Je me fais opérer lundi matin. Une extraction dentaire en vue d’un implant, pour lequel il faudra d’abord rebâtir l’os. Mon incisive inférieure branlante au possible ne tient plus que par le nerf (sur la radio, elle semblait flotter, mais je vous jure que son nerf est encore bien connecté…). J’ai beau lire et relire tous les conseils et instructions post-opératoires, j’ai quand même hâte. Parce qu’en ce moment, j’ai déjà mal (mais sans espoir que ça cesse ou guérisse avant l’extraction) jusqu’au menton et j’ai déjà beaucoup de difficulté à manger (même mastiquer à l’arrière crée une pression de la lèvre douloureuse pour mon incisive!). Le sandwich d’il y a trois jours, même en petits morceaux, je le regrette encore. Et j’en suis au tylénol avant le café, c’est pas génial. Donc vivement l’opération, la convalescence et la suite. Faut dire qu’avoir mal et avoir une solution à sa portée, c’est très convainquant. Tellement que j’accepte avec sérénité devoir me priver de yoga pour quelques jours, d’alcool, de cannabis, d’effort, de… ouf. Oui bon, j’ai quand même hâte que les points de suture soient enlevés, mais j’en ai pour quelques semaines. De ça et de médicaments.
J’ai calculé mes affaires, préparé un tableau pour n’oublier aucune dose (je suis une championne de l’adhérence au traitement, prête à me lever en pleine nuit pour un comprimé au besoin!). Fin juillet, cette partie du traitement sera réglée. Et à la même période, j’aurai déjà réglé beaucoup de petits pépins du quotidien. Je serai bien prête pour la suite des choses (lire: vivre enfin sans sa présence, à lui) et le premier chapitre du livre suivant (d’ici là, je vais appeler ça un entracte). Petit à petit, je (re)découvre qui je suis sans le regard de l’autre, sans son poids, ses petites trahisons. Je ne suis pas parfaite, j’en suis très loin, mais je me découvre des ressources que je ne me connaissais pas. Je regardais dans un miroir déformant et je ne le savais pas (il s’est déformé d’année en année, j’imagine). Or en plus d’être patiente et indulgente et empathique, je suis aussi courageuse. Et forte. Je n’ai pas non plus de regrets: j’ai tout donné, tout offert, tout fait, en toute sincérité. Ça n’a pas fait, mais ce n’est pas parce que ce n’était pas suffisant.