Voici sur la souche les plus petits membres de notre grande famille, deux poussins de novembre. À gauche, leur mère (couveuse, pas nécessairement mère génétique), la Columbian Rock que j’appelle Colombine (l’autre blanche, je l’appelle Bianca, et je les différencie à leur crête, celle de Bianca étant plus haute et retombante), ma couveuse en chef (3 couvées déjà, de 7, 3 et 2 poussins, et la belle n’est avec nous que depuis le printemps — elle n’a qu’un an! Elle a même encouragé ma Belle Bleue à couver 3 poussins aussi l’été dernier).
Des poussins d’hiver (c’est l’automne, mais il y a un mètre de neige; entendons-nous: c’est l’hiver!), c’est rare. Et un peu fou. C’est ce que j’ai dit à Colombine quand elle a commencé à couver, mais je lui ai donné sa chance et elle a mené deux œufs sur sept jusqu’au poussin. Maintenant elle rame, et je l’aide: elle a très faim, ses petits ne peuvent pas atteindre la mangeoire et ils peuvent depuis peu atteindre l’eau (requise en tout temps pour les poules!). Alors presque chaque heure je vais voir mon monde à plumes, j’abreuve les pious et je m’assure qu’ils ont à manger avec leur mère.
Quand j’ai eu ma première poule, une fermière voisine qui me donnait des conseils dont j’avais vraiment besoin m’a dit Tu ne le regretteras pas. Elle avait absolument raison: plus je vis avec mes poules, plus je les aime. Leurs œufs, d’abord, sont extraordinairement beaux et savoureux. Or… un œuf, un vrai, saviez-vous que ça n’est pas uniforme comme au supermarché? Ici nos records sont de 26g et de 100g pour un seul et même œuf! Et un œuf, ça peut être strié, bosselé, pointu…! Les nôtres vont de beige à brun très (très!) foncé, mais il en existe aussi (selon la race de poule) des verts et des bleus (vert pâle et bleu pâle, mais quand même, wow!).
Quand j’ai donné un de nos coquelets, j’ai répondu à des questions qui m’ont étonnée… et réalisé que finalement, j’ai beaucoup lu et appris sur les poules. Alors voilà, parlons poules!
Avoir un coq, ça change des choses, mais pas tout. Bon, premièrement, le coq protège les poulettes: il est à l’affût, il guette le prédateur potentiel (et il y en a! Belettes, ratons, éperviers, buses, renards…!) et alerte tout le monde, moi y compris (pas tellement des prédateurs, mais des problèmes: quand mon Rico cocorique sans arrêt, je vais voir, et il a généralement une raison de m’attirer, que ce soit un manque d’eau, de l’ennui profond chez tous et toutes ou un poussin tombé du nid!). Oui, les œufs seront fertilisés (si le coq fait sa job, et si vous passez du temps avec vos poules, vous le verrez bien), mais… ça, ça ne changera rien. On peut les manger sans crainte: ils ne contiennent pas plus de poussin que ceux de l’épicerie. Un poussin pourra s’y développer, cependant, si vous faites incuber les œufs ou si une poule décide de couver. Oui, décide. On peut les faire changer d’idée, mais je les laisse faire, moi, et trois semaines plus tard (20 à 22 jours, pendant lesquels la poule mange et boit peu, et a un regard un peu vitreux, comme si elle était en transe), voilà bien un poussin. Ou sept (la poule qui veut couver couve ce qu’elle peut, mais si vous voulez plus de poussins, il suffit de lui donner d’autres œufs fécondés, peu importe de qui ils viennent). Ou plus! Il suffit de placer les oeufs à côté de la couveuse, elle va les placer elle-même sous elle et s’occuper de tout. (Oui bon, parfois elle peut aussi aller manger et… retourner dans le mauvais nid, alors il faut lui redonner les bons oeufs — mais ça m’arrive seulement parce que je laisse mes couveuses dans les nids ordinaires, sans les déplacer ni les isoler.)
Nos jeunes poulettes nées ici ont commencé à pondre (les premiers œufs d’une poulette débutante sont plus petits que la moyenne!)… et elles pondent des œufs brun foncé. Comme ma Belle bleue, qui est une marans bleue. Mais c’est bizarre, parce que ma Wyandotte et les huit poulettes acquises au printemps pondent toutes des œufs beiges. Bizarre? Eh bien non: génétique.
