Je savais déjà que j’avais de la misère à dire non. Dire non? Je suis plutôt du genre à répondre Ah ben oui, hein, ça pourrait toujours servir à nouveau, sait-on jamais, rangeons-le au fond d’une armoire quelque part. Jusqu’à en être encombrée (je me soigne allègrement ces temps-ci, merci: j’ouvre, je vide, j’élague. Ça va faire!).
Ce que je ne savais pas jusqu’à récemment, c’est que quand on me donne un cadeau… je le garde à tout jamais. Vous êtes allés en voyage et m’avez rapporté un cendrier il y a 19 ans? Non seulement je l’ai encore (et aussi le bol coloré venant du même voyage, bien sûr), mais un éclat s’est brisé récemment et ça m’a attristée. Vous m’avez donné une assiette décorative? Elle est au mur. Une gugusse pour tenir des serviettes de table? Je l’ai détournée de son usage et elle accueille mes couteaux. Une plaquette avec une image et le mot Java? Elle est à côté de mon café, évidemment. Ma mère m’a refilé de vieux livres sur les plantes d’intérieur, dont les conseils et les noms latins ne sont plus en usage? Ben là, c’est un livre que je connais depuis toute tite, je vais pas le donner, voyons. C’est chez moi qu’il va s’empoussiérer!
Constatation? Non seulement j’ai un problème, mais les gentilles personnes qui ont pensé à moi un jour seraient probablement consternées de me voir attacher à des babioles une importance aussi intense. C’est un relent d’enfance solitaire et une gratitude poussée à l’extrême (non mais tu comprends pas: ils ont pensé à MOI! Oui bon dit comme ça, j’ai l’air de Fredo Corleone…). Sauf qu’au fond, je n’oublierai jamais le geste, et c’était le geste qui avait de l’importance, pas la chose offerte.
Je. Choisis. De. Lâcher. Prise. (Voulez-vous une église croate miniature?)
Comme çà tu as encore mes p’tits hiboux?hihihi!
Ben oui! 🙂
Bon ça y est, La Presse s’inspire de mouahahaha! 😉
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«Les accumulateurs compulsifs, ce sont des gens extrêmement perfectionnistes. Ils ont si peur de commettre une erreur en jetant quelque chose d’important qu’ils ne se voient pas se départir d’un objet. D’un coup qu’il pourrait être utile…» —Marie-Ève St-Pierre-Delorme, psychologue
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«Disons qu’on traîne un vieux jouet tout croche depuis des années, poursuit le psychologue clinicien… Qu’est-ce que l’idée de s’en départir vient chercher chez nous? Je vous conseille de vous poser la question et de suivre ce filon pour découvrir où l’objet s’inscrit, dans votre vie intérieure. Quelle est la charge qu’il porte? Est-ce de la nostalgie? Est-ce de la sécurité?» —Marc-André Dufour, psychologue clinicien
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Source: https://www.lapresse.ca/maison/chroniques/2022-03-12/rangement/souvenirs-precieux-ou-cochonneries.php