En arrivant ici, j’avais des idées de grandeur. Bon, d’abord, deux urbains qui débarquent, ça fait mauvais genre. Au sens où je sais bien que les ruraux bien implantés se demandent qui nous sommes et, surtout… combien de temps nous allons rester. Quoi de mieux pour rassurer tout le monde et faire bonne impresison que de fleurir l’entrée, enfin, ce qu’on voit de la route? C’est bien ce que je me suis dit! Allons-y avec de grands bacs fleuris près de la route. Résultat? Les grands bacs, devant notre entrée, perdaient leurs proportions pour devenir insignifiants. Ajoutons-en. Il y en a maintenant trois de chaque côté, et je me dis qu’en en ajoutant autant au cours des prochaines années, ça finira par avoir de la gueule. Ensuite, l’allée qui mène au stationnement, à la grange et au côté de la maison (notre maison est du genre mystérieuse: elle montre bien ses trois portes, mais vous laisse deviner par laquelle passer… ce qui sera réglé… une autre fois!). Elle avait bien de nombreuses hémérocalles, mais c’est tout (enfin non, ce n’est pas tout du tout, mais le reste est sauvage et je ne savais pas qu’il pousserait!), et d’un seul côté. J’ai réfléchi… et je me suis souvenue que mes parents, à leurs débuts ici, avaient planté un grand champ de tournesols (Helianthus annus, sunflower). J’étais trop jeune pour m’en rappeler, sauf que ma mère et moi avons à ce sujet une histoire familiale élimée d’avoir été trop racontée. J’avais à peine plus d’un an, et ma mère voulait me prendre en photo tenant un tournesol. Allez savoir pourquoi, je ne voulais pas. Pas… du tout. Le résultat, nous l’avons: une photo de petite fille qui tient un tournesol en pleurant comme si la fleur était chauffée à blanc. Ah oui, j’avais la fibre martyre.
Comme clin d’oeil à ma première arrivée en ce coin de pays, j’ai donc décidé que des tournesols nous planterions. Vous vous souvenez du rotoculteur? Il a servi à l’homme pour me préparer deux longues allées, une de chaque côté, où planter quelques semences. Quelques, ai-je dit? Hmm. Optons pour l’honnêteté. J’ai planté en les mélangeant mais une à une plusieurs centaines de graines (bonjour le mal de dos). Le contenu de deux sachets de ‘Paquito‘, d’un ‘Autumn beauty‘, de deux ‘Italian white‘, de deux ‘Earthwalker‘, d’un ‘Taiyo‘, d’un ‘Evening sun‘, de deux ‘Velvet Queen‘, de six ‘Lemon Queen‘ (de deux producteurs différents!) et de quatre tout bêtes tournesols à grosses graines. Pour faire bonne mesure, j’ai aussi saupoudré le contenu d’une boîte de semences de fleurs pour attirer les papillons. Et puis… j’ai attendu. En tentant de ne pas trop m’inquiéter des corneilles et autres oiseaux non identifiés qui semblaient pique-niquer dans ma plate-bande. Patience. Plantules, tiges, tiges, tiges… ah, enfin, les boutons floraux! Puis attente, attente…
Il y avait déjà plusieurs semaines que je voyais, en passant devant les maisons du coin, que beaucoup arboraient de magnifiques tournesols bien plus haut que moi, grand ouverts et tout joyeux. Chez nous, des boutons… Au moment de partir pour El Hal, je me suis dit ça y est, les maudits tournesols vont tous ouvrir pour le gardien de notre ménagerie, et pas pour moi! Et j’avais un peu raison. Quatre ont ouvert sans moi. Mais depuis, j’ai le grand bonheur d’en voir un nouveau ouvrir et se joindre aux autres chaque jour (celui d’hier est jaune très pâle, celui de ce matin rouge très foncé!). L’effet en rangée est trop peu fourni, mais hé oh, je débute, moi! Et bien sûr, ce sont des annuelles, alors il s’agissait surtout d’un essai, relativement peu coûteux, qui de toute façon aura contribué à améliorer le sol par trop compacté. Et de toute façon, l’effet visuel, c’est sur mon visage que vous le trouverez: quelle joie de voir ces grandes fleurs (et certaines petites aussi! Et les fleurs sauvages qui sortent enfin comme d’on ne sait où!) révéler leur beauté et leurs couleurs!
Vous savez comme moi que les oiseaux et les humains aiment les graines de tournesol (mon école primaire les avait même bannies, le directeur s’étant fatigué de nager dans les écales qui s’accumulaient séiruesement dans la cour) . J’ai récemment appris que si, à la venue de l’hiver, les graines n’ont pas encore été mangées, on peut tout simplement couper les têtes fleuries et les accrocher à des arbres ou à des poteaux. Les oiseaux poursuivront leur festin. Et si les graines se sont envolées? Le coeur de la fleur, séché, devient un excellent tampon à récurer! Oui, à usage unique… mais sans détergent, il peut ensuite être jeté au compost! Pratique!
Je suis sûre qu’en fouinant ici et là je pourrais vous répéter mille renseignements utiles et fascinants sur les tournesols… mais désolée, je m’en vais plutôt de ce pas les admirer! Bonne fin de semaine!
Merci pour les conseils, j’en planterai peut-être l’an prochain pour avoir des graines à donner aux oiseaux!
Au fait, ton histoire d’enfant martyr m’intrigue… Pourrait-on voir une photo un de ces quatre?
La fameuse photo, comme de nombreuses photos de mon enfance, est en format diapositive. Malheureusement, je n’ai pas de projecteur (j’en rêve, mais pas au point de faire un achat coûteux!), et je ne l’ai pas encore numérisée. Tiens, un beau projet pour l’hiver: emprunter à ma mère toutes les petites boîtes de diapos…! Il y a là-dedans quelques trésors familiaux. Faut rappeler aux plus jeunes, bien sûr, que dans « mon temps » (oh boy…), les enfances n’étaient pas photographiées à tout moment de tous côtés! On remonte une autre génération en arrière, et ma mère a très, très peu de photos de son enfance. Elles sont jaunies en noir et blanc, égratignées, un peu floues. Les miennes sont meilleures, mais non moins précieuses!
Oui, je comprends, c’est un peu comme mes parents. Bien que je sois encore relativement jeune, il y a un très grand écart entre mes parents et moi, qui m’ont eu très tard. À l’école, on se moquait d’ailleurs un peu de moi avec mes parents qui avaient le même âge (ou presque) que les grand-parents de mes camarades de classe…
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