Je vous ai dit que je suis malade. Ça ne s’améliore pas trop et je crois que ça ressemble à s’y méprendre à une amygdalite. Une amygdalite qui ne part pas, c’est pas compliqué: devant le médecin, (vous dites que vous ne savez pas ce que vous avez même si vous le savez pertinnement, car les médecins détestent qu’on en sache autant qu’eux et si je trouvais une exception à cette règle, je lui serais fidèle à jamais) vous dites aaaaaah, il gribouille quelque chose (vous lui demandez ce que c’est car le pharmacien vous le demandera devant le gribouillis), vous passez à la pharmacie chercher des antibibis, et en deux jours vous commencez à aller mieux. Simple, rapide, efficace. Sauf que.
Sauf que bienvenue en région. Ah oui, bienvenue. À ce que je sache, je paie autant d’impôt que les urbains. Ah oui. Pour obtenir la même chose? Vous voulez rire! Je viens de passer pas mal de temps au téléphone (le Web est inutile pour les services locaux, sauf pour trouver… un numéro de téléphone) à essayer de décortiquer la chose avec des dames plus ou moins sympathiques (lire: qui devraient plus ou moins avoir un contact avec une quelconque clientèle) pour comprendre la situation. La voici. Je peux aller à l’urgence du CSSS d’une petite ville… si je peux la trouver (l’urgence du CSSS, car la ville en question n’a même plus d’hôpital (!) a déménagé et tout ce que j’en sais c’est qu’une pancarte quelque part porte une adresses sans plan ni indication…), et attraper ma mort dans la salle d’attente (je devrais en ressortir d’ici Noël). (En pleine période de panique liée à la grippe, vous comprendrez que je trouverais stupide d’accaparer une place en salle d’attente à l’urgence pour un petit bobo comme le mien, même s’il traîne.) Je peux aller à la seule clinique sans rendez-vous du coin, à trente minutes de chez moi, mais le service n’est offert que pour un nombre limité de patients, et uniquement deux après-midi par semaine (prochaine ouverture, mardi prochain). Je peux payer et devenir membre d’une coop de services médicaux à vingt-cinq minutes d’ici et obtenir un rendez-vous dans deux semaines. À ce moment-là, l’infection sera rendue dans mes orteils et l’urgence sera un choix plus sage. Je peux m’inscrire sur une liste, ailleurs encore, pour avoir un jour (dans plusieurs années) un médecin de famille.
Voilà, c’est tout. Conclusion: vaut mieux me lever à 4 heures du mat pour être à Montréal avant 7 heures, parce que je sais que je serai ressortie de presque n’importe quelle clinique avant midi. Cent cinquante kilomètres, de l’essence et des tonnes d’heures perdues parce qu’un pharmacien ne peut pas prescrire d’antibiotiques et parce que les médecins de famille sont un mythe. Parce que la médecine à deux vitesses en a trois finalement, et que la troisième est réservée aux régions: on l’appelle le neutre, cette vitesse-là. Je suis furieuse. Une chance que je n’ai pas besoin de voir un médecin souvent. Mais ajoutez à tous ces tracas le fait que de façon générale je n’aime pas les médecins (avant d’en voir un je sais généralement ce que j’ai et trois fois sur quatre ils ne font que me prescrire des médicaments dont je n’aurai que les effets secondaires (les anti-inflammatoires ont-ils vraiment une autre fonction?) et qui ne règleront rien, sans parler de leur attitude Jos-connaissant (je me suis fait dire plusieurs fois que la douleur que je décrivais était… impossible! Ben quin, toi!) et leur méprise généralisée pour ce qui n’est pas traitement-par-médicament), et ça me donne le goût de tuer. Ce qui nous mènerait à une pénurie agravée. Montréal, esti. Pour voir un médecin cinq minutes. C’est ridicule. Stupide. Honteux. Et quand je pense que les Montréalais se plaignent! Pfffff.
Hi hi! Bienvenue en campagne ma chère!
Ici on continue à aller à… Laval. C’est plus proche que mourial et c’est là qu’on vivait avant, donc c’est là qu’on a un médecin de famille parce qu’on a eu des enfants…
Oui oui, parce qu’on a eu des enfants. La pédiatre qui a pris notre première fille parmi sa clientèle était dans la même clinique que le gényco qui a fait mes suivit de grossesse. Cette docteure prenait encore des nouveaux patient à ce moment-là et elle privilégiait les membres d’une même famille. Alors nous avons obtenue un médecin de famille et elle a accepté chacun de nos nouveaux enfants pour un total de 6 patients.
