Gouache

J’ai une relation complexe avec les fournitures d’art. Je les aime à la folie, mais en même temps, il est clair que quand j’étais petite, j’ai trop bien compris la leçon C’est cher, c’est fragile, c’est en quantité limitée. C’est pas des blagues: j’ai encore ma toute première boîte de pastels à l’huile (et de fusain, et…). Or j’adore les pastels à l’huile. Je les ai toujours aimés. Mais je me suis contenue, retenue. C’est un peu triste au fond. Au lieu de m’éclater en arts, je suis restée sur ma faim… par peur d’en manquer. Pas surprenant, donc, que l’envers de cette médaille soit… une grande accumulation de fournitures d’art et de bricolage. Trois bibliothèques pleines. De tout, des étampes aux billes, en passant par les boules en styromousse et des tonnes de crayons.
Pas surprenant non plus que quand ma fille veut faire de la peinture, c’est moi qu’elle vient voir… et c’est rare que je dise non. D’ailleurs non seulement je dis oui, mais je lui offre différents outils (bâtons, pinceaux, rouleaux, éponges, j’en AI!), je l’encourage à utiliser ses doigts (non mais… l’été passé elle ne voulait PAS!), et je change de page souvent pour faire sécher ses oeuvres à plat un peu partout (dommage par contre que les couleurs de la gouache deviennent plus fades en séchant). Je lui donne les splotchs de couleurs qu’elle veut. Je peins aussi parfois. Je la laisse salir ses vêtements (ça se lave super bien et je fais tremper tout de suite) et faire une Jackson Pollock d’elle-même (comme en témoigne maintenant le fond d’une des bibliothèques…). Tout ça pour en faire une artiste? Bah… non. Mais pour laisser libre cours à sa créativité (elle en fera bien ce qu’elle voudra). Pour ne pas mettre de barrière devant ses expérimentations. Mais surtout, surtout? Pour voir ce sourire-là!