J’ai vécu d’autres trucs difficiles avant, mais je n’en reviens pas du temps que ça prend pour passer par-dessus (je ne parle même pas de guérir) le traumatisme de la (ma) séparation après presque vingt ans. Oui, bon, ce n’est pas que la séparation, c’est la réalisation de tout le non-dit et de l’abus psychologique qui l’a précédée, bien sûr, et le bris du rêve de la famille nucléaire à laquelle je tenais fermement, passionnément. Ce n’est pas que je voudrais voir mon ex me revenir, oh. que. non: ça n’a même pas grand-chose à voir avec lui, que j’aimerais mieux ne plus voir. C’est tout ce que tout ça a brisé en moi, dans ma réalité concrète, dans ma confiance envers les autres (aucune si je ne vous connaissais pas avant, bien avant). Tout ce dont je dois et devrai encore (car il en reste, il en reste tellement!) faire mon deuil, et tout ce qu’il y a à faire et à élaguer, à accomplir, avant d’y parvenir. Tout le lâcher-prise.
Il m’a tout laissé. Le stock qui n’était pas exactement sien (et plus), les dettes, les moisissures, les fardeaux divers. Et je suis seule à trier, élaguer, sortir, abandonner, jeter, donner, régler (ce qui peut être réglé, car tout ne peut pas être réglé, loin de là…). Oui bon, ça veut dire que la guérison éventuelle sera pleinement mienne, je le sais (et parfois ça me suffit), mais d’ici là? D’ici là j’ai et j’aurai sûrement encore des jours de découragement total. Des jours où j’aurais envie que quelqu’un me prenne en charge (ridicule, je le sais) et règle mes problèmes (ou trie mes poèmes, tiens, avant de me dire à quel éditeur les envoyer (là aussi ma confiance est effritée)).
Et saupoudrée sur tout, la culpabilité qui est la mienne, entre autres celle de n’avoir pas voulu voir ce qui clochait, de ne pas avoir insisté sur plein de choses, celle d’avoir laissé aller l’entretien de la maison (puisque je m’occupais de tout le reste, revenu, éducation et repas compris) parce que sinon, mon couple y serait passé à force de reproches (la gaffe est entièrement mienne: j’aurais dû choisir la maison et laisser aller mes illusions, mais j’ai [trop] souvent pris des décisions par amour).
M’enfin. C’est long, c’est pénible, et je suis découragée par bouts. Je me sens fracturée, désarticulée. La foutue lumière au bout du clisse de tunnel est invisible par moments. Et quand elle apparaît, c’est souvent le résultat de la maudite pensée magique, et elle s’éteint comme elle est venue.
Oufffff ! Il y avait au moins 3 ou 4 ans que je n’étais venue vous visiter sur votre site découvert, oh ! à l’époque où vous étiez en ville avec le fils de…et vos admirables-si-beaux-chats. Même plus loin où le Québec avait été secoué par votre lettre. Oufff je viens de lire ce billet. Holà c’est beaucoup ! Ohhhhhhhh !
Je comprends tout ce qui est écrit. Je comprends ( bien sûr avec mes références ), ce questionnement pluriel allongé infini sans trouver une cielle de partielle de petite réponse satisfaisante qui éloigne du cauchemar pendant 20 respirations !. Je ne veux pas écrire n’importe quoi, surtout pas. Je ne suis pas moraliste non plus. Oui cette période est longue. Oui les lourdes-heavy émotions accompagnent de concert les pensées-stockées-dans l’esprit et du même acabit, loin d’être jolies tout le temps, tout le temps, tout le temps Comme si on se retrouve au fond d’un puit trèèèèès profond plutôt creux, aille mon coeur, mon âme, ma vie nom de dieu que c’est douloureux ! Je comprends. Même si on est autonome, indépendante, vigilante à la conscience de soi, eh bien lorsqu’on vit avec une et des personnes aimées alors se développe en soi d’autre entités qui définissent également notre être. Lorsque cela n’existe plus, niet, fini, aucune référence possible pour nommer cette nouvelle réalité , ça s’appelle aussi » la mort , le plus jamais » et c’est celle ou celui qui reste qui doit renaître et ça prend du temps même si c’est longgggg. Je connais un livre écrit par un psychanalyste qui exprime bien ce que l’on ne parvient pas soi-même à mettre en mots, à déchiffrer ce cauchemar émotif ainsi que la transformation qui s’effectue en nous car il y en a une. Non, non, c’est réel d’avoir envie que quelqu’un s’occupe de nous parce que , because on se retrouve dans l’overdose de tout et il faut continuer de vivre au quotidien qui nous dépasse, nous outrepasse. Laisser vivre , laisser repasser, s’amoindrir, s’écouler toutes ces émotions, d’où l’expression qu’il faut que ça sorte et pas de temps défini pour ce surplus infini. C’est un passage obligé. Je m’arrête ici. Le billet, le vôtre m’a secoué. Prenez le temps et dites-vous que la formule magique n’existe pas et si l’on se gèle trop…faudra aussi passer au temps du dégel. Le partage de ces expériences excessives c’est aussi ce qui nous relie car de lire ce billet de vous je m’y suis retrouvée, oui, oui tant dans les descriptions que dans ces émotions inévitables.
Ça recule pas, mais ça avance même si l’impression de stagnation se respire tout le temps. C’est une sacrée expérience ou expérience sacrante, mais ça avance et ça se transforme ! C’est vrai qu’il y a une lueur, mais après combien de kilomètres de noirceur, sais pas MAIS y’en a une, Vous êtes dans mes pensées.
Merci, du fond du cœur. Vos mots me touchent. Entre autres ceux-ci, que je recopie pour les relire, les souligner et les faire relire. Ils sont justes:
questionnement pluriel allongé infini
celle ou celui qui reste qui doit renaître
on se retrouve dans l’overdose de tout
faudra aussi passer au temps du dégel
ça avance même si l’impression de stagnation se respire tout le temps