Le 16 mai a marqué le 8e anniversaire de notre déménagement à la campagne. Et cette année (je n’ose parler de printemps: il fait encore 10 degrés la nuit! Qu’est-ce qui se passe ici? [merci de ne pas répondre à cette question, c’est beau, j’en sais déjà trop…], je sème et plante mon 9e potager ici (qui s’avère être plusieurs potagers, mais bon, hein, un jour ils seront réunis en un seul, ne nous leurrons pas!). Eh bien! J’ai fini par tirer plusieurs leçons. Je ne vous les présente pas comme des exemples à suivre (en général je n’en suis pas un, non, oh que non…), juste comme des constats que j’ai fini par accepter (parfois malgré moi, en rouspétant pas juste un peu, crrrrroyez-moi…).
J’ai appris… que l’asclépiade décide où elle pousse. Brisez la tige et elle se multipliera pour mieux revenir… Ici, elle est dans un des lits de culture. Rien à faire que l’accepter (ailleurs, on l’adore; au potager je vis avec).
J’ai appris que quand mon amie m’offre des semences et que je lui réponds que «ah oui super j’en ai peu», comme pour du myosotis… je me trompe parfois…
J’ai appris que le panais et le salsifis donnent, la deuxième année, de magnifiques plantes! Alors aussi bien ne pas trop s’énerver au moment de la récolte. Les oublis deviendront des semences. Et des fleurs!
J’ai appris que la bourrache se re-sème et que si on lui trouve un bon endroit (comme au milieu d’un lit carré bien trop grand), elle sera heuseuse et moi aussi:
J’ai appris qu’une carotte oublié fera… ses semences l’année suivante! Alors pour ça aussi, pas de panique côté récolte.
J’ai appris que des violas qui se re-sèment partout, c’est… parfait. J’ai accepté de faire onduler mes rangs de pois sucrés pour accommoder les viola, et décidé que je pouvais prendre des photos de mon jardin et le smontrer même s’il n’est pas encore bien désherbé (allo le chiendent!).
J’ai appris que la rotation des cultures, c’est bien beau, mais… Certaines plantes se re-sèment parce que je ne fais jamais-au-grand-jamais de ménage des plants en fin de saison. Alors j’ai des laitues surprise!
J’ai appris que les patates bleues qui ont permis la survie de la Côte-Nord font… des feuilles foncées! Et qu’après 8 ans de potager j’oserais les pommes de terre en plein potager! Oui même si ça attire les doryphores. J’ai adopté Carol Deppe comme mentor par livres interposés, et elle, quand elle voit un insecte sur ses plants, savez-vous ce qu’elle fait? Rien. Elle note, elle décide de changer certaines façons de faire l’année suivante, et c’est tout. Et elle a bien raison: on n’est pas en situation de vie ou de mort. Même si tout le potager se faisait dévorer cet été, on mangerait quand même, faut pas l’oublier. Et faut se calmer. En tout cas moi je dois me calmer!
J’ai appris que pour tout ce qui est vivace, des fraises aux arbres, il vaut mieux supprimer les floraisons des premières années (pour favoriser l’établissemenet, les racines).
Mais regardez-moi ce cerisier en fin de floraison et dites-moi que vous auriez le coeur, vous…
J’ai appris qu’il y a plein de légumes anciens qu’on connaît mal, comme ici: le chervis.
J’ai appris que j’ai même du myosotis blanc!
J’ai appris que les asperges que «personne» ne part de semences, et qu’on doit supposément replanter plus creux après un an ou deux…
Donneront pourtant en quatre ans… de belles asperges… produisant leurs propres rejetons!
J’ai appris que parfois, y faut persévérer. Comme ici, avec des épinards. Même si je n’ai jamais réussi à manger mes propres épinards (je sème trop tard), même si je pensais que je n’avais plus de semences. Quand on trouve le sachet… aussi bien l’utiliser (ça, c’est une leçon qui s’intègre cette année!).
Mais j’ai aussi appris que parfois, faut pas s’entêter: aller à la jardinerie, c’est permis! Haha, je n’ai jamais retrouvé mes semences de persils que j’étais persuadée avoir gardées l’an dernier (j’ai des plants de persil plat et frisé qui vont faire des semences cette année, je pensais en avoir eu aussi l’an passé… oups!). Et j’ai abdiqué en allant droit à la jardinerie en acheter. En prime je me suis procuré de la marjolaine (j’en ai jamais mangé mais ça sentait bon!) et du thym grandes feuilles (malheureusement une annuelle, mais je ne la connaissais pas, celle-là!).
