Pour presque tout savoir (ce que savent les humains…) sur les abeilles domestiques, je vous envoie à la magnifique toile des insectes. Ce dont je veux parler aujourd’hui est cependant plus précis, et c’est un sujet que je connais depuis maintenant longtemps, aussi je suis toujours surprise de constater que la chose ne fait pas partie des connaissances de base de tout et chacun. Il faut dire, bien sûr, que nos médias ont plus tendance à parler des pannes absolument ridicules du métro de Montréal que de notre avenir commun, qui passe, malgré tous les beaux progrès de l’humanité, immanquablement par l’agriculture. Qui dit survie humaine dit agriculture. Et qui dit culture de plantes dit pollinisation. Ah oui, les humains ont tendance à se croire maîtres de tout, et pourtant… Pourtant, sans nos copines les abeilles domestiques (Apis mellifera Linné, honey bee), nos beaux et gros cerveaux ne seraient d’aucun secours (par contre nos muscles développés pourraient être mis à profit pour la pollinisation manuelle, mais ce n’est pas une sinécure!). Mais de quoi parles-tu donc, campagnarde sensationnaliste?
Je vous parle du syndrome d’effondrement des colonies (colony collapse disorder). De l’Amérique du Nord à l’Europe à l’Asie, des apiculteurs voient partir leurs essaims, tout à fait normalement, le matin. Sauf… que les abeilles disparaissent. Elles ne reviennent pas à la ruche (ce qui est en soi phénoménalement étrange), et on retrouve peu de leurs cadavres.
Non seulement la ruche est-elle abandonnée rapidement, comme si un péril majeur la menaçait, mais on ne retrouve que peu de cadavres d’abeilles à proximité et, encore plus surprenant, aucun des insectes qui utilisent habituellement les ruches abandonnées n’ose profiter de l’aubaine. Les chercheurs ont aussi constaté que les abeilles mortes à proximité de ces ruches abandonnées sont affectées par différents pathogènes comme des virus, champignons, bactéries et mites. (Source)
Cultures de plantes génétiquement modifiées, abus de pesticides, d’engrais ou d’herbicides, ondes électromagnétiques, pratiques agricoles dites modernes, champignons soi-disant bénéfiques ajoutés au sol, virus, parasites, techniques d’apiculture industrielles, bioaccumulation de polluants, monocultures… les causes probables ou possibles sont nombreuses, variées et complexes (Source). Pire: la cause de l’effondrement des colonies est probablement… un mélange de plusieurs de ces facteurs. Bref… ce serait notre façon de vivre (j’ajouterais comme si nous étions rois, maîtres et seigneurs de notre petite planête) qui pourrait causer notre perte. J’y vais fort, vous trouvez? Hubert Reeves cite le chiffre de 300 milliards de dollars: telle est l’estimation par l’économiste Stern du coût de leurs services (Source). Sans abeilles, la pollinisation naturelle ne tomberait pas à zéro (elles ne sont pas les seuls vecteurs de pollinisation, et les abeilles domestiques ne sont pas les seules de leur espèce), mais elle serait infiniment diminuée (Au total, c’est 35% de la production mondiale de nourriture qui provient de cultures dépendant de la pollinisation par les insectes (Source)). Sans reproduction, plus de fleurs, plus de plantes, et bientôt plus d’herbivores, donc bientôt plus de carnivores (mais avant la fin, pensez un peu à l’explosion du prix des denrées qui requièrent une pollinisation, peu importe sa forme…). Catégorisez les humains comme vous le voulez: ça n’augure rien de bon (pour une version possible de ce futur, lisez (en anglais) Generation A, le dernier Douglas Coupland, fort satisfaisant… même si le grand auteur ne semble connaître aucun francophone qui pourrait corriger ses petits bouts de français insérés ici et là, qui sont atroces!).
Difficile de départager le vrai du faux dans cette histoire d’abeilles (enfin, si je comprends bien, c’est surtout que les experts ne savent plus à quel saint se vouer; d’un côté beaucoup plus pratique, cependant, quel désastre financier et émotif pour les apiculteurs qui perdent tout!). Par exemple, une petite recherche vous donnera systématiquement la citation suivante, attribuée à Albert Einstein: Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre. Phrase choc, non? Oui, sauf qu’elle est plutôt tirée d’un communiqué distribué (en 1994!) par un syndicat d’apiculteurs, l’Union Nationale de l’Apiculture Française. (Source)
Je ne suis qu’une campagnarde, n’est-ce pas. Je n’ai pas LA solution. N’empêche que la situation devrait être connue de tous pour qu’à tout le moins on cesse de nuire activement (je ne dirais pas volontairement, mais si vous luttez chimiquement contre les insectes nuisibles de votre jardin, vous luttez aussi contre les insectes bénéfiques, et il est temps de vous poser de sérieuses question spour notre bien-être commun, en attendant que ce soit une quetsion de survie) aux abeilles. J’en ai vues de très nombreuses (sans doute d’espèces variées) l’été passé, et vous pouvez être certains que mes aménagements et mes habitudes de jardinage futurs feront toute la place à l’abeille, et que pas une décision ne se prendra sans que son impact sur la jolie butineuse ne soit pris en compte.
euh… suis loin d’être un expert sur le sujet mais j’écoute en général tout ce qui a trait au miel et aux abeilles… c’est la sagesse de l’estomac pourrait-on dire… récemment, j’ai vu au documentaire au sujet de la disparition des abeilles. Ce qui en ressortait, c’est que l’abeilles serait victime de la monoculture. Il semble que les abeilles pouvant «polleniser» différentes sorte de fleurs auraient un système immunitaire plus robuste et que cette robustesse serait proportionnelle à la variété de fleurs auxquelles elles ont accès… Au fond, c’est un peu comme pour nous. On ne serait pas en très bonne santé si on mangeait toujours un seul aliment! Et ce, même si cette aliment était la plus belle fleur du monde!
Si ce n’était que ça, ça ne serait que logique de changer de façon de faire (pas juste pour les abeilles: pour le pauvre sol!). Je crois (selon ce que je lis et entend) que c’est plus complexe. Ou en fait, qui dit « monoculture » dit aussi pesticides, herbicides et autres traitements. Et aussi tout dépend de QUELLE monoculture… Aussi même si on dit « le problème c’est la monoculture »… on dit « le problème est complexe et comporte de nombreux éléments »!