Autant le dire d’entrée de jeu: je désire ardemment un enfant. Bon, je suis belle-mère, c’est déjà beaucoup, mais ça n’est pas la même chose (sans que l’amour soit moindre, t’en fais pas mon Coco!) et ça ne se vit pas depuis le début (sauf dans les films que je ne veux pas voir). Deux ans maintenant qu’aucune entrave physique ni chimique n’empêchent la chose, et pourtant… On attend. Oui bon on vit dans un monde déjà surpeuplé (ce à quoi je réponds que mes parents et leurs deux conjoints n’ont eu à eux quatre qu’un seul enfant, moi, faque lâchez-moi la patate, la réduction de population s’est faite!), et pas toujours un monde idéal et bla bla bla. Non je ne rêve pas d’une poupée (quand mon désir de maternité s’est déclaré flamboyant, j’ai plutôt adopté Milady et grand bien m’en a pris, car elle n’a pas fait ses trois premières nuits et j’ai beaucoup compris!). Je veux un petit être pour l’aider à devenir autonome. Le reste, la source, je ne peux pas l’expliquer, c’est génétique, viscéral, puissant. Et ceux qui me connaissent depuis longtemps sont surpris de me voir encore sans enfants.
Autour de moi, c’est prévisible, les amis se multiplient. Enfin, je veux dire qu’il y a de la marmaille chez eux, pas qu’ils se multiplient comme les poissons de Jésus (un beau concept tout de même: vous faites une fête et seuls deux invités se pointent… petit coup de fil à Jésus, et voilà la maison remplie d’amis!). Je les vois moins (de un, je ne peux pas me plaindre puisque je me suis exilée, et de deux, c’est pas si mal: on s’écrit!). Certains sont disparus dans la brume du manque de sommeil ou dans le brouillard omnibulant de tout-pour-les-enfants (ce qui est quand même étrange, car ce sont les mêmes qui ne m’invitaient plus nulle part quand Coco a débarqué dans ma vie, alors que pourtant nous l’amenions tout simplement avec nous quand c’était possible… différences philosophiques!).
Depuis un bout de temps, cependant, je suis l’évolution de la petite Héloïse, la prochaine génération du grand complot vietnamien. Et récemment, elle a débarqué, avec poupon frérot et parents pas vus depuis trrrès longtemps. Là, je dois vous dire que depuis ma rencontre avec la petite demoiselle, je suis su’l cul. À l’écouter énoncer clairement des phrases complètes, à la voir compter (deux, quatre, six…), à voir de mes yeux voir son énergie parfaite avec mon gros chien (elle tenait un de ses jouets; il a voulu le prendre, et elle lui a signifié, en silence et sans même y penser, que le jouet lui appartenait pour le moment!), à constater l’étendue de son vocabulaire, à l’observer essuyer elle-même du lait renversé, j’était convaincue qu’elle avait trois ans. Non, en fait je lui en aurais donné quatre, mais elle est trop petite pour ça. Eh bien non: deux ans, la petite puce! Deux! Et elle apprend le vietnamien et l’anglais (d’ici dix jours, ça devrait être dans la poche!)! Une petite humaine aussi allumée, aussi rigolote, aussi ouverte sur le monde, je n’ai jamais vu ça. Jamais. Elle comprend les blagues en mots! Elle adore les livres (et elle m’a eu par le coeur en prenant d’abord des livres de Snoopy!), elle connaît des tonnes de couleurs, des tonnes de bruits d’animaux…! Non vraiment je n’en suis pas revenue!