J’ai appris qu’il vaut parfois mieux penser rond dans un carré… ou l’inverse. Ci-dessous, c’est le rond de maïs et de haricots de cette année. Cinq espaces pour le maïs, les quadrants et le centre, qui ont reçu et recevront 3 variétés de maïs, du sucré semé sur quatre semaines pour en profiter mieux en récoltant sur quatre semaines, du bicolore au centre quand j’ai vu que j’avais de la place, et du maïs Flor del Rio à éclater aux bouts de mes rangées/rayons, donc tout le tour du cercle. Et 2 variétés de haricots jaunes et 2 de verts sur les treillis. On verra ce qui germera et grandira!
J’ai appris que l’origan, c’est mon ami (le 1er juin, il dépasse son bac d’un bon 30 cm, hourra!). Et les lupins, qui poussent partout, aussi. D’ici deux, trois semaines, tout mon terrain sera une lupinerie en folie. Déjà le rhododendron ouvre une fleur ou deux.
Alors pourquoi ne pas en avoir du doré aussi (merci Chantal)? Ben oui y a là des pissenlits. Quand j’aurai le temps, je les enlèverai et j’irai les donner aux poules, qui sont très heureuses de recevoir dans leur volière des bacs pleins de résidus de désherbage. Elles en font le tri et le ménage!
Et j’ai appris aussi que les oignons, sous toutes leurs formes, sont mes amis aussi. Ici, échalotes dites françaises. J’ai aussi de la ciboule, autre vivace.
Ici, des oignons oubliés, et donc dédoublés, qui partent en semences à côté des oeillets (dianthus) qu’on vend comme annuelles… ceux-ci doivent bien avoir 5 ou 6 ans!
Et ici, pour ceux qui savent voir à travers le chiendent (car là je n’ai encore mis aucun effort cette année), un ruisseau d’ail 2015 oublié, en train de se multiplier à l’infini! Et c’est volontaire; je vais le désherber et cueillir ses fleurettes, mais ne pas récolter les bulbes. Pas cette année. Je le laisse aller, pour qu’il remplisse tout l’espace. Parce que pourquoi pas, baon. C’est bien beau les experts, les sites, les livres, mais y faut faire nos propres expériences. D’ailleurs il y a dans ce ruisseau deux plants de Livingstone daisy, annuelles, qui… reviennent depuis 3 ans. Ah sans fleurir mais c’est quand même fichtrement intriguant.
J’ai appris plein d’autres choses encore. Que mon Homme est fort de toutes les façons possibles. Que c’est fort, la vie. Que je suis choyée d’avoir choisi un terrain aussi ensoleillé. Que tout ça n’est qu’un début, mais qu’en même temps j’apprends à voir et à penser à plus long terme, à avoir une patience et une vision plus sereines.
Est-ce que je vous l’ai dit? J’ai une nouvelle devise, un peu pour rire, un peu par bravade et un peu pour vrai. La voici: J’ai peur de rien. En soi c’est très faux, et pourtant. J’ai une quinzaine de rhubarbes, moi, monsieur, dont presque toutes ont été parties de semences (parce que personne ne fait ça), et je viens de mettre en terre bien plus de graines encore. J’ose. J’OSE. Sans peur ou presque. Comme cette année j’ai osé semer des milliers de graines de fleurs, des dizaines de ricins, des centaines de tournesols. Comme j’ose re-semer mes semis intérieurs qui n’ont pas fonctionné (piments Gorria et cerises de terre), même s’il est fichtrement tard, en juin, pour n’avoir que des cotylédons sur des plants dont on espère manger le fruit. Parce que… je risque bien peu. Mon effort? Allons donc. On s’en fiche de mon effort. En jardinage, du temps perdu, ça n’existe pas: c’est de l’apprentissage. Et une semence non semée, c’est la vie qui attend. Aussi bien lui donner sa chance. Cet automne j’en cueillerai d’autres, à la folie.
Ce billet, c’est toujours mon préféré de l’année. Et t’as beaucoup de myosotis. Et il est beau l’origan doré, hein!
Ce billet-ci s’est écrit entre mon appareil photo et mon cerveau 😉
Oui, beaucoup, mais à ce seul endroit; et ça venait d’un paquet de graines mélangées annuelles et vivaces pour un pré fleuri, semé y a 3-4 ans, donc chaque année ça évolue et change, dans ce lit bas qui est une de mes haies de potager.
Il est magnifique, l’origan doré. Et cette année… goûtons-y! 😛
Évidemment on va laisser le myosotis se re-semer… et peut-être semer ailleurs ses graines! 🙂
inquiète-toi pas pour le myosotis, il est assez baladeur. et j’y ai goûté, à l’origan, il est bon.