Les coqs ont des chromosomes ZZ et les poules, ZW. Les chromosomes Z contiennent presque tous les gènes liés au sexe, et les poulettes héritent de leur seul chromosome Z de leur père. Elles héritent donc des traits génétiques liés au sexe uniquement de leur père, alors que les coquelets héritent d’un chromosome Z de chaque parent. La volonté de couver? Elle vient de la poule qui était la mère du coq qui a engendré ma Colombine! Les œufs brun foncé de nos poulettes? Le mystère n’en est pas un, car Rico, notre coq patriarche, est un marans noir cuivré (dont les poules produisent les oeufs les plus foncés!). Il a dû éclore d’un bel oeuf brun, et ses filles en produisent aussi. Elles sont aussi très souvent bleues (argentées).
Ci-dessous, à gauche de ma Wyandotte, on voit un coquelet (à gauche toute) et trois poulettes nés parmi nos deux dernières couvées d’été (de trois et trois poussins – dont un seul coq, ouf). Les trois poulettes pondront dès le printemps (soit à 18-20 semaines).
Il y a deux avantages énormes à laisser les poules couver et élever leurs propres petits. Premièrement, c’est la poule qui gère ses petits et leur chaleur corporelle. Quand on adopte des poussins sans mère, il faut gérer la chaleur avec une lampe, c’est toute une histoire (dans la maison, ça va sentir l’étable, promis juré, et dans un autre bâtiment, gare à la panne de courant!). Deuxièmement, ces poussins-là grandissent au sein de la famille hiérarchique du poulailler. À mesure qu’ils vont grandir, leur mère va s’éloigner puis les ignorer, et ils vont trouver leur place dans la hiérarchie (adultes [pas toujours un coq tout en haut!], coquelets, poulettes, poussins, dans cet ordre, avec une sous-hiérarchie dans chaque catégorie, que les poules déterminent entre elles). Ils se feront corriger comme les autres s’ils sont effrontés, mais ils ne seront pas rejetés comme le sont parfois les oiseaux qu’on veut introduire dans un groupe.
Ci-dessous, vous voyez en haut à gauche ma Colombine? Eh bien ses poussins sont sous elle, pépiants et bien au chaud. Pourtant la trappe qui mène à la volière est ouverte, il fait -15 dehors, et mon poulailler n’est pas chauffé (il n’y a qu’une lampe qui s’éteint la nuit et, dans l’entrée inaccessible aux poules, une lampe chauffante qui crée un sas, une poche un peu moins froide [vaut mieux éviter la lampe chauffante dans le poulailler: en cas de panne, les poules ne seraient pas prêtes à faire face au froid réel]). C’est que les poules traversent assez bien l’hiver et le froid (avec parfois un peu de dommage aux crêtes et barbillons). Elles savent gonfler leurs plumes pour se créer un manteau isolant (oui, comme votre chic manteau en duvet!), elles dorment gonflées et collées les unes aux autres sur leurs perchoirs (par génération, ici, ce qui est très mignon), et elles sont très actives. Ce qui est à éviter, ce n’est pas tant le froid: ce sont l’humidité (il FAUT ventiler un poulailler: trop hermétique, il accumule l’humidité condensée de la respiration des poules) et les courants d’air.
Vous voyez bien que ce sont des êtres fascinants!
fascinant certain!
Et si belles. Ma mère n’en revient jamais comme nos poules sont jolies; ma fille dit oui, sans s’étonner — elle n’a connu que ça, des poules variées et colorées! Alors que nous on se dit tous « voyons, enfant, je pensais qu’une poule c’était blanc! Roux à la rigueur! »
Je me demandais si tu as des lectures à me suggérer pour commencer à me renseigner sur les poules. Je commence à penser à un mini poulailler urbain, et advienne que pourras pour les voisins. (Mais pas cet éte, hein, je veux lire avant)
Je pense ne pas me tromper quand je dis qu’il y a à peu près 76 millions de livres différents à explorer, là, mais j’en ai lu… 4-5 (bon je me trouvais bonne avant de le dire comme ça…). J’ai commencé avec un livre du Chicken Whisperer, qui s’adressait plutôt aux urbains, et j’ai trouvé que c’était trop incomplet. Ah, et j’ai pas de recommandation en français. Et en ligne on peut lire n’importe quoi, évidemment, bon ou terrible — tu te souviens des gens qui disaient de pas donner trop d’herbe aux lapins (!)? Ben j’ai lu de pas nourrir les poules par terre, pour pas qu’elles mangent leurs excréments. Oui bon ok, sauf que… une poule ça mange à terre, dans la vraie vie! (Non tsé ça va au Walmart s’acheter des ramen dans un bol de styromousse!)
