Une autre, deuxième, seconde, dernière (je crois bien) histoire d’accouchement… Mon fils grandit (bien trop vite) et je me rends compte que j’ai peu parlé de sa naissance alors que j’ai raconté celle de sa grande soeur. Ça s’est passé telllllement vite, aussi… Bon, reprenons du début.
Cette fois-ci, j’ai eu des avertissements et une certaine latence. Dans la nuit du mardi au mercredi, quelques petites contractions, le genre à me réveiller avec des questions mais à ne pas m’empêcher de me rendormir. Bon ben… dormons, que je me suis dit. J’étais à 41 semaines de grossesse, exactement comme pour ma miss. Quand les chats se sont mis à faire du vacarme (après avoir passé la nuit à nous marcher dessus sans arrêt… et les chiens aussi étaient agités, tiens tiens!) et ont réveillé l’Homme, il s’est mis à grogner… mais je lui ai dit de plutôt se lever pour faire du café, parce qu’on devait partir pour la maison de naissance. Ça réveille un Homme, ça!
Oui, encore un accouchement PAS à la maison. Parce que les sages-femmes ont refusé ma demande: ma maison est juste trop loin de la leur, misère (là on fait un effort comme société, bâtard, pis on ouvre des maisons de naissance partout pour que ma fille ne vive pas ce refus-là quand son tour viendra!). On était le 30 décembre, il devait être 9h, et il y avait de la neige au sol seulement depuis la veille. Il neigeait un peu encore d’ailleurs. Mon Homme a réveillé le Grand Coco, qui allait nous suivre dans sa voiture. Et on a habillé la Puce, qui venait aussi (jamais elle n’avait changé d’idée: elle voulait être là pour la naissance de Tibibi). Finalement, entre le café, la minivan à remplir de bagages et le reste, il a fallu plus d’une heure pour partir (misère). Or moi j’avais des contractions aux 5 minutes… puis 4… puis 3… sans arrêt. Sans aucun arrêt!
Le trajet, je l’ai fait les yeux fermés, contraction après contraction, dans un silence complet de ma fille (oui, incroyable, mais la pauvre n’aimait pas trop entendre maman gémir, préparation mentale ou pas). À l’extérieur du véhicule, la tempête. Une fois à la maison de naissance, l’Homme est allé frapper. Les sages-femmes (Annie et Marie, qui sera diplômée en mai) sont sorties et je l’ai su quand j’ai entendu Annie me parler: elle avait ouvert ma portière et allait m’aider à entrer et monter. Oups, porte reverrouillée derrière elles! Haha, bienvenue dans ma réalité! Pépin vite réglé. J’arrive dans la chambre choisie: la Boisée, comme pour ma fille. Mon bain chaud m’attendait (ah voilà ce que c’est qu’un suivi sage-femme!). Il était environ 11h30… et j’allais avoir mon bébé dans les bras 1h15 plus tard, mais ça, je ne le savais pas.
C’est là que ça devient plus flou pour moi (et le bébé s’est mis à pousser dès que je suis entrée dans la baignoire… où sa soeur était née 4 ans plus tôt). Où était l’Homme? (Dans la chambre tout proche de moi, mais encore cette fois il n’a pas pu me toucher ni me parler: je n’avais besoin de personne qui le fasse, et je n’avais pas la possibilité d’interagir avec quelqu’un d’autre que le bébé à naître, qui prenait toute la place dans ma réalité.) Où étaient ma fille et son frère? (Dans le salon, à deux portes de moi.) Aucune idée. Il ne restait plus dans l’Univers que le bébé faisant son chemin et moi. J’avais demandé qu’on me parle le moins possible, et c’est ce qui s’est produit. Parfois seulement j’entendais Annie faire des sons plus graves que les miens, et je comprenais tout de suite et, surtout, sans un mot: il fallait me recentrer (les sons graves aident à passer à travers, alors que les sons aigus sortent quand on perd le centre pour frôler davantage la douleur et la peur). Pas compliqué. Là où ça devenait plus dur, c’est que je n’avais pas ce moment entre chaque contraction, comme avec ma Puce, pour planer, ce moment où les endorphines prennent le dessus et permettent à maman et bébé de prendre du repos pour mieux recommencer. Les contractions se suivaient plutôt sans plus d’interruption (aux 30 secondes par moments!). Pas le moyen de me faire une bulle. Au lieu d’un trip de hippie, un match de boxe pour la mère. (Ah mais après j’avais encore de l’énergie!)
