Histoires de guitare

Il devait être écrit quelque part que mon destin serait lié, de près ou de loin, à cet instrument à cordes que je n’ai jamais vraiment eu envie d’apprendre à jouer (je ne sais jouer d’aucun instrument… mais le piano et la clarinette sont ceux qui m’attirent le plus). Mon premier copain me jouait au téléphone quelques chansons qui m’émeuvent encore (mais jamais comme son interprétation à lui à l’époque pouvait le faire). Mon grand amour de fin d’adolescence, lui, ne faisait pas que gratouiller: il avait un talent fou (il le nie aujourd’hui, c’est plutôt incoryable…) et touchait à tout, de l’électrique à la classique, jusqu’à étudier pour un bout en musique (pendant que j’étais en art dramatique: oh le beau petit couple d’artistes, haha!). Que d’heures j’ai passées à l’écouter jouer (ou à l’entendre, car on n’écoute pas vraiment une Fender Stratocaster dont l’amplification sort par… des écouteurs!), que d’heures chez Steve’s ou Archambault ou ItalMélodie à l’attendre pendant qu’il essayait tous les instruments ou cherchait une partition inspirante. Que d’heures. Ensuite j’ai fréquenté un non-musicien qui s’est depuis, croyez-le ou non, mis… à la guitare! Puis un bassiste! (Allo le bassiste!) Je n’ai donc pas été trop surprise quand l’Homme a rapatrié la superbe guitare classique de sa mère. Un autre, que je me suis dit!

Et pourtant, mon Homme aime par-dessus tout son équipement de DJ. Et il a délaissé la guitare et se passionne maintenant pour les percussions (moi? pas! Enfin elles ne me passionnent pas, et quand je vais à une soirée/nuit de transe psychédélique, il est inifiniment rare que les gens qui y ont trimbalé leurs djembés et tambours ne me tapent pas royalement sur les nerfs! [pas trop grave: je m’éloigne et c’est tout; mais j’en ai encore contre le gars qui m’a fait endurer ses tap-taps pendant 30 minutes d’attente pour les toilettes il y a quatre ou cinq ans!]). Plus de guitariste dans ma vie, donc? Oh que vous y allez vite. Le Coco a remplacé son papa comme guitariste de ma vie, et son penchant ne semble pas près d’être épanché! Mais attention: je ne me plains en aucune façon! Car ce qu’il a délaissé pour la guitare, c’est… la télévision! Et les jeux vidéos aussi (et la lecture un peu aussi selon moi et ça, oui bon ça me désole un peu, mais il lit quand même, alors la belle-mère ne peut rien y faire!). Et il est bon guitariste!

Et que veut tout guitariste passionné (du moins selon ma petite expérience)? Mais une nouvelle guitare, évidemment! Aussi Coco accumulait-il patiemment ses sous (dit-on encore sous à 14 ans? Probablement pas…). On lui a proposé une entente pour l’été: tant qu’il est ici… on lui trouve du boulot ici. Son salaire à la fin de l’été (disons à la fin juillet), sa fameuse guitare. Non seulement il n’a pas refusé, mais il n’a jamais non plus rouspété en se faisant réveiller ou demander un effort supplémentaire. La vaisselle, le lavage, la tonte du terrain, un brin de peinture… et j’en oublie, tout ça a fini par l’occuper cet été. Le seul hic… c’est que les adultes ont dû comprendre une chose: ça fait beaucoup de règles (de maison, de cohabitation, de vie!) qui nous semblent évidentes mais que l’on doit expliquer en long et en large (il ne peut pas deviner le pourquoi de nos gestes, n’ayant pas fait lui-même nos gaffes passées ni encore eu de coloc pour le critiquer!) et beaucoup de supervision en cas de nouvelle tâche (car il ne sait pas toujours quand appeler à l’aide, bien sûr). Et un Coco qui grandit, c’est quand même un peu paresseux, avouons-le. Alors tout prend plus de temps. Oui… mais c’est fait (et… refait au besoin!). Et il apprend, tout en nous permettant de mettre nos efforts ailleurs. Et surtout, sa guitare… c’est vraiment la sienne. Il a une autre guitare magnifique, semi-acoustique, qui est précieuse parce qu’elle lui a été donnée en cadeau. La nouvelle, l’électrique, est précieuse car c’est LUI qui l’a méritée (oui, à la sueur de son front!).