat!)
La routine. J’ai compris récemment que je ne suis pas une personne de routine. J’en mets en oeuvre quand il le faut, mais c’est un effort pour moi et encore, un effort conscient. Oh, il y a des exceptions: le soir, je lis! Cette routine-là répond à un besoin puissant. Mais à part ça? Bof. Je sais que ma puce a besoin de carburant vers 16h, mais j’ai mis des années à le comprendre, et je dois me le rappeler chaque jour à moi-même, quand je vois son comportement commencer à déraper. Je ne pourrais pas, pour donner un exemple, avoir un plan de repas qui me dise d’avance, que mardi, c’est de pâtes et samedi du… je n’arrive même pas à trouver un autre exemple! Du poulet? Euh… non?! M’enfin c’est drôle cette histoire de routine, parce que j’ai longtemps cherché à m’en imposer, des routines, dans de beaux et grands buts enlevants. Ça n’a jamais fonctionné. La routine ne calme pas mon anxiété, c’est plutôt le contraire. Et c’est drôle, hein, mais depuis que j’ai compris ça (entre autres), l’anxiété a pratiquement levé les pattes.
Le deuil. C’est plate à dire, mais le deuil est parfois presque facile à vivre. Presque. C’est affaire d’âge, mais surtout de soulagement. Les longues vieillesses qui font perdre des facultés peu à peu, les maladies dégénératives… Ça use, ça fatigue les aidants, et ça ajoute à, encore une fois, la charge mentale. Alors même si j’ai des moments où je vois Tango dans le salon ou Esteban dans ma chambre, que j’entends leurs voix… je me retrouve quand même avec une vie facilitée, malgré la peine. C’est aussi de voir Roxy s’épanouir à nouveau, elle qui ne pouvait pas se pousser de son compagnon qui dépérissait. Maintenant, elle ne mordille plus sa propre fourrure, elle n’a plus cette anxiété qui était devenue sienne. Elle écoute mieux, elle est plus joyeuse, elle est tout heureuse.
La liberté. Un mot gentil et délicat m’a fait reprendre contact conscient avec la liberté dont j’ai besoin et qui est mienne. Entre les tâches, le boulot, les enfants, le terrain, les obligations et les jugements manifestes d’autrui, j’oublie parfois la raison qui fait qu’ici, chez nous, on ne vit pas comme tout le monde. J’essayais d’expliquer à ma fille pourquoi, un beau samedi, oui, c’était jour de congé, alors qu’elle m’avait vue travailler. Pourquoi les autres avaient congé et moi pas. Pourquoi, c’est plutôt évident quand on nous connaît ou nous observe (bienvenue à la campagne, où tout le monde vous observe avec plus ou moins de bienveillance et de méfiance! Sans aucune cause ni besoin légitime… mais passons…), nous faisons très souvent le choix de vivre différemment (avec peu de routine, entre autres, en toute souplesse). Il me manquait, au fond, le mot: liberté. D’esprit, de mouvement, de point de vue et de réalité. Ça me réconcilie avec mes années, quand elles me pèsent: de tout ce que je voulais devenir quand j’étais jeune, une chose est restée et s’est profondément concrétisée. Elle est toute simple, aussi: ce que les autres peuvent penser, je m’en contrefiche vraiment, maintenant. Profondément. Elle est là, entre autres, ma liberté. (Et j’ai trouvé quelqu’un qui en incarnait une qui s’y harmonisait — ça, c’est une chance inouïe!)