Y a eu des soirs, récemment, où je fermais les yeux et elle m’apparaissait sans relâche, la gesse à larges feuilles, qu’on appelle aussi pois vivace (Lathyrus latifolius, Everlasting Pea). J’en ai arraché, mais arraché! (Et c’est très très satisfaisant: on obtient une montagne de verdure très rapidement, ce qui est parfait quand on a besoin d’ajouter du foin au sol du poulailler ou de la volière!)
C’est une plante introduite d’Europe, cultivée dans les jardins pour ses jolies fleurs (car ses pois sont toxiques), qui s’est échappée. Et pour s’être échappée, elle s’est échappée: on en voit partout une fois qu’on la connaît. Et pour cause: elle part du ras du sol des tiges à l’horizontale et s’accroche à tout ce qui est plus vertical. Sur plus de deux mètres, parfois!
Chez nous, elle s’est accrochée à des hémérocalles, à des lupins, à des saules, à des rudbeckies laciniées, aussi, et les a fait ployer et disparaître. Mais elle n’est pas vraiment méchante: une fois qu’on tire dessus ou qu’on la fauche au ras du sol, elle laisse échapper ses victimes, qu’on peut voir à nouveau fleurir.
Regardez un peu ces vrilles et ses ailes: les tiges s’entrelacent par dizaines, s’entrecroisent et forment un éapis tapis, une jungle presque impénétrable (pour y pénétrer, un trouve les tiges au sol et on tiiiiire, on arrache, on avance et on recommence).
Aux endroits où je ne l’ai pas arrachée et où l’Homme n’a pas fauché, elle finit par fair eun joli effet de mur végétal.