Potager 2.0: logistique

C’est bien le lapin d’Alice au pays des merveilles qui était toujours en retard? Eh bien c’est parce que je suis ce lapin, toujours en retard, que je ne vous ai pas encore parlé de mon potager 2.0. Très en retard. C’est comme si on n’avait pas vu venir le printemps, comme si je m’étais assoupie pendant les mois d’hiver passés à le concevoir et à le dessiner, ce potager! C’est pourtant faux! C’est simplement que la vie nous a joué quelques tours, que les tâches se sont multipliées, que tout a pris beaucoup plus de temps que prévu…

Alors alors, ce potager 2.0? On oublie le motoculteur et on pense paresse (ou enfin, facilité). Ce que j’ai dessiné maintes fois sur papier avant de tester sur le terrain sa faisabilité (l’idée de base est restée la même mais la disposition a changé devant la vraie de vraie réalité, littéralement sur le terrain!), c’est un jardin en lits de culture surélevés (bois coupé et assemblé par l’Homme, selon mes dessins, mais par ses seuls soins!). Précisément surélevés de 20 pouces (les planches étant apparemment toutes américaines et donc impériales). Avec ces lits, on se penche moins (moins de bobo pour le dos), on peut cultiver de façon très intensive (je ne prétendrai pas atteindre l’intensité maximale cette année), sans perdre d’espace (mes lits mesurent 4 pieds sur 6, ce qui me permet d’en atteindre tous les recoins), et… sans mauvaises herbes! Adieu, chiendent et pissenlits! Ah oui! Pouf, pouf, je vous étouffe! Mais oui! Avec plusieurs couches de papier journal mouillé sur la végétation tondue à même le sol, avant de rajouter la terre. De la terre… exempte de mauvaises herbes, s’entend!

La terre. Fallait la trouver. Oh, on aurait bien pu creuser ici et réutiliser tout mon chiendent et ses vers blancs (allez, la taupe, mange!). J’aurais pu me lancer ainsi dans sa culture intensive. On repassera! Remplir six lits en y vidant des sacs? Ah oui… mais jamais on n’aurait eu fini! Il fallait trouver de la terre en vrac, et pas juste de la terre: du gravier aussi, pour les allées. Ah oui: les lits sont séparés par des allées d’au moins six pieds. Comme ça, je peux y circuler avec une brouette, une pelle, n’importe quoi! Ça nous évitera aussi de rapporter de la boue et de la terre dans la maison, et ça prévient le retour des mauvaises herbes de l’extérieur à l’intérieur des lits surélevés. La recherche de terre et de gravier (enfin, d’un fournisseur pouvant nous vendre les deux et les livrer ici, pour un prix décent) a pris bien du temps… pour se terminer le plus simplement du monde: l’entrepreneur général du village nous a livré les cargaisons, sourire en prime, à un prix plus bas que ceux qu’on avait trouvé ailleurs! (À ce sujet… on s’était dit que la terre était plus précieuse, aussi on a posé par terre une bache avant la livraison. Mais c’est sous le gravier qu’on aurait dû mettre la bache! La terre, au pire, engraisse notre sol. Le gravier, lui… il faudra l’enlever, et ça sera long.)

L’espace était choisi et réservé sur le terrain, mesuré, tout. Et deux tas énormes, terre et gravier, attendaient tout près. Armés de pelles et de brouettes, l’Homme et sa douce estropiée se sont mis en tête de s’offrir un jardin. En une journée complète de travail, j’ai réussi à installer les journaux dans les six lits et à en couvrir le pourtour de terre pour ne pas que le papier puisse sécher et s’envoler. L’Homme a rempli deux lits et rajouté un fond de terre aux quatre autres. Voilà, on s’est dit: d’ici octobre, on aura peut-être fini…

Hé! On ne passe pas un an à la campagne sans en tirer quelques leçons, tout de même! Et la leçon du jour, qu’il fallait garder en tête pour avoir un potager, c’est que savoir se débrouiller, c’est savoir demander de l’aide! Aussitôt demandée, l’aide est arrivée, et en quelques heures j’avais un potager où jardiner! C’était… un début pour le potager 2.0! Je vous en reparlerai, car j’ai quelques autres surprises… un septième lit, d’abord, dix-huits bacs bleus ensuite, et quelques autres trouvailles…

Toutes les photos du potager 2.0 vont se retrouver ici.