Mon fils a un an aujourd’hui. Un an! Un premier gâteau au chocolat l’attend pendant qu’il m’offre en cadeau une deuxième sieste aujourd’hui (comme sa soeur, à l’approche du premier anniversaire il me menace de laisser tomber une sieste…). Évidemment que je n’ai pas vu l’année passer. Les jours, les semaines, les mois… tout ce que je sais, c’est que je vieillis et que le temps file à une vitesse qui me laisse hébétée, comme une vache qui aurait voulu doucement paître en regardant défiler ce qui, finalement, était un TGV.
J’ai réussi à lire pas mal, quand même, cette année, et je vous reviendrai avec ma liste habituelle, question qu’elle devienne traditionnelle. Et puis ça me fait un billet facile. Parce que les autres viennent plus difficilement ces derniers temps. Je réfléchis. Les gens ont l’air de vouloir qu’on leur dise quoi faire et comment (vous ne pensez pas? Et pourtant, le succès que connaissent tous les gourous, des vedettes du cinéma s’inventant expertes aux chefs qui deviennent des multinationales ne ment pas: le public aime ça et veut des solutions préemballées et des modes d’emploi peppés)… mais moi, plus le temps passe et moins j’ai envie d’embarquer dans cette game-là. Des deux côtés, d’ailleurs: je n’écoute plus trop les règles que les gens inventent et sur lesquelles ils basent leur fonctionnement, et je n’ai pas envie de faire semblant que je sais où vous devriez aller non plus. Je suis dans le fluide et je cherche encore la forme à donner au cours de mes pensées.
Quand je dis que je vieillis… je le vois forcément en voyant mes petits qui poussent. En voyant mes voisins, ma famille, décimés par l’âge et la maladie (la mort, voilà, le mot est dit), aussi. Foutue entropie. Ça me père lourd sur le coeur, la vie qui avance trop vite, les années qui me semblent presque perdues derrière et celles que je ne réussis pas à remplir suffisamment pour en être satisfaite. C’est un poids. C’est une terreur sourde, aussi.
L’an passé à cette heure, je découvrais mon tout nouveau poupon, mon petit homme, mon trésor, avec son père, sa soeur et son frère, tous dans un cocon à la maison de naissance, alors que dehors la neige de l’hiver était toute neuve. Cette année? Le terrain est blanc depuis plus d’un mois! Et nous avons des poules et des coqs! Ah, les choses changent, bien sûr. Progressent, avec un peu de chance.
Parlant de progrès, j’ai éteint Facebook. Pas à jamais, mais j’essaie très fort de ne plus le laisser ouvert et d’y passer moins de temps. Ça me fait du bien (ça met en relief ma solitude, aussi, mais elle était là tout ce temps, faut arrêter avec la poudre aux yeux). Et c’est aussi une résistance que je développe, pour me protéger les neurones et pour refuser au moins un peu de toute la manipulation qui nous emprisonne maintenant en ligne, comme un carcan invisible pour qui ne veut pas voir. J’aime mieux jouer ici, presque toute seule, et choisir mes jeux et leurs règles.
D’ailleurs vous n’avez probablement pas remarqué, mais j’ai redonné vie à mes billets éclair, une petite section de ce site, qui prend comme écrin ma colonne de droite et un onglet tout en haut. Pour lire un billet éclair en entier ou le commenter, il faut cliquer sur l’icone du philactère. Mais ça me va que personne ne le fasse. Vraiment! J’ai retrouvé dans ce racoin le plaisir de bloguer que j’avais au tout début, sur le Monde du vieux bandit et au-delà, quand ma parole n’était publique qu’en théorie, quand chaque blogue était et avait une personnalité. Quand il fallait visiter chacun comme en faisant le tour du quartier, un quartier peuplé d’amitiés développées un mot à la fois. On y a perdu en s’uniformisant, en s’app-li-fiant, en choisissant la facilité. Comme toujours quand on fait ce choix: on y gagne… mais ce qu’on y perd n’est mesuré que par les vieux. Et côté ouebbe me voilà une ancêtre.
C’est malgré moi que je semble prendre des résolutions… à ce moment-ci de l’année. Ce n’est pas que j’aie souhaité les faire coïncider avec le Nouvel An, simplement que mon fils grandit et gagne en autonomie. Bientôt, je l’entrevois, je pourrai être un peu plus libre, un peu moins deux. Car mon fils me prend pour son véhicule: bien accroché une petite main robuste, un bras qui fait le tour du mien et deux cuisses qui me serrent, il me dirige de son autre index et me guide de sa voix. Par là! Par là! Ça! Et je voudrais être là longtemps pour lui comme pour ma fille. Pas comme véhicule, non, ça ne fera qu’un temps. Mais être là néanmoins. D’où les résolutions.
