D’abord je peux vous dire comment rater votre cramaillotte quand vous êtes enceinte. C’est très simple: vous dites à votre Homme que vous voulez faire une cramaillotte, une gelée de fleurs de pissenlits, et que vous devez cueillir 400 têtes de pissenlits. L’Homme vous rassure: y a pas de problème, on en a plein des pissenlits, on a le temps. Si vous le croyez, vous avez perdu et les pissenlits font aller leurs semences au vent, c’est pas long longtemps.
L’année suivante, vous aurez une bout-de-choune grouillante au temps des pissenlits. Prenez une grande couverture, le chien et le bébé (ah oui: et des petits sécateurs et un contenant) et allez dehors, près d’une belle talle de pissenlits (choisissez la plus vaste: vous rigolerez ensuite de constater que 400 têtes de plus ou de moins ne font aucune différence!). Installez la couverture. Dites au chien que non, c’est pas pour lui, va coucher ici, pas là. Placez la bout-de-choune au centre de la couverture. C’est important, parce qu’elle a la géométrie dans le sang et elle part chaque fois vers le côté le plus rapproché. C’est une gastronome aussi, qui raffole comme vous des produits qui poussent naturellement et font crounch crounch sous la dents, comme un brin de gazon… ou une fourmi. En petits voyages d’à peu près trois minutes et quart (avec retours de la petite au centre de la couverture chaque fois), quittez le chien, le bébé et la couverture pour couper des têtes de pissenlits bien ouvertes (tant qu’à y être, faites une imbécile de vous et oubliez que ça se referme, ces fleurs-là). Ça en prend 400 mais c’est vite fait (ou ça le serait sans les expériences culinaires de la jeune démonne et celles des mouches et moustiques qui veulent grignoter la gastronome! J’ai lu en ligne que dans une poignée de fleurs on en compte environ 25, et c’est assez exact: 16 poignées, y a rien là!). Retournez vite à l’intérieur. De toute façon, la petite et vous avez maintenant besoin d’un bain. De préférence avec un machin anti-démangeaison. Vous avez envie de sacrer et de gratter et elle a l’air d’avoir eu la varicelle éclair.
En théorie, il faut laver les fleurs à grande eau. En pratique, vous avez plutôt fait attention de ne pas faire entrer chez vous en y cueillant leur terrain de jeu les fourmis de tous les environs (que je sache, j’en ai entré deux: pas de quoi paniquer — mais c’est que j’ai laissé sur pied les têtes plus visiblement visitées). Vous commencez à laver les fleurs mais vous vous rendez compte que si vous les mouillez, jamais vous ne serez capable d’enlever les parties vertes et de ne garder que les pétales, car tout s’aglutine. Stop donc à la grande eau.
Pendant que la puce se promène sur le ventre dans la salle à manger, vous commencez par le commencement: la première fleur. Un bol pour les parties vertes à composter et un pour les pétales. Deuxième fleur. Troisième. Vous vous demandez combien il y en a, donc… ah oui, quatre cents. Hmmm. Quatrième. Vous rameutez puce et ses jouets qui se sont trop éloignés. Cinquième fleur. Puce a faim et vous devez la nourrir. Ensuite elle a une couche à changer. Ensuite le téléphone sonne. Vous revenez à vos fleurs un peu plus tard, quand la petite dort. Déjà vos doigts font mal à force de pincer les fleurs. Mais que voyez-vous? Eh ben voilà, nigaude: vous l’aviez oublié, on vous le rappelle, les pissenlits, ça se referme. Vous accélérez la cadence. Il est tard déjà et la puce a besoin de vous. L’Homme revient de l’épicerie et il a oublié vos oranges. Celles dont vous avez besoin pour ce foutu projet. Vos doigts sont blessés (pas tachés, contraitement à ce que vous avez lu en vous disant mais on s’en crisse-tu, et vous vous dites que les gants de latex, finalement, auraient pu prévenir votre irritation digitale aigüe) et vous placez le bol de pétales jaunes au frigo jusqu’au lendemain en ayant des pensées pas trop douces pour les recommendations en ligne de faire sécher les pétales au soleil pendant deux ou trois heures pour en faire ressortir la saveur du pollen. Ben quin.
Le lendemain, entre deux mandats et trois couches, après avoir confirmé que l’Homme a rapporté vos foutues oranges, vous en coupez 2 et 2 citrons en tranches de 5 millimètres d’épaisseur. Dans une casserolle à fond épais, vous placez les pétales, les agrumes et 1,5 litre d’eau. Vous faites mijoter pendant une bonne heure. Ensuite, vous filtrez le mélange en le pressant. Vous le remettez dans la casserole avec 750 g de sucre et vous refaites cuire. L’Homme revient d’on ne sait où et vous rappelle que vous avez une activité ce soir-là et que votre cramaillotte, eh bien, il reste peu de temps pour la faire. Or… à ce point-ci, vous devriez la laisser mijoter pour qu’elle épaississe et forme une gelée. Vous avez stérilisé plusieurs pots de 250 ml et vous voulez les remplir, sauf que la chose n’a pas encore pris et… ça presse. Alors vous vous dites que la pectine liquide viendra à votre secours (c’est une erreur mais vous êtes nigaude). Vous l’ajoutez, vous brassez, vous empotez, vous vous sentez moins empotée et vous partez pour votre activité.
Eh bien votre cramaillote est ratée. Liquide. Vous avez tout fait ça… et vous devrez rouvrir vos pots, les relaver, les doter d’un nouveau couvercle et refaire bouillir leur contenu. Quand vous aurez le temps. Vous vous dites: pas de problèmes, je le ferai… dès que j’aurai fini de laver la vaisselle de la fête d’anniversaire des dix-huit ans de ma fille.
HaHa!
J’adore ça… ça fait partie de la vie et des incontournable avec une cocotte qui tourne autour 😉
J’pense que je vais commencer une série « Comment rater… »! Le bon côté de tout ça… c’est le blogue. Sans Campagnonades, j’aurais tout fait ça et j’aurais même pas de billet à écrire pour me moquer de moi-même, imagine!
tiens je me reconnais dans ce comportement!!!
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