S’il y avait des olympiades du paradoxe, je soumettrais ma candidature (ou pas, évidemment!). Aujourd’hui, l’épreuve mise en vedette est la cueillette d’aliments sauvages. La première concurrente, appelons-la La Campagnarde, est prête à tout pour manger gratos. Enwèye la salade à l’érythrone au printemps, récoltée à 2 km de la maison. Go, le vin de pissenlit qui fait sacrer à la récolte sous les assauts des mouches noires. Du trèfle doré qui goûte rien et prend mille ans à récolter? Yé! De la quenouille? Super, on envoie l’Homme en longues bottes au fond de l’étang, et on la fait mariner, ça va juste prendre toute la journée! Du plantain? On trouve des oiseaux domestiques à régaler! Côté ceuillette sauvage, la Campagnarde a de la volonté. Elle se déplace, elle marche, elle fouille (des années avant de trouver de la gaulthérie ici!), elle est prête à bien des efforts, à bien des lectures.
Mais… on n’est pas aux olympiades de la cueillette ici, mais à celles du pa-ra-doxe. Alors, pour la victoire? Une bardane (Arctium, burdock) magnifique… qui pousse depuis au moins quatre ans… à huit pas de la porte d’entrée de la Campagnarde. Même pas en bas des marches du perron: à côté d’elles. Et tant qu’à paradoxer, je l’ai prise en photo au moins deux étés/automnes, la trouvant belle, l’appelant toques… sans faire le moindre effort d’identification. Jusqu’à ce que je lise la trilogie Oryx and Crake de Margaret Atwood, dans un monde post-apocalyptique où les rares humains consomment ce qu’ils peuvent soit, bien souvent, de la bouillie de burdock root. Eh ben… Tout au long de ma lecture des trois volumes, l’image qui me venait en lisant le mot burdock c’est… celle de la plante sans nom qui pousse devant mon entrée de maison. Et j’avais raison! (Maintenant j’ai fait mieux quand même: je la nomme avec certitude, et en français aussi!)
Je ne sais pas exactement de quelle sous-espece de bardane il s’agit, mais qu’importe: racines, jeunes feuilles et jeunes pousses sont toutes comestibles. Il paraît que ça a un goût d’artichaut!
C’est pas une légende urbaine: le Velcro a vraiment été inventé en copiant les toques de la bardane. (Ici je les coupe pour protéger le chien et les enfants, et je les mets dans la volière. Rien ne se perd.)