Il y a quelques semaines, lors d’une promenade en fin d’après-midi après la pluie, sur le sentier du champ cultivé où je promène Tango nous avons vu des milliers de petits papillons, qui semblaient se sécher les ailes sur le sentier. La veille, il n’y en avait aucun, et ce jour-là, ils étaient partout. À chacun de nos pas, des douzaines de papillons s’envolaient pour se poser quelques mètres plus loin. Manifestement, les conditions gagnantes avaient été réunies, car des centaines de libellules en faisaient autant ce jour-là (mais jamais avant et jamais depuis!). Le lendemain, dans notre rond de feu bien éteint, j’ai pris la photo que vous voyez ici (je vous encourage à cliquer sur elle pour les voir de plus près). Je crois bien qu’il s’agit d’hespéries des graminées (Thymelicus lineola, de la famille des Hesperiidae).
C’est une espèce fort abondante ici, qui a été introduite mais ne semble pas être parasitée. Un peu d’histoire papillonnante:
L’hespérie des graminées doit à sa propriété d’hiberner au stade d’oeuf son introduction en Amérique du Nord près de London, en Ontario, vers 1910, dans des graines de fléole des prés contaminées. Même les techniques modernes de purification de la semence n’éliminent pas tous les oeufs. Pis encore, les déchets, qui contiennent de très grandes quantités d’oeufs, sont parfois combinés au fourrage et transportés. De nouvelles introductions se produisent encore. Lors de la construction de la route de la baie James, à la fin des années 1970, on a semé des espèces méridionales de trèfles et de graminées, dont la fléole des prés, pour stabiliser les bords de route dans les régions argileuses. On a probablement utilisé pour ce faire de la semence mélangée non purifiée provenant de l’ouest du Québec. Ces travaux d’aménagement ont créé un habitat propice pour l’hespérie des graminées, qui est depuis devenue l’espèce de papillon diurne la plus commune à la mi-juillet sur de vastes tronçons de la route, au moins jusqu’à la rivière Rupert vers le nord. Ceci n’a rien de bien surprenant, car l’espèce se rencontre dans le nord de l’Europe jusqu’au 62e parallèle. Il se peut donc que la propagation de l’hespérie des graminées dans des régions plus éloignées au Canada ait été empêchée uniquement par l’absence d’habitats favorables. (Source)
La fléole des prés (Phleum pratense, timothy), qu’est-ce que c’est? Eh bien vous la connaissez sûrement, regardez. J’en ai vu toute ma vie, sans avoir pu la nommer! Et qu’y fait mon mignon petit papillon?
L’alimentation des larves fait en sorte que le bord des feuilles est déchiqueté de façon irrégulière et une infestation grave peut entraîner une défoliation. Lorsqu’elles sont très nombreuses, les larves se nourrissent également du faîte des plants, ne laissant que les tiges. Les adultes s’alimentent du nectar des fleurs et des mauvaises herbes et ne causent pas beaucoup de dégâts. (Source)
Comme je n’ai aucune intention de cultiver du fourrage et que chez moi la fléole pousse ici et là mais pas par champs entiers, donc, aucun problème, je peux continuer d’admirer mes envols de petits êtres orangés!