Je me sens misanthrope ces jours-ci. Heureusement, y a pas que les gens. Et je peux tout éteindre, sans que l’actualité me suive sur le terrain. Je sais que je suis férocement d’une autre époque, mais… je ne m’en excuse pas. J’ai découvert hier que pour la recherche « living without a mobile device » («vivre sans appareil mobile»), Google ne trouve que trois résultats, trois. Tant pis. Je retourne sur mon terrain et je constate que les gels au sol ne tuent pas toutes les fleurs. Celles de mes hostas à floraison tardive n’ont même pas bronché.
Mais ce sont surtout les cosmos qui m’ont soulagée: j’ai cru que j’allais perdre des tonnes de semences (que je ramasse maladivement), car avec l’été qu’on a eu mes milliers de semis n’ont fleuri que depuis un mois, et si ces fleurs avaient disparu, un peu de ma joie se serait endormie avec elles. Maintenant j’ai espoir de ramasser assez de leurs semences pour en avoir au moins autant l’été prochain.
Ci-dessus, elles ont souffert un brin, oui: elles sont dans une vieille baignoire où il a dû faire frisquet. Elles protégeaient deux sortes de concombres cette année et y attiraient les pollinisatrices. Et elles ont bien joué leur rôle. Ci-dessous, en bouquet à l’extrémité de mon deuxième potager, pas le moindre dommage: ouf!
Et en haie, entre les orpins, elles sont encore belles sous ce soleil qui est sans contredit automnal.
C’est une chance, car bourdons et abeilles sont encore bien là, et ont besoin qu’il reste quelques floraisons.
La semaine dernière en pleine canicule, des bernaches sont passées par milliers au-dessus de nos têtes. Même qu’une belle envolée est passée très bas, juste au-dessus de nous. Je les remerciais de se montrer d’aussi près. Je me suis retournée, et j’ai vu ma fille et mon fils, dansant nus en les aplaudissant. Ahhh! Ma misanthropie ne concerne pas ces êtres magnifiques qui partagent mon quotidien… et mes passions. (Depuis, j’ai un joli garçon qui aplaudit et rit au moindre bruit d’outarde, youpi!)
Par hasard ou par instinct, cet été je n’avais rien au potager qui aurait exigé une très longue ou une très chaude saison. J’ai plutôt beaucoup misé sur les courges, et j’ai bien fait. Je vous en reparlerai.
Je vois souvent dans les magazines et livres récents sur l’horticulture et l’aménagement paysager de belles graminées. Pauvres humains. Suffit de laisser aller la nature, de se retenir pour moins intervenir. Elles poussent toutes seules, les graminées. Voilà une chose que nous avons apprise ici: laisser aller, laisser pousser, et plutôt changer notre point de vue d’humain stupide qui aimerait tout contrôler pour que… que quoi, que la nature ait l’air plus propre? Plus belle? C’est de la folie.
Au bout de ces pieds, mes pattes. Et dans ces pattes, un problème réglé. Et même si c’est plate à dire, vive le système de santé… privé. M’enfin, j’aurais mieux aimé que ça ne me coûte rien, mais en même temps… ne pas être traitée aussi mal qu’on peut traiter du bétail, ça a quand même ses avantages (de nombreux avantages…). Au lieu d’une procédure archaïque avec anesthésie générale et hospitalisation, j’ai eu la fine pointe ambulatoire et la convalescence devrait être somme toute facile. Comme dirait l’autre, jusqu’ici tout va bien…
Les changements de saison, dans ma tête, c’est un ménage et un réaménagement. Dans ma tête parce que dans mes yeux et sous mes pieds. J’ai bien des choses à dire qui mijotent, entre autres sur l’état de campagnarde. Mais vivre au creu de la nature, ça, je ne regrette pas. J’avais toujours eu ce manque, cette carence, depuis mon déracinement. C’est bien, parfois, quand on croit quelque chose pendant presque 30 ans, de confirmer qu’on ne s’était jamais trompé.
Je ne pourrais plus vivre comme avant. Sans ciel.