Je n’ai même pas encore vu les Rocheuses (j’habite plus près d’Edmonton que des montagnes) et je n’ai pas eu le temps de me promener beaucoup depuis mon arrivée ici, alors je ne peux pas vraiment vous parler de l’Alberta en général. Je vous dirais que, jusqu’à présent, le choc culturel que je ressens est moins intense que celui que j’ai vécu en quittant Montréal pour la campagne québécoise de mon enfance en 2009. C’est étonnant, parce que je n’avais jamais vécu dans un environnement de banlieue, mais on dirait que la ville m’y avait préparée (quand même pas à la fréquence des bruits de tondeuse, j’avoue!). Une chose qui aide énormément à s’adapter: ici, pas une mouche noire! Et si les gens du coin se plaignent de leurs maringouins, moi qui viens et arrive de la Mauricie, j’en ris, de leurs maringouins sans organisation ni escadrons!
Là où je vis, chaque maison a un bon terrain, et presque chaque cour arrière est clôturée (rarement devant). Ça donne à chacune un cocon de tranquillité… pour son pommier! Côté choc culturel… quand je croise un Albertain, une Albertaine… c’est une personne aussi avenante… qu’un Québécois, qu’une Québécoise… en vacances! Ha, je rigole, mais c’est vrai: impossible ici de croiser un autre adulte sans au minimum un Hi, un Hello, ou un Good morning! Je crois que mes années de timidité extrême auraient été pénibles ici, mais pour celle que je suis aujourd’hui, c’est vraiment agréable. Les gens, ici, sont fichtrement gentils, cordiaux, sympathiques. Et la courtoisie s’étend à la conduite automobile. Ici, mon fils peut traverser les rues sans crainte, et moi je conduis en trouvant tout le temps que c’est un plaisir, une détente, même! (Oui, le prix de l’essence est bien plus bas ici, mais aussi, comparativement à mon village perdu, tout est à proximité, du centre aquatique à l’épicerie, et j’ai passé plus d’un mois ici sans faire le moindre plein!)
Là où la différence m’affecte beaucoup, c’est dans ma cuisine. C’est qu’ici, voyez-vous… il y a une collecte hebdomadaire de déchets, oui (sauf qu’on loue la taille de bac voulu au lieu de payer la collecte à travers les taxes municipales)… et c’est tout. Pas de collecte de compost (je me suis mise au bokashi, je vous en reparlerai mais ce n’est pas parfait) ni, surtout, de matières recyclables. Par contre, énormément de contenants sont consignés — oui oui oui, ce qui ne cesse d’être retardé par la CAQ existe et fonctionne ailleurs depuis longtemps! — mais il faut aller échanger ces contenants à un endroit précis. Quant aux matières recyclables, il faut aller les porter soi-même… à un autre endroit. Et on s’aperçoit alors que tout s’accumule vite. Très vite. Dans ma cuisine encore pleine de boîtes à vider, c’est pénible et ça m’étouffe un peu. Aussi bien le dire comme ça: j’ai des solutions à trouver et de nouvelles habitudes à adopter!