La vie passe vite, c’est fou. Chaque jour je sors l’appareil photo pour avoir au moins une preuve de chaque nouvelle floraison, question d’y revenir plus tard pour identifier la chose. Chaque matin après avoir promené le chien, je fais du café et je lis un peu (des magazines de jardinage, beaucoup!). Ensuite je campagnone et je travaille, avec quelques pauses. Quand revient l’Homme, il promène le chien à son tour. Parfois je l’accompagne, et maintenant Coco, arrivé poour l’été, l’accompagne aussi. Depuis une semaine, avant le souper c’est l’heure de la baignade, et Tango est heureux de nos nouvelles péripéties. C’est pas tout, il faut souper, relaxer, dormir, et trouver du temps à travers tout ça pour tout le reste, le terrain, la maison, les chats. Certains jours, j’ai mal partout d’être restée accroupie longtemps pour désherber ou jardiner, d’être restée au soleil trop longtemps pour ma blanche peau, de m’être fait dévorer par mille insectes, d’avoir touché à je ne sais quelle plante qui me donne de l’urticaire (littéralement). Parfois entre l’humidité généralisée et la chaleur infernale qui peut sortir du poêle à bois, je ne sais plus où me mettre. Souvent, je peine à tout noter dans le journal de la maison. J’en oublie des bouts.
Mais chaque soir, quand on s’assoit à table pour souper ou sur le divan pour relaxer, chaque matin pendant mon café… je regarde dehors. Et vous savez ce que je vois, surprise chaque fois? Le bonheur. Du vert en feuilles, en brins et en épines, des couleurs folles au bout des tiges, le vent qui se joue de tout, les oiseaux qui font des acrobaties en plein vol. Du divan? On voit la lune et les étoiles. Des fenêtres, nombreuses, donnent sur chaque côté (une quasi-impossibilité dans un appartement montréalais!). Et de chacun de ces côtés provient une paix profonde, et une joie plus profonde encore, celle de la vie qui vit, de la nature qui suit son propre rythme avec un sourire espiègle. On dit que les gens à la campagne vivent au rythme de la nature et on veut dire par là qu’ils vivent lentement. C’est archifaux. Seulement tout va si vite qu’en n’y jetant qu’un coup d’oeil, vous, de la ville et des banlieues, ne voyez que l’immobile, et le mouvement fou vous échappe. Je ne peux pas dire que ma transition soit toute faite, non, mais je commence à prendre conscience de toute cette vie hors de nous, de ce qui est ni bon ni mal mais est, tout simplement. Tout est si immense que je me dis que c’est trop, que c’est impossible, que jamais je ne pourrai. Puis je me rappelle que je suis ici pour la vie. Et c’est là que je goûte au bonheur.