La gente dame qui banlieusardise a publié récemment une collection impayable de mots d’enfants. Ici, on en a moins. C’est que le Coco entre dans l’adolescence, et qu’il est à la fois plus utile et moins involontairement rigolo. Oh, je me souviens que plus jeune il nous parlait d’aller gamaziner et du danger que sont les crises Cadillac, mais c’est déjà loin. En anglais, il nous a sorti un they fat me irrésistible au sujet de souliers propres qui lui faisaient encore… apparemment malgré les kilos pris par ses pieds. Et les magiciens anglophones se font fait appeler jamician pendant un bout de temps. Il a aussi cru que nous faisions du jogging toutes les fin de semaines, puisqu’on lui disait bien qu’on allait… faire des courses. Et j’ai sans doute de bons mots d’enfance bien à lui… quelque part, dans un cahier bien rangé mais malheureusement pas numérique (ah, mais c’est un bon truc, ça! Je devrais bien passer à travers mes anciens cahiers et y repêcher ce qui en vaut la peine!).
Je suis traductrice. Blogueuse. J’ai été auteure. Je vis une vie (!) bilingue. Je lis énormément. J’ai suivi des cours de latin et d’allemand. Vous voyez le fil? Les mots. J’aime les mots depuis toujours (j’avais moins de quatre ans quand, répétant les paroles d’un disque avec d’énormes toutous roses, j’ai dit au bon vieux temps — merde, je me souviens aussi du reste des paroles!), assez pour que mon père (sans doute avec raison) m’appelle une vraie machine à paroles. Petite, je posais beaucoup de questions. Je voulais tout savoir sur tout et tout comprendre (j’ai beaucoup changé: je suis maintenant plus grande… et plus lourde). J’ai vu l’envers de la médaille, je comprends maintenant que si le parent est fier pour un temps, n’empêche que l’enfant finit par devenir agaçant. Imaginez une conversation entre une mini-campagnarde et son paternel. Le thème du jour? Les autobus. Ça doit faire quinze minutes que la mini-campagnarde pose des questions et veut savoir (Janette n’avait qu’à aller se rhabiller).
– Papa, c’est un autobus scolaire, ça?
– Non, c’est un autobus Voyageur.
– Et ça, c’est un autobus Voyageur?
– Non.
– Ben alors c’est quelle sorte d’autobus?
– Je l’sais pas. C’est un autobus, point.
Et c’est ainsi que chez nous, pendant plusieurs années, les autobus de la ville se sont appelés autobus point. Et que le beurre d’arachides était appelé beurre de pinottes, mais que le beurre jaune, lui, est devenu… du beurre-beurre. Ce que je ne peux pas expliquer, parce que j’étais trop jeune pour m’en souvenir, c’est l’origine du… papillon-pillon. Non mais, linguistiquement parlant, les enfants ont davantage tendance à simplifier qu’à complexifier pour le plaisir. Moi? J’en rajoutais, semble-t-il. Je prenais un mot et je le rendais plus complexe ou plus précis. Je me compliquais la vie. Mais mais mais! C’est toute ma genèse de campagnarde qui est là!
D’où tu crois que ça vient les bons bonbons sans « m » pour le premier « bon » de bonbons!
Hmm j’te suis pas… essplique siouplait!
habituellement en français y’a un « m » devant un « b » ou un « p ».
D’accord?
Mais si le mot vient du fait que qu’il était dit « C’est bon bon » ça devient un jour « bonbon » et ça ne devient pas « bombon »…
Qu’arrivera-t-il au bon bonbon?
Ahhhh! Bon… bon 😉
Eh ben là, tu viens de me faire sortir mon dictionnaire étymologique (rien) et mon Robert (peu)… puis googler le tout, et voici notre réponse! (Qui pourra servir chaque fois que les enfants diront qu’on ne tient jamais compte des opinions enfantines!)
http://www.pourquois.com/francais/pourquoi-mot-bonbon-ecrit-sans-m-devant-b.html
D’où vient le mot bonbon ? Contrairement à la majorité des mots qui forment la langue française, bonbon n’a pas de racine latine. Il vient de la répétition d’un adjectif (bon). Quand on demande aux enfants : C’est bon ? Ils répondent bon…bon.
Le mot bonbon est donc emprunté au langage des enfants. Les mots qui obéissent à la règle du «m» avant le «b» ont une histoire différente du mot bonbon. Ces mots, comme la plupart des mots français, ont une origine latine.