Tant mieux si on veut vraiment lutter contre les réalités de l’itinérance! Mais je remarque que le ministre par des itinérants, alors que les organismes qui sont sur le terrain, qui connaissent les réalités et qui connaissent véritablement les gens aux prises avec l’itinérance, eux, parlent de personnes en situation d’itinérance. (Pour tout vous dire, il m’arrive souvent de traduire des textes sur le sujet.)
La différence est immense! On dépasse la langue de bois: si vous n’avez pas de logement, être mis dans une case (celle de l’itinérant, avec tout ce que ça entraîne dans son sillage comme appellation) ou être considéré comme une personne (qui oui, vit une situation x), ça n’est pas la même chose du tout. Quand on est déjà marginalisé, être vu, traité, considéré comme une personne, ça compte (au lieu de se faire réduire à un seul aspect de sa vie actuelle). Quand on parle de l’itinérance et qu’on pense d’abord à des personnes, on fait déjà un premier pas pour lâcher le mépris et les préjugés.
Pour venir appuyer des personnes qui ont besoin de ressources, de répit, de soins (les besoins sont variés), il faut d’abord comprendre qu’il s’agit… de personnes.
[J’avais été sensibilisée à ce genre de vocabulaire qui semble ordinaire, mais qui est porteur de jugement en lisant, il y a quelques années, un article qui m’a fait instantanément cesser d’utiliser le terme «junkie». Parler d’une personne aux prises avec une dépendance ou qui a fait un choix de vie (utiliser des drogues intraveineuses peut être un choix de vie; faut lâcher les images à la Christiane F. un peu!) en la réduisant à cette seule réalité, c’est réducteur et méprisant; classiste, aussi.]