Voici une autre plante que tout le monde a déjà vu, que mon anglo d’Homme peut nommer spontanément, ce que les francophones ne feront généralement pas, à moin de l’appeler petits-cochons ou cochon de lait: l’asclépiade (Asclepias syriaca, milkweed). Vous regardez la photo, vous vous dites que mais non, jamais vous n’avez vu ça. Vous vous trompez, regardez! Eh oui, quand, une fois sèche, elle laisse échapper ses semences soyeuses, on la reconnaît! Sa tige contient un liquide blanc et collant, qui contient du latex. Les sortes de coquilles qui laissent s’échapper les semences plumeuses sont ses fruits, qui se fendent à maturité, vers la fin de l’été.
L’intérêt visuel de cette plante? Il est grand… et ailé! C’est que les larves du monarque (Danaus plexippus, monarch butterfly) ne se nourrissent que d’elle!
Contrairement à la plupart des larves de papillons, qui sont colorées pour se mélanger à leur milieu, la larve du monarque est de couleur vive. L’apparence remarquable des monarques sert de signal pour annoncer aux prédateurs potentiels que les monarques sont vénéneux. Ils sont ainsi parce qu’ils se nourrissent des sécrétions vénéneuses de l’asclépiade sur laquelle ils éclosent. Tout animal qui consomme un monarque adulte ou un monarque au stade de la chenille deviendra probablement malade et souffrira de vomissements graves. (Source)
Pour cultiver l’asclépîade, il faut recueillir les semences à l’automne et en enlever les soies avant de semer le tout (le même automne) en couvrant très légèrement de terreau. Pourquoi la cultiver, puisque c’est une autre mauvaise herbe? Pour les monarques sans doute, mais… J’ai eu toute une surprise, et je serais heureuse de tenter l’expérience. Dans le magazine Fleurs, plantes et jardins de décembre 2006 et janvier 2007, Isabelle Dupras, pépiniériste, donne une recette de sirop de fleur! La plante entière peut être mangée (on blanchit deux fois pour se débarrasser de l’amertume) et a, paraît-il, une saveur qui ressemble à celle de l’asperge (mioum) ou du brocoli (bof…). Notre pépîniériste cite Mélinda Wilson, auteure de Fleurs comestibles — du jardin à la table et sa recette:
Cueillir un litre de fleurs d’asclépiades bien ouvertes, puis les découper finement aux ciseaux et les rincer. Mettre les fleurs dans une étamine (un coton à fromage), sans trop les tasser. Attacher l’étamine de manière à former une pochette. Dans une casserole, mélanger un litre d’eau et 500 ml de sucre et porter à ébullition. Ajouter la pochette contenant les fleurs et réduire le feu. Cuire jusqu’à ce que le liquide soit réduit de moitié. Retirer du feu et laisser tiédir. Mettre l’étamine dans une passoire déposée sur la casserole. Laisser le liquide s’égoutter dans la casserole. Verser le sirop dans une bouteille et mettre au réfrigérateur de 2 à 3 semaines. Utiliser le sirop pour aromatiser de la limonade ou du thé glacé, ou napper un gâteau ou de la crème glacée.
L’article mentionne également que l’asclépiade a déjà été utilisée pour le rembourrage et comme ouate. Aux États-Unis de nos jours, elle est utilisée avec le splumes pour rembourrer des oreillers. Mieux encore: ses soies flottent six fois plus que le liège et ont été utilisées dans des vestes de sauvetage. Elles isolent aussi cinq fois mieux que la laine. Côté cuisine, les jeunes gousses peuvent aussi être mangées! Fascinant!
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