Jeu de sel, sel de jeu

Waldorf, Montessori… je ne connais pratiquement rien à ces choses-là, à ces philosophies pédagogiques, à ces techniques de soutien au développement de l’enfant. Même que j’ai quelques préjugés (et je reconnais qu’ils ne sont que ça: pas des opinions fondées, mais des pré-jugements), liés a) à des gens que j’ai connus (qui ne feraient pas de bons ambassadeurs de ces systèmes), b) au fait qu’on tente trop souvent de me vendre des cossins et c) à l’hermétisme de ces approches — parce que, ha, j’ai essayé de farfouiller pour en comprendre les bases pour me retrouver plus souvent qu’autrement devant un genre de snobbisme à la moi très chère, évidemment que j’envoie fiston de dix-huit mois chez Montessori, y a que ça qui vaille pour le faire entrer à trois ans dans la meilleure prématernelle privée dotée d’un programme international, n’est-ce pas et, pour me répéter, aux cossins qu’on veut me faire acheter (et devant lesquels je boque absolument; j’aime pas qu’on prétende que seuls ceux qui ont les moyens offrent le meilleur à leurs petits). Je n’ai absolument rien de concret contre ces approches, pourtant, et je suis convaincue qu’elles ont du bon (donnez-moi des idées qui en sont issues, si vous en avez!). Sauf que les systèmes externes et moi… ben voilà, il est très rare que je gobe ou adopte en bloc.

Par contre, j’ai lu bien des trucs… qui me disent de laisser mes enfants jouer. Jou-er. Tout simplement. De fournir des gogosses et des ressources, selon nos valeurs et notre mode de vie, et de soutenir leurs intérêts et désirs. Bref, les laisser aller, en étant attentifs… mais sans les couver. Et ça, ça correspond (peu importe le nom qu’on donnera à la chose) à ce que je crois instinctivement et à ce que ma propre expérience me dit approcher de la vérité. J’ai eu une petite enfance très libre. Très, très libre, je dirais. Du genre impensable en 2017, avec des promenades seule avec mon chien en forêt bien plus loin que vous pensez, et des parents ignorant totalement mon emplacement (mais ne doutant pas que le chien et la faim me ramèneraient bien).


Ce que vous voyez sur les photos est inspiré d’un truc Montessori, si je ne m’abuse (j’ai quand même vu des choses en farfouillant, et des choses d’intérêt!). Un bac de sable ou quelque chose comme ça, avec des lettres texturées ou en relief pour que l’enfant les trace d’abord avec son doigt sur la lettre-accessoire, puis dans le sable. C’est tactile et moteur, ça mène à la littéracie en douceur, et j’ai trouvé l’idée bien bonne.
Alors j’ai fait quoi? J’ai pris un vieux moule à gâteau et du sel… et j’ai laissé aller ma fille. Sans lettres texturées et sans directive, je l’ai juste laissée jouer. Elle s’est mise à dessiner, à jouer de toutes sortes de façons avec le sel. Pour réinitialiser cet Etch-a-Sketch improvisé, suffit de secouer le moule doucement, comme le jouet! J’ai sorti les formes et les emporte-pièce qu’on utilise habituellement avec la pâte à modeler. Quand elle en a assez, on remet le sel dans le pot pour le réutiliser plus tard… et on le range avec le moule à gâteau, dont le revêtement est maintenant détruit (oups — alors coût de l’opération, un peu de sel et un moule à gâteau! Mais si ça vous tente vous pouvez aussi payer plus de 50$ pour un bac sans couvercle avec du sable de couleur, ben quin! Voyez ce que je veux dire? Des cossins!). Les lettres? C’est venu récemment, en jouant. Je l’ai mise au défi de tracer un K, un D, un E… C’est étrange, je n’ai même pas eu à dépenser plus de 50$ pour des lettres en papier de verre… héhé! (Vous voyez sur les photos une de mes solutions: un alphabet imprimé à la maison, glissé sous une nappe en plastique.) On va continuer comme ça: petit train plus créatif ira tout aussi loin… pour moins cher.

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