Je ne sais pas si le constat du jour est entièrement valide ni s’il tiendra encore la route demain. Mais là là aujourd’hui, ce qui me fesse comme une tonne de briques, c’est qu’en n’ayant plus la relation à long terme que j’avais depuis près de 19 ans… je n’ai rien perdu concrètement. Parce que j’avais progressivement accepté de moins en moins recevoir et de plus en plus donner. Alors qu’est-ce que je perds? Un poids. La possibilité d’avoir une vie sexuelle (y a des solutions pour ça… je crois!). Des inquiétudes, des incertitudes, de l’anxiété. Des remises en question de ma personne pourtant pas méchante, pas lâche, pas mauvaise.
C’est terrible à dire, hein? Je fais encore ce que je faisais avant: l’école, le ménage, le lavage (pas le sien, quand même), les repas, le pain, m’occuper des poules et coqs (et quatre poussins), lire, faire du yoga (ah non ça c’est (du re)nouveau!), gérer les achats, gérer les horaires, planifier, payer, travailler, communiquer, écrire, etc. Je réalise que je faisais déjà beaucoup, mais maintenant je le fais sans m’attendre à être épaulée, sans sentir que je tire sur quelqu’un qui a choisi la passivité (c’est lourd, la passivité), sans me demander pourquoi, coudonc, dans ce qu’on me dit, c’est mon linge qui me fait bien, c’est pas moi qui paraît bien dans le linge, et pourquoi le (très) rare compliment est dirigé vers mon vêtement, ou le repas que j’ai préparé, et jamais vers moi? Pourquoi on ne m’accorde aucune valeur, à moi?
Et finalement, c’est peut-être plus facile comme ça. Plus facile de me taire que de parler sans me sentir entendue. Plus facile de ne pas imaginer qu’une de mes idées se concrétisera sans que JE la concrétise. Plus facile de savoir qu’un projet ne sera pas commencé pour ensuite être abandonné en cours de route malgré la dépense déjà engagée. Plus facile de faire à ma tête (de toute façon ce qui se fera aura été fait seule) sans devoir l’expliquer.
Le bilan d’aujourd’hui, c’est qu’au fond, je ne lui demandais que de m’aimer. Ça a l’air qu’il suffisait de m’aimer pour que je fournisse tout le reste. De l’attention pour deux, de l’amour pour cinq, du désir pour des décennies, de la joie à en vider le puits, de l’énergie pour tout, une patience infinie. Il suffisait de peu pour que je donne tout, même si je continuais de vouloir atteindre un équilibre là-dedans. Il aurait fallu qu’il (re)prenne la moitié de l’espace, et ça aurait demandé un grand effort (même avec mes encouragements). Or il me semble justement que c’est ça le secret de la durée, en amour: la volonté et l’effort. Le courage. Je ne juge pas leur absence, elle est, et c’est tout, mais voilà, en leur absence depuis longtemps de son côté, qu’ai-je donc perdu? Rien que des illusions. (Qu’il ait entretenu mes illusions à son avantage, c’est une autre histoire; je vais viser le lâcher-prise.)