Au cours des dernières années, quand je me trouvais à la campagne ou en région éloignée, c’était généralement pour camper. Et pour camper, la famille nouvellement campagnarde a besoin de deux éléments essentiels: de l’eau (pour se baigner) et du feu (pour cuisiner, se réchauffer, s’hypnotiser, se rassembler, chasser les insectes, occuper et réjouir l’Homme, faire fondre les sandales du Coco (une vieille histoire…)…). Or avant de faire un feu en plein air, il faut vérifier que ce n’est pas là une gaffe épouvantable, qu’on ne court pas le risque de mettre feu à toute la nation. (Personnellement, j’ai connu plusieurs années de traumatisme liées à Bambi, et j’ai toujours eu une peur bleue de mettre le feu en forêt (et aussi de perdre ma mère, et de voir des lapins qui parlent et de tomber nez à nez avec un sconce (un sconce? Non mais! Je vivais au pays des moufettes sans comprendre!).)
Quand on voyage au Québec en été, on voit partout des pancartes dont la flèche nous indique si le risque est faible, modéré ou élevé, bref, si on peut sans culpabilité ni crainte allumer ce soir-là un feu de camp. Et si on habite dans ce lieu où on veut faire un feu, que l’Homme est parti et qu’on ne voit point à l’horizon (Anne ma soeur Anne) se profiler de fameuse pancarte? On peut s’abonner sur le site de SOPFEU pour obtenir par courriel l’indice de risque dans sa région (ou plusieurs régions)! Génial! Je me suis abonnée… et il pleut depuis (désolée, tout est ma faute!), rendant mon abonnement un peu ridicule. N’ayez crainte, vous qui les aimez, vous les aurez, vos canicules de l’été! Et avec elles, bien des arbres partiront en fumée (ce qui n’est pas toujours néfaste bien sûr, la forêt ayant besoin de renouvellement et les feux n’étant pas tous causés par des bipèdes inconscients!).
Au fait, dit-on feu de forêt, incendie de forêt ou les deux? Je me suis posé la question, car Antodite Rx me semonce en me disant que feu de forêt est une impropriété, mais sans m’en dire davantage. Je me tourne donc vers l’OQLF:
Si les mots incendie et feu, employés seuls, ne sont pas synonymes, ils le deviennent lorsqu’ils sont accompagnés du complément de forêt. Ces deux synonymes, incendie de forêt et feu de forêt, se retrouvent d’ailleurs tant dans la presse et les ouvrages lexicographiques d’ici ou d’Europe que chez les spécialistes forestiers. Ces derniers emploient aussi le terme incendie forestier, moins courant dans la langue générale.
On peut donc parler de feu de forêt ou d’incendie de forêt, et de protection des forêts contre le feu ou de protection des forêts contre l’incendie. Par ailleurs, on dira qu’on a mis le feu à la forêt, que la forêt a pris feu, qu’elle est en feu, ou qu’elle a été incendiée.
Quant à ce qui peut distinguer le feu de l’incendie, c’est surtout qu’un feu, contrairement à un incendie, n’est pas nécessairement destructeur – pensons aux feux de joie, aux feux de camp, aux feux de la Saint-Jean. En fait, l’incendie est un type de feu, un grand feu qui cause des dommages importants. Par ailleurs, même dans des sens qu’ils ont en commun, on emploiera l’un plutôt que l’autre dans certains contextes : on dira par exemple mettre le feu, mais provoquer un incendie. Il est à noter que le feu ou l’incendie peut être allumé volontairement ou accidentellement, criminellement ou non.
Aucune idée, donc, pourquoi Antidote roupète. Jusqu’à preuve du contraire, les deux expressions se valent. Profitez-en, ça n’arrive pas souvent!