De toutes les priorités que j’avais imaginées avant d’emménager, je crois que seule la peinture des murs a tenu le coup de la dure réalité. Ah, oui, toutes ces choses restent à faire et figurent sur la liste future, mais pour le moment, il faut y aller selon les urgences. À notre arrivée, nous l’avions remarqué, le robinet de la cuisine coulait si on ne le fermait pas très exactement. Et comme c’était un robinet à levier (chose que je déteste, mais au contraire des gens que l’on voit à la télé visiter des propriétés, je sais faire la part des choses et ne me suis pas plaint pour ce qui pouvait facilement être remplacé. Facilement, ai-je dit? Hmmm) assez âgé, il était capricieux et il fallait le placer un peu de côté pour qu’il cesse de couler. Big deal.
Les semaines ont passé… et le robinet s’est mis à couler. Un peu. Un tout petit peu. Puis les mois ont passé, et le robinet a vraiment décidé que son devoir dans la vie était de couler. Bon. Premièrement, le bruit. Le bruit qui par-dessous tous les autres bruits donne envie de faire pipi. Ensuite, l’écologie. Oui, l’eau ainsi gaspillée provient de notre puits, et nous ne l’enlevons théoriquement à personne, mais quel gaspillage insensé. Enfin, le coût. Comment ça? Mais non je n’ai pas de compteur d’eau! Mais l’eau n’arrive pas au robinet par magie, citadins! C’est la pompe qui fait le travail! Et si la pompe fonctionne sans cesse, la pompe s’use, et la facture d’électricité gonfle (sans parler du premièrement, car la pompe fait son propre bruit, qui ne donne pas envie de faire pipi mais qui vous assourdit). Bref, il fallait agir. Ben oui. Sauf que… pour paraphraser Passe-Montagne, j’ai pas ça dans ma garde-robe, moi, un troupeau de plombiers! (Notez qu’un seul aurait suffi…)
Quant à réparer le robinet qui fuit, aussi bien le remplacer par un modèle ordinaire, sans maudit levier imprécis. Parfait, nous en avions déjà un, donné par le compagnon de la maman campagnarde (je vous ai perdus? Mon beau-père, celui qui n’est pas le père de l’Homme!). Petite visite quincaillère, et voilà l’Homme en possession d’un beau kit permettant supposément de régler le cas des robinets. Ouais. Sauf que, si j’ai réparé moult toilettes en me servant de ma cervelle (pas comme matière première) et remplacé nombre de washers (rondelles en français, mais vous aurez plus de chance d’obtenir ledit washer si vous demandez un washer) de robinets, l’expérience de l’Homme ne va pas beaucoup plus loin. Armé de guides et d’outils, il regardait la chose. En fait, il l’a regardée pendant des semaines. Bon, on le dirait un peu paresseux comme ça, mais vous oubliez le tableau d’ensemble, celui d’une maison où tout a bel air… tant que vous ne grattez pas le vernis. Une maison qui a du vécu, et dans laquelle tous ceux qui ont vécu n’avaient pas le telent du constructeur original. L’évier est, donc, bel (enfin, moi je l’aime beaucoup, et il est original: rouge foncé, double, profond) et bon. Mais regardez dessous… ouille. Les tuyaux ont été passés par des trous dans la tablette. Impossible de les bouger ou de les remplacer sans tout casser. Les conduites d’eau froide et chaude sont, au moins, du bon côté (ça a l’air nono, mais c’est le seul de nos cinq éviers et lavabos qui soit ainsi fait…). Les robinets d’arrêt… pardon, le seul et unique robinet d’arrêt concerne l’eau chaude. Vous le tournez, l’eau gicle sur la tablette. Pour fermer l’au froide, il faudrait faire un trou dans le plafond du garage pour retrouver le fameux robinet d’arrêt. Tout ce qui semble simple en théorie devient fort complexe, et potentiellement fort dérangeant si le travail est amorcé… et devient dégât et urgence pour plombier averti.
Un plombier, on en a appelé un. Référence obtenue au magasin général, puisque nous ne connaissons pas encore les professionnels du coin. Message laissé, jamais retourné. Il paraît que c’est ainsi, et encore une fois je me mords les doigts d’avoir aveuglément écouté tous les discours tenus depuis mon enfance pour me diriger droit à l’université alors que les métiers manuels m’attiraient (mais voyons, Helene, tu vas à l’école privée… Ouin, pis? Que de mépris!). Entre-temps, notre plan pour que rien n’empire a consisté à éteindre la pompe à eau la plupart du temps. Il fallait la réactiver pour les douches, le lave-vaisselle et mes conserves (ah oui, et aussi parce que flusher une toilette mes amis, c’est parfois requis!). La pompe éteinte, l’eau coulait (des chutes dignes d’un guide touristique, à la fin) dans des pichets que je gardais remplis pour nos besoins ponctuels. Ça a duré deux semaines. (Entre vous et moi, ça ne m’a vraiment dérangé que quand des visiteurs sont venus; côté vie difficile, il y a pire, vous en conviendrez!).