Maintenant j’apprends que pour Héloïse, nous sommes indissociables de la campagne (yééééé!) et qu’elle parle de son tour de tracteur (immobile et dans la grange, mais tout de même manoeuvré par une toute petite puce toute seule!) et de sa visite à la ferme. Ah la ferme! Héloïse, dès son arrivée et pendant le diner, avait une idée non pas fixe mais centrale: voir des vaches! Elle les aime dans Martine à la ferme. Quand une mignonette réussit à trimballer ses parents jusque dans MA campagne, pas question de la décevoir: allons à la ferme! Et alors… Héloïse a eu un petit choc. Une vraie vache, voyez-vous, ça ne tiendrait pas sur une page d’album. A-t-elle crié ou pleuré? Pfa, vous la sous-estimez! Elle a exprimé sa peur et arrêté ses pas, c’est tout! Et en quelques minutes elle a décidé de prendre ma main et d’avancer davantage (je lui montrais la clôture en lui disant que les vaches ne pouvaient pas la dépasser; elle a réfléchi à la chose, évalué si on pouvait ou non se fier à moi… et elle a fait (je vous le dis humblement, ha!) le bon choix!). Ensuite, l’étable. Ouille. Encore plus épeurant (à vrai dire, petite j’y allais souvent (pour ne pas dire tout le temps), mais j’avais la frousse quand même!). Mais après être restée dans l’entrée, inquiète, Héloîse a bien voulu approcher des vaches, des veaux, des chevaux, des chiens et des chats. Oui… mais dans mes bras (oh lala ce que ça peut faire aux ovaires, ça!)! En partant, elle a dit merci beaucoup au fermier… en l’appelant par son nom! Incroyable. (Ce qui est plus facile à croire, c’est sa fascination pour les gros cacas et les gros pipis qu’elle a vus!)
Franchement, mes amis parents d’Héloïse sont des gens fort intelligents (et je ne veux pas dire là que c’est évident puisqu’ils m’ont choisie pour amie, mais tirez vos propres conclusions). Formant un couple uni et aimant, ils sont rigolos, calmes, ouverts, curieux, tout comme l’est leur puce (et le sera leur poussin). Mais honnêtement? Ça n’explique pas tout. D’abord ils ont eu de la chance de voir naître chez eux ce petit être-là (que je vois devenir reine de l’univers bien avant moi, misère!), à la personnalité aussi charmante et à l’intelligence inouïe (la résolution de problèmes, à deux ans? Pour elle, y a rien là!). Mais ensuite ils lui ont offert tout ce qu’ils sont (sans pourtant sombrer dans le parlons du nombril de mon enfant et uniquement de lui et de son nombril car moi je n’existe plus que par lui), et un environnement qui doit frôler l’idéal. Enfin, je ne connais pas leur quotidien, mais ce n’est pas de lui que je parle, c’est de l’atmosphère qui se dégage de leur cellule familiale. Cela saute aux yeux: ma plus petite amie est écoutée et respectée (sans qu’on fasse ses quatre volontés), elle est aimée et elle le sait (mieux, elle n’a aucun doute!), elle est bien stimulée (mais se stimule aussi avec grande joie) intellectuellement (son vocabulaire est extraordinaire) et physiquement (pas question de la prendre ou de la soulever s’il y a une marche à passer: on l’avertit et elle sait faire attention!), et elle est avide de vivre et de connaître, de voir et de savoir
Moi? J’en suis soufflée. Ébahie. Ses parents feraient mieux de garder un oeil sur elle, parce que j’en veux une… pareille-pareille! (Mais bon, hein, ça leur offre des possibilités de voyager en amoureux… de façon prolongée… non? Comment, non?) J’ai demandé la recette, je n’ai reçu que de l’humilité de maman qui ne veut pas trop se vanter mais qui voit bien que sa mignonette est une bambine surdouée… et qui profte de tous ces moments magiques. La jalousie est impossible devant un aussi joli tableau, mais les rêves, ici, se font plus insistants! Au fait, à quel âge peut-on devenir marraine? (À n’importe quel âge ici, puisqu’il ne sera jamais question de baptême officiel, na!) 😉
(La preuve de la rencontre avec les vaches, gracieuseté de la maman de la puce!)