Un jour, la première année que je suis revenue rester dans ma région, J’ai eu la mauvaise idée d’aller à la clinique sans rendez-vous de mon village. C’était pour notre 2e fille qui était bébé et très malade. La clinique ouvrait à 8h30. Je me pointe avec les 2 filles (la plus vielle avait 3 ans) à la clinique à 8h33. Ben y’avait plus de place en avant-midi, toutes les places étaient prises. On m’a clairement dit de revenir vers 11h15 pour espérer passer en quelque part dans l’après-midi si j’arrivais assez vite pour obtenir une place. Ben voyons si ça me tente de venir jouer à la loto pour obtenir la chance de rencontrer un médecin pour ma fille qui n’avait même pas un an. Je suis retournée de facto à ma clinique à Laval. J’allais peut-être attendre 3h, mais au moins je verrais un médecin. Moins long même en comptant le trajet en voiture!!! J’ai su par la suite que les gens font la file devant la porte de la clinique du village à partir de 7h le matin parfois. Pathétique.
Cette histoire de file à 7h du matin, je la vivais à Montréal. MAIS j’étais à dix minutes à pied. Et même si les portes ouvraient officiellement à 8h, les réceptionistes les ouvraient à 7h, on attendait au chaud, et à 10h j’étais sûre d’être en route pour chez moi (il m’est même arrivé d’avoir des radios et le résultat et de revoir le médecin, dans la même période de temps).
Tu sais ce qui me fait capoter? Les gens (généralement d’une génération au-dessus) qui ont l’air abasourdis quand je dis que non, je n’ai pas de médecin de famille. Ils tombent des nues! Ils sont sûrs que tout le monde a ça! Lisent pas les journaux, écoutent pas la tivi? « Ouatte de phoque? », comme je demande souvent! J’ai jamais eu ça, moi, un médecin de famille, et j’ai 34 ans! Jamais de jamais!
La solution que je privilégie pour le moment: clinique privée, Montréal ou Laval. Oui c’est des sous, mais c’est une dépense médicale, et je risque d’être mieux servie et moins malheureuse sur place. Mais mettons que cette histoire fait ressortir la gestionnaire en moi, qui voudrait bien connaître tous les faits et régler la situation pour tous une fois pour toute. Me semble que les médecins sont des humains et que parmi les humains, beaucoup souhaitent vivre à la campagne et y travailler. S’Ils ne le font pas, ça doit être que c’est difficile et complexe et qu’ils se trouveraient dans une situation difficile eux-mêmes. Ôtons donc ces obstacles, bordel! Parce que là je suis assez en maudit pour offrir au premier étudiant en médecine que je croise de payer moi-même ses foutues études s’il signe ici et là, et ses initiales au bas de chaque page, etc., mais une fois la résidence finie, il vient s’installer et travailler dans mon village!
Enfer et damnation, dans le temps des coureurs des bois chaque village avait son école et son médecin. Devine quoi? Pu d’école ici non plus. Si je me mets à regretter le temps de l’avant Révolution tranquille, c’est que ça va mal à shop!
Ben voilà. Courriel envoyé ce matin, rendez-vous pris ce matin. Pour lundi, pas d’attente. Suffira d’aller me balader à Laval. (Si lundi j’avais décidé d’aller à l’urgence, j’aurais attendu jusqu’à 16h de toute façon, heure de mon rendez-vous).
Bon lundi alors!
T’en profiteras pour visiter des trucs ou faire provision de ce qui est plus difficile à trouver en campagne parfois 😉
Quand on a rencontré d’autre gens et culture et qu’on revient dans notre région, il y a parfois quelques trucs qu’on aimerait retrouver à l’épicerie mais qu’il n’y a pas moyen d’avoir car il n’y a pas de demande ou le prix n’a pas d’allure.
Moi je profite de mes détours en ville pour m’en procurer 😉
Pour le moment, je m’ennuie des sushis (dès que je vais à Montréal je tiens à en manger) et, pas mal plus douloureux, des baguettes. C’est très rare que je peux trouver une baguette de qualité « Première moisson ». Les boulangeries et épiceries ici semblent croire que ce qui fait la baguette, c’est la forme, alors ça ressemble à une baguette mais… ça goûte le pain blanc très poche! À part ça, pour le moment je trouve pas mal ce que je veux. (Et moi… je profite de l’Homme! C’est lui qui part avec toute une liste chaque fois qu’il va quelque part, haha!)
