« Être lesbienne, ce n’est pas quelque chose d’inné, ce n’est pas lié qu’à une préférence naturelle pour les personnes d’un sexe plutôt que d’un autre. Je suis lesbienne parce que je l’ai voulu consciemment, parce que j’ai souhaité m’associer d’abord et avant tout à d’autres femmes, dans le quotidien comme dans la lutte. Je me désole toujours de voir des femmes subir les relations hétérosexuelles comme une fatalité. »
Johanne appartient à une génération de militantes qui conçoivent le lesbiansime comme un choix politique. Pour le collectif de la revue Amazones d’hier, lesbiennes d’aujourd’hui, dans laquelle elle s’implique activement à partir de 1984, le lesbianisme consiste à refuser de participer au système hétéropatriarcal, qui repose sur l’exploitation de la classe des femmes par celle des hommes.
Camille Toffoli, Filles corsaires – Écrits sur l’amour, les luttes sociales et le karaoké, éditions du remue-ménage, 2021, p. 93.
Je cite ce passage (de cet ouvrage que je vous recommande) parce que la citation de Johanne Coulombe (décédée l’été passé) m’a jetée à terre: elle m’a fait comprendre que même en matière d’orientation sexuelle, d’attirance vers les personnes de même sexe, le paradigme proposé, généralement considéré comme valide, est celui des hommes, uniquement. Encore. (Évidemment, je ne veux pas ici nier l’expérience d’autres femmes chez qui cette attirance pourrait être innée. Justement: parlons de cette diversité au lieu de toujours rapetisser le possible et le normal.)