La solution (car que croyez-vous, que je vais étaler mes problèmes en public avant qu’ils soient réglés? Non monsieur!) est venu du compagnon de la maman campagnarde (le même que plus haut, vous me suivez?), qui est venu, avec sa jolie assistante (allo maman!) passer… la journée. La tablette a été sciée (croche, mais personne ici ne fait de miracles à la scie sauteuse!), et les morceaux, robinet compris, remplacés. Enfin, je le dis comme si c’était allé de soi, mais le contraire est plutôt vrai. Il a plutôt s’agit d’une série de preuves qu’un patenteux était passé par là et qu’il fallait défaire son travail broche-à-foin. Certains carreaux du comptoir ont été cassés dans une tentative de retirer l’évier. Impossible, il a été installé (très mal) avec des colles inconnues. Les renvois (les trucs au fond de l’évier, je ne suis pas spécialiste de la plomberie, comme vous pouvez le constater) coulaient dessous. L’un était mal vissé, l’autre a dû être remplacé (deuxième visite de la journée au magasin général, utile cette fois-ci). Au lieu du mastic de plomberie tout simple, un truc dégueulasse et noir avait été utilisé.
Enfin, après une journée stressante (vais-je devoir remplacer le comptoir de la cuisine? Vais-je finalement me retrouver à attendre le plombier sans aucune eau courante? Était-ce vraiment une bonne idée d’entreprendre le tout durant un congé férié?) à se glisser sous le comptoir, à souder, à scier et à mastiquer (comme dans mastic, eh que je suis drôle…), mes plombiers amateurs, chaudement remerciés, sont repartis. Balai, aspirateur, guénilles se sont activés, un nouveau scellant a été installé autour de l’évier et pour sceller les carreaux cassés, et enfin j’ai pu replacer tout ce qui va autour de l’évier et souffler un peu. Il reste un peu de travail à faire, mais pour le moment j’ai un évier de cuisine qui fonctionne comme tous les éviers de cuisine le devraient. Ouf.
Pour moi tout a commencé par un maudit robinet… sournois qui dégouttait seulement la nuit… chu rendu a plus de 5 K bidous dans ma cuisine.
C’est ce qui arrive quand je me fâche. 🙂
Là ça à l’air d’une cuisine de restaurant mon affaire. Un gros bonheur.
Ooooh! J’aimerais bien avoir les moyens de ta colère! (Un jour, un jour!)
Pis encore, j’ai eu les plus gros morceaux pour une bouché de pain.
Deux tables en inox avec dosseret et tablette inférieure 8 ‘ X 30 « , pattes ajustables pour travailler entre 35 et 38 » de hauteur. Pour 400 $ en tout. Presque neuf, une faillite de boucherie sur Kijiji. Quand j’ai eu ça, ça m’a décidé de tout casser.
Si j’étais pas au troisième étage, je pourrais nettoyer ma cuisine au boyau d’arrosage.
Le look est super frette mais c’est tellement pratique…
Je ne suis pas fan de l’inox, mais l’idée du boyau d’arrosage, elle, me plaît beaucoup! 🙂
C’est vrai qu’elle est devenue ‘invivable’ ma cuisine, mais quand viens le temps de brosser 300 lbs de carottes ou de nettoyer 60 pieds de céleri… c’est béni.
60 pieds de céleri, dans un seul évier… le Nirvana du canneux-fou 🙂
Je te le laisse, ton céleri! Vivement des baies ou des betteraves! 🙂
Ouin c’est clair que le jour où j’aurai cueilli assez de fraises sauvages pour emplir un de mes obscènes éviers, j’aurai pas la force de les équeuter le soir venu.
Mais le matin, je peux quand même vider quatre poches de betteraves dedans pis toute brosser ça bin propre avant 10h. Pis avant 21 heures le soir, j’ai plus de 8 caisses de bettes à Hugues et 3 caisses d’ail rose bonbon à contempler en suçant mon pouce.
Pis toute est propre.
Sois jalouse SVP.
Je le suis! Pas de la fatigue (tu me diras qu’elle est moindre dans ta super cuisine, et je te croirai!), mais de tous les résultats!
Ouin c’est comme une impulsion irréfléchie due à des années de frustration.
Un comptoir 3 pouces trop bas, ça fait chialer les lombaires.
Des armoires de cuisine dans le front quand tu te penches au dessus de l’évier modèle 5 pieds de céleri.
Pis les armoires de cuisines même pas foutues de recevoir plus de 10 pouces en hauteur…
Puis ce connard de robinet qui plic ploucquais soudainement à 3 hrs le le matin.
J’ai ai jeté un œil par en dessous pour voir que tout était pourri et compliqué.
En allant chercher un nouveau robinet, j’ai presque succombé à la tentation de l’orgie d’étals de nouveaux trucs. J’ai failli sinker dans le red light disctrict de la grande allée de plomberie du RONA.
Je suis rentré chez moi bredouille et repentant, mais confus.
J’ai fait table rase. Nouveau code, orienté objet.
Mes perruches Persil et Cannelle me boudent encore un peu de leur nouvel environnement, mais je me fais pardonner en leur cédant un peu plus de marmelade sur leurs coins de toasts matinaux.
Tout peut se négocier.
J’ai très hâte d’en être à fouiner. Meubles usagés, marchés aux puces, annonces classées, rebuts… j’ai pas le temps! Mais c’est tout moi, ça, je veux aller trop vite. C’est pas grave: plus je dois attendre, plus je suis heureuse quand arrive enfin le moment.
Ce qui est de bien avec le fouinage, c’est que chaque objet conservera sa petite histoire, celle qu’il a ou celle qu’on lui donne.
Ça va être votre premier hiver dans votre nouveau chez-vous ?
Oui, et mon premier hiver à la campagne en 27 ans!