J’ai touché l’arrière de sa tête. Ses doux cheveux dans l’eau. Sa tête est sortie: ouf, je n’ai pas eu le (mauvais) réflexe de me relever hors de l’eau comme avec la Puce (la sage-femme m’avait repoussée vers le bas). Annie m’a dit qu’à la prochaine contraction j’allais prendre mon bébé entre mes jambes et l’amener sur ma poitrine. J’ai répondu peut-être. Et je l’ai fait, c’est tout. Et c’était déjà fini, et j’avais mon bébé sur la poitrine. Un peu plus de huit livres de bébé mouillé, qui a pleuré aussitôt (naissance d’un bébé vigoureux, que dit mon rapport d’accouchement). Je l’ai écouté, serré, caressé… et j’ai demandé qu’on aille chercher Anne-Gaïa et Thomas. Bébé avait trois minutes. Il était né après moins de quatre heures de contractions et il était déjà bien entouré. Dehors, la neige tombait doucement et c’était un magnifique après-midi.
Il avait presque 15 minutes quand je l’ai bougé et que j’ai constaté que j’avais eu un fils, pas une deuxième fille. Un peu plus tard je suis allée dans le grand lit, avec le bébé, sa soeur, son père et son frère. Je n’avais qu’une éraflure minime, et les sages-femmes nous ont laissé en famille (longtemps, longtemps: c’était parfait!), les aides natales nous apportant un plateau de fruits (yogourt, biscuits…). Ce n’est que plus tard que nous avons, ensemble, examiné, pesé (comment ça, plus de 8 livres? eh ben!) et mesuré garçon (3 cm de plus que sa soeur). Toujours sans avoir son nom. Puis le Grand Coco a fini par partir (mais pas sans nous avoir demandé si nous avions pensé au nom Marc-Henri) et nous avons dormi, mais la nuit a été complexe: ma Puce prenait beaucoup de place et une femme est arrivée dans une autre chambre au milieu de la nuit. Accouchement intense, pleurs de bébé, arrivée des ambulanciers (on n’a jamais su pourquoi et ça ne nous regarde pas), départ de tous… nous (les adultes) avons peu dormi et mal. Le lendemain matin, la Puce et moi nous sommes levées. Nous avons mangé, nous avons écouté des cassettes vidéo (oui oui oui le VHS existe encore!) et les Hommes, mon Homme et mon miniHomme tout neuf, ont dormi.
Et après une journée peinarde à jaser avec les aides natales et à câliner notre nouveau bébé, nous sommes revenus chez nous. Pendant que vous fêtiez le réveillon, moi je berçais mon nouveau poupon. Lui qui, après quelques jours de réflexion, a bien pris le prénom trouvé par son grand frère: Marc-Henri. Ah mais ce nom n’est pas un choix au hasard, non! C’est plutôt le prénom de mon deuxième papa. Celui d’un homme doux et bon, qui nous aime et nous le montre à sa façon. Le genre de papa qui arrive sans avertir avec des cordes de bois pour nos hivers. Une personne qui aime les animaux et dont la générosité et le calme sont sans égal. Alors mon petit loup? Il part bien dans la vie. Il a comme prénoms non usuels Georges, le nom de mon bien-aimé grand-père maternel (le mari d’Aimée, qui a donné un de ses prénoms à ma fille), mais aussi (sans s) celui du père de l’Homme, et André, du nom du conjoint de ma mère. Et ma fille, officieusement, en a ajouté un dernier: Miel. (Moi? Moi je l’appelle mon Petit Loup.)
Contente de lire ce recit. Je pleure et je ris, et je te jalouse aussi. C’est beau, c’est douillet. C’est grandiose. Bravo pour ta belle âme, ton courage, ton authenticité ( c’est galvaudé ce terme là, mais y’a pas grand monde à qui ça colle mieux qu’à toi)
Ha, douillet, c’est pas ce que je trouvais *pendant*! Moi qui rêvais d’un accouchement tout doux… j’ai eu un ptit gars qui était prêt et voulait voir le monde. Un amour de ptit gars.
J’ai de la misère à digérer les compliments (ça t’étonne, hein…), mais celui-là me touche beaucoup. Alors je vais le digérer à petite dose, lentement, pour savourer.
Oh que j’avais hâte de lire ton récit!
Que c’est beau. 🙂
(Et je te lis pendant que mon bébé garçon à moi me travaille fort dans le très bas ventre… Fausse alerte la nuit dernière, on espère que la prochaine sera la bonne!)
Seule presque fausse alerte pour moi, le 15 décembre… mais juste assez pour que j’appelle ma sage-femme, puis ça a passé. Là ma toi, là, faudrait que tu commences à envoyer des signaux de fumée chaque jour. Comme ça, le jour où y en n’aura pas, on saura qu’Hadrien est là!