Mon clavier veut me rendre folle. Il double certaines lettres, en gobe d’autres. Ce billet est sans doute truffé de coquilles, et cette fois ce n’est même pas ma faute. Un autre élément sur ma longue liste de choses à régler. Parfois, pendant un moment, je pense que le plus facile pour arriver à me satisfaire, ce serait d’abondonner plusieurs buts et projets. De mener de front moins de combats. Vivre sans le facebooker, par exemple, ce qui gobe quand même du temps. Vivre sans écrire, aussi. Bien des gens le font sans problème, alors pourquoi pas moi. Ah. Je ne connais pas la réponse à ce pourquoi. Mais je sais que quand je pense à mettre la clef sous la porte ici, à supprimer mon petit coin de chaleur binaire, je me sens défaillir. Alors je reste, c’est certain. Ici. Promis.
Et BONNE ANNÉE 2017 à tous et toutes.
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Prends bien soin de ton cocon ma belle Helene 🙂
Préserve ton espace rebel, ton espace à toi 😉
Selon les jours, ma rébellion, comme tu dis, est parfois perçue (de l’intérieur) plutôt comme une incompétence généralisée à vivre comme tout le monde.
M’enfin, c’est une question qui me dépasse infiniment, ce que l’Internet est devenu, et le petit contrôle que j’ai ici est évidemment minime… mais si c’est tout ce que je peux avoir, j’y tiens. On peut faire semblant que c’est mieux de jaser là-bas, que la propriété c’est l’vol et qu’y vaut mieux faire dans le communautaire, rendre tout en commun plutôt que de garder son espace à soi. Mais c’est gober un immense mensonge, parce que ces espaces publics ne le sont pas. Ils sont facticement publics et hautement privés, commerciaux, intéressés — par nature. Ils n’ont plus d’échelle humaine. Et là est le piège, en quelque sorte. (Un des pièges, du moins.) On pense communiquer avec des humains, transcender l’espace, mais j’ai l’impression qu’on est plutôt en train de laisser percoler l’essence humaine goutte à goutte dans un réservoir immense et stagnant. Pour rien. Ou du moins… pas à notre propre profit.
Je serais bien triste de ne plus te lire ma belle Hélène.Dans ma solitude campagnarde tu viens mettre des mots sur ce que je ressens souvent sans savoir comment l’exprimer.
Ces jours-ci, je personnalise mon rapport aux médias sociaux. Je fais l’essai de la publication des mises à jour sur FB et Twitter par l’entremise de Hootsuite, et ça semble me convenir: plus besoin de visiter FB ni Twitter. Et je m’amuse follement avec mes billets éclair (ils ne sont pas parfaits, je sais… faut aller dans leur onglet puis cliquer sur le titre de chacun pour le voir en entier comme il faut, mais bon, c’est déjà bien). J’ai besoin d’écrire… mais j’ai besoin de moins me sentir manipulée/objectifiée. Besoin d’une plus grande authenticité.
Merci pour tes mots, Lyne. Je pense à toi souvent, tu sais! Comme ce matin, quand j’ai décroché le hibou de Noël que ma fille avait mis dans sa chambre pour le rapporter vers le sapin avant qu’on le défasse! 🙂
Je suis tellement contente que mes hiboux fassent encre partie de vos noels!Cette année j’ai fait des dizaines de petites tuques pour le sapin extérieur.Dommage que je ne fasse pas de photos…..
Oh ils sont précieux, nos hiboux! Ma fille dit bien « MES hiboux » et elle en parle bien avant qu’on ouvre la boîte de décorations! Elle est très gâtée, ma fille, mais elle est aussi très reconnaissante (ouf!).
J’imagine très bien les petites tuques! 😀
Helene, une question au sujet des photos qui illustrent ce billet : ont-elles été retravaillées dans Photoshop ? Est-ce du sépia, duotone ou bien les couleurs naturelles du givre chez toi ? Celles qui laissent deviner un peu de ciel me feraient plutôt pencher pour des versions non retouchées… Ce qui est un tour de force de la photographe ! En tout cas, c’est superbe !
Bruno, je t’aime! Au lieu de me parler des problèmes de fenêtres et de condensation atroces que j’ai, tu vois la beauté que j’y ai vue aussi! Aucune retouche! Juste une femme avec son appareil photo qui se penche et se juche pour trouver le meilleur point de vue. Elles datent de l’hiver passé, d’ailleurs. 🙂
Par contre ces images sont des détails de photos plus grandes!