Moi ce qui me manque le plus c’est les resto marocain, libanais et perse. J’en cuisine à la maison, mais j’aime bien aller sur place pour le déguster et pour l’ambiance.
Sinon, je trouve que les épices en général sont cher ici et souvent pas très frais.
Quand on veut se faire plaisir, mon chum pis moi on va au marché Jean-Talon juste pour l’ambiance, les gens et les odeurs. Les légumes sont secondaire car ici on peut s’en procurer chez les producteurs directement. Suffit de sonner pour savoir s’ils vendent directement au public.
Ah oui, le libanais, j’avoue! Je m’ennuie aussi d’Ambala, mon resto indien favori, mais on ne mangeait là que quelques fois par an, et l’Homme en a déjà rapporté un beau soir. On s’arrange! 🙂
Quand ça me dérangera davantage, je prendrai ça comme une excuse pour acheter d’autres livres de recettes! 🙂
Je m’ennuie de Loblaws aussi. C’est pas trop logique, mais on dirait qu’ici les plus grands formats sont tout petits! Impossible de trouver un gros sac de sucre, juste des 1 kg, par exemple. Ça fait pas beaucoup de fraises en sirop! M’enfin, c’est pas tout mauvais: je me suis remise à faire ma mayo. Pour le reste, je déborde de trucs à faire; c’est quand ça se placera que j’aurai à nouveau des désirs inassouvis.
Ah ben le sucre c’est bizarre cette année…
J’ai toujours réussi à avoir des 4kg pis cette année toutes les épicerie se ramasse avec seulement des sacs de 2 kg. Comme si le 4kg était en rupture de stock chez Lantic!
Il y a anguille sous les cristaux! Un autre scandale mis au jour ici, sur les campagnonades! Pénurie internationale de sucre… ou de sacs de 4kg pour le sucre, du moins! (Tu vas voir, ça va être la une de tous les journaux demain!)
hihi ca va être beau à côté de la grippe en manchette…
Tiens il doit y avoir un lien… Soignez la H1N1 avec 4 kilos de sucre! (Prise orale seulement, svp…)
Bon courage! C’est bien que tu aies obtenu un rendez-vous.
L’autre jour, je me suis présenté à dix heures à la clinique sans rendez-vous pour une conjonctivite. Il y avait vingt personnes devant moi. Le médecin voyait environ deux patients à l’heure. Vers trois heures et demie, je n’avais toujours pas passé. Mais mon problème s’étant atténué, j’ai décidé de laisser faire et de retourner chez moi. J’ignorais alors que mon problème était de nature allergique. Évidemment, la salle d’attente me protégeait du pollen qui flottait à l’extérieur. C’est sûr que ça allait mieux après cinq heures!
Malgré tout, il a fallu que je retourne dans une autre clinique le lendemain. Je suis arrivé à huit heures, soit à l’ouverture de la clinique. Il y avait déjà une vingtaine de personnes devant moi. Snif! J’ai quand même réussi à passer avant onze heures. Je béni le style expéditif de ce médecin…
Mais de quoi me plains-je! Après tout,
j’ai réussi à travailler efficacement pendant sept heures dans les salles d’attente avec mon portable (faut savoir chercher les prises de courant). Tout était à moins de cinq kilomètres de chez moi. Et… ça a guéri tout seul.
Les salles d’attente m’endorment. Sans compter qu’elles enflament mon hyponcondrie et ma mysantropie! Je peux lire 12 heures chez moi, mais dans une salle d’attente après trois heures mon cerveau fait des ballounes. (Ça, et je veux tuer…)
Pour une conjonctivite, j’ai le réflexe pharmacien. Où est-ce qu’on signe pour que les pharamciens puissent nous donner tout plein de trucs qui règlent nos petits pépins? (Ma dernière crainte de conjonctivite est partie toute seule aussi, ouf!)
À moins de 5 kilomètres de chez moi (je le dis par plaisir, pas pour me plaindre, parce que là je l’ai cherché et je le sais!), y a… une coiffeuse, un magasin général, un croque-mort, et… c’est tout! Aucun autre commerce ou service. Ah si, la caserne des pompiers (volontaires — je ne sais pas encore si ça veut dire qu’ils ont plus de moustaches ou moins que les pompiers à salaire).
Côté guérison toute seule… j’ai essayé, j’ai voulu, mais là je suis mal tombée. La fin de semaine est pénible et pourtant je n’ai qu’une seule priorité: repos, dodo, tranquillo. Mais tu vois là je me dis que dans 24 heures je vais être en route vers la clinique, et ça suffit pour me ternir le moral hors de… du mucus. (ouache).
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