Tout ça pour dire que même s’il parle à plus grande échelle que ce que toi ou moi voulons/pouvons faire, le héros pour nous (l’Homme est d’accord) ici, celui qui sait tout et sait le dire de façon rassurante, complète et intelligente, c’est Harvey Ussery: https://www.chelseagreen.com/product/the-small-scale-poultry-flock/
Bon, j’ai pas adopté ses enclos électriques, j’ai pas de dindon, etc., mais c’est lui qui a réussi à me faire comprendre que les poules ont pas besoin de chaleur en hiver (elles ont besoin d’être au sec dans un endroit bien ventilé, sans courant d’air, pas de chaleur) et lui encore qui nous a convaincus d’adopter l’approche « deep litter » (les règlements municipaux, bien souvent, exigent un nettoyage hebdomadaire, ce qui est ridicule, mais bon hein, va convaincre ça, toi, un conseiller municipal!).
Il explique vraiment tout, côté régie. Je pense que pour ça, on se ressemble, toi et moi — on veut tout savoir pour être rassurées, même si on ne se sert pas de tout. Malheureusement je crois pas que ce livre soit traduit (si un jour Chelsea Green voulait tout traduire en français… ah, le rêve!).
Je ne sais pas ce que les urbains font en hiver avec leurs poules… j’veux dire que les super jolis poulaillers (chers!) que je vois sont pas quatre saisons. Parfois on peut les mettre en pension sur une ferme (mais y a un risque; moi je mettrais pas mes oiseaux en danger avec ceux de quelqu’un d’autre, mais bon, hein…).
Tu me diras si tu veux… des œufs fécondés! (Ou un petit coq, hein, hein? J’en ai un beau!) hahahahaha, pas idéal en ville non plus, puisque tu élèverais ça pendant plus de six mois sans un oeuf à manger! Commence tu-suite! 😀
Haha! Je n’attendais pas une reponse aussis rapide et étoffée! Je m’attendais par contre à des lectures en anglais, c’est ce que je cherchais en allant vers toi. Bizarrement, alors que je suis incapable de lire de la fiction anglophone, des textes techniques, pas de problème. Et après avoir lu une bonne ressource, ça me permet d’avoir une banque de vocabulaire specifique pour réussir à faire des recherches en lignes plus pointues( ces jours-ci, je lis sur le wheel spinning, et je fais des recherches sur flyer, le scotch tension et le plying)
Oui, je vais certainement me tourner vers toi pour des oeufs fécondés, ou plus probable, des poussins sexés. Parce que non, je ne veux pas de coq, déjà que c’est pas legal ici, les poules, s’il fallait en plus que je m,embarasse d’un cocoricoteur, je me mettrais dans le trouble.
P.S. Les urbains font abattrent leurs poules l’hiver s’ils ne savent pas les faire hiverner. Absurde, je sais.
Ah oui, autre point en faveur de Harvey Ussery: il dit pas rooster. Il dit heille là revenez-en, they’re cocks. Faque moi entre Coleman et Ussery, j’ai mes hoes pis j’ai mes cocks, pis mon anglo rigole beaucoup.
Je sais pas sexer ça, moi, un poussin! Voici ma technique: quand ça vire coq, ben le poussin était mâle. Ma technique est pas très invasive, hein. (J’aime tellement mes coqs, même ceux que je donne. C’est pas rationnel, l’amour, mais ça fait que j’aime entendre cocoriquer. D’autant plus que Rico sait que je vais venir s’il cocorique assez. Eh que j’ai bien fait de pas avoir de voisin proche, ouf!)
Je sais que certains urbains essaient de les refiler à la SPA… Et j’ai déjà vu un fermier en accepter pour l’hiver dans son étable (un producteur laitier qui n’a pas de poules, donc pas de contamination possible). Si c’est pour les faire abattre (quoi ça dérange pas les voisins, ça??) vaudrait mieux (pour réduire la stupidité de la chose) choisir une race à double usage (ponte et chair).