Ce billet s’inscrit dans une série pour le vendredi sur les Campagnonades. J’y parle de notre réalité de l’apprentissage hors des murs de l’école. Aujourd’hui, je le confirme: c’est du travail, oui, mais c’est beaucoup de plaisir aussi!
Ma fille est forte en langues. Elle a un vocabulaire impressionnant de petite éponge linguistique, et elle lit couramment depuis deux ans. Aussi l’an dernier, les cahiers de maternelle étaient déjà dépassés (j’en ai donc acheté pour la première année), et avant Noël (de ce qui serait sa première année si elle allait à l’école), nous avons terminé le cahier qu’elle aurait terminé… en juin 2020, en deuxième année d’école (je ne me vante pas: avance ou retard, tout finit par arriver à la fin à peu près au même endroit). Féminin et masculin, singulier et pluriel, c’était simple pour elle. La compréhension de lecture? Une vraie blague. Le cahier lui demandait de recopier des mots et des phrases pour répondre aux questions; ça lui semblait inutile et plate. Elle le faisait, mais… j’étais d’accord avec elle, c’était inutile par moments. Bon. On fait quoi, maintenant?
Avec l’apprentissage en famille, on peut sortir de tous les sentiers et s’en défricher un à notre goût. J’ai eu l’idée de partir d’une de ses passions (la BD) pour faire de tout, et nous avons commencé au début janvier. J’ai choisi Astérix, parce qu’il mène à tout… et qu’en histoire nous allions justement aborder l’Antiquité, une période chère à quiconque a fait trois ans de latin avec bonheur (comme moi, là!).
Comme chez nous, pour l’école ou autre chose, tout commence par des livres et y finit, c’est de livres que part notre exploration. Nous lisons ensemble les albums d’Astérix, un à la fois de temps en temps. Pour chacun, j’ai trouvé en ligne un petit questionnaire (et elle ne rechigne pas à y répondre, à celui-là!) et pour plusieurs, de nombreuses activités (mots mystère, etc.). Et surtout, pour chacun, nous ouvrons nos horizons. Ainsi Astérix le Gaulois nous a menées à explorer la réalité de la Gaule (historiquement, elle n’existait pas avant que César ne décide de conquérir la région entre les Alpes, les Pyrhénées et le Rhin et ne la nomme Gallia!) et des Gaulois (oui, des toits de chaume allant presque jusqu’au sol sur leurs chaumières en bois et crépis, sans cheminée), la réalité des Romains (nous en avons pour longtemps!), et aussi les mythes (grecs, les mythes sont grecs, mais les Romains les ont tant repris avec tous les dieux que pour moi ces divinités-là ont tous deux noms, grec et latin: Héra-Junon, Diane-Artémis…).
En français, en anglais, en latin bientôt (du moins les citations!): nous explorons et lisons de tous côtés. J’ai même quelques albums d’Astérix en anglais: nous nous amuserons à tenter mon propre plaisir: la traduction!
De mon côté je lis un classique, Life in Rome, qui date de 1961. J’en tire des détails intéressants que je peux ajouter pour intéresser ma fille (les Romains ne savaient pas couper et polir les diamants, mais ils aimaient les perles et les émeraudes!). Ça aussi c’est caractéristique de l’école-maison: le parent s’investit, corps, âme et lecture, pas le choix! (Et là j’ai vraiment envie de lire les Commentaires de César sur la conquête des Gaules!)
Français, anglais, géographie, histoire, science, art et j’en oublie peut-être: on peut tout faire à partir d’Astérix (ou de n’importe quoi, voilà la magie de la chose!). On va plonger dans les Vikings, les Premières Nations, l’Égypte, les pirates, l’archéologie, la bande dessinée sous toutes ses facettes, jusqu’à en créer… On va cuisiner (le livre sur les banquets d’Astérix est en route: comme si j’avais pu y résister!), colorier, ordonner, jouer (j’en oublie parce que j’en ajoute sans cesse; à l’instant me vient l’idée de plonger dans la calligraphie avec les Goths!). Apprendre! (Sans limite, non plus: on ne va pas s’arrêter pour une simple date de fin d’année, une notion saugrenue pour nous, appreneurs au long cours!)
Quand j’ai annoncé que nous allions lire l’histoire d’Orphée et Eurydice, ma fille m’a demandé si c’était elle, la femme qui se fait mordre par un serpent. J’ai vite toruné la page pour voir… qu’elle avait bien raison! (Une éponge, je vous dis!) Quand nous avons commencé à explorer les gladiateurs un matin, j’ai eu ici un mirmillon et un rétiaire (avec une couverture en guise de filet), sandales aux pieds, qui ont livré combat à même le salon! (J’ai levé haut les deux pouces: pas de mise à mort antique chez nous, je vous prie!)