L’autre jour pour le souper je faisais des pâtes. (Ah oui en passant, à part les macaronis, je n’ai pratiquement plus acheté de pâtes alimentaires depuis mon achat. Surtout depuis que je les fais, les miennes, à partir de moitié farine et moitié semoule de blé pour les ingrédients secs, je les trouve vraiment très savoureuses; c’est juste le format qui n’est pas idéal, et je continue de vouloir les autres anneaux). Donc je faisais les pâtes, je les regardais sortir pour les couper et j’ai eu tout un flash. Je sais maintenant ce qui a été plus fort que moi et m’a fait verser beaucoup de dollars pour ma rutilante machine (qui ne me suscite aucun regret, là, mais quand même, c’était cher, comme outil). Et ça vient de loin, de très loin. D’un autre… siècle!Parfois (tout le temps, oui!) avec les enfants on se demande si c’est trop ou pas assez, si c’est vraiment-de-vraiment trop ou si beaucoup, c’est juste parfait. Côté joujoux, babioles, fournitures et cossins, je veux dire. Ma mère n’avait rien, moi je chérissais chaque chose au point de la rendre plus-que-précieuse. Mes enfants, qui en ont bien davantage, ont tendance à ne pas trop s’en faire avec chaque petite affaire (à l’exception d’un petit Milou que mon fils a adopté et traîne parrrrrtout, au point de le demander au milieu de la nuit s’il l’échappe et de ne pas quitter son lit sans lui, au point où Milou a son siège attitré où attendre son maître quand celui-ci mange et donc se salit!). Où est le juste milieu entre consommation effrénée (ouache, de plus en plus, j’en peux plus) et ne les priver de rien? Entre fournir ce qui stimule la créativité et étouffer le désir de désirer?
Quand j’étais petite, mon père ne voulait rien savoir du Monsieur Patate dont je rêvais. Il prétendait qu’on ne vendait que les accessoires et que chaque fois il fallait gaspiller une vraie pomme de terre! J’avais beau dire que non… Bien des années plus tard, j’ai fait un bel achat dans un marché aux puces. Et depuis, nous avons ici une très belle collection de Monsieur et Madame Patate, de leurs enfants et de tout ce qu’on peut ficher dans leurs trous, merci. J’avais tant désiré et mon désir avait tant été frustré que même maintenant, quand les enfants renversent partout les bacs à patates, je ne me plains pas. Souvent, je joue moi aussi. Et je repensais à ça, ce soir-là devant mes pâtes. Vous voyez…?
Le salon de barbier de Play-Doh, l’avez-vous eu, vous? Ben moi, non. Et je le voulais. Je bavais sur l’écran du téléviseur devant les annonces. Je le VOUOUOUOUlais, m’entendez-vous? Et là, 35 ans plus tard… je l’ai, en quelque sorte… Alors voilà, ça repart le cycle de ma question: qu’est-ce qui est de trop, et qu’est-ce qui va, dans deux ou trois décennies, leur faire faire une petite folie? Impossible de le prédire. Mais quand même, une note: si j’avais tout eu, que des oui et d’autres oui… est-ce que je repenserais même parfois à ces jouets-là?
(Ma fille a eu Opération, que j’ai demandé pendant quelques années avant de l’avoir, et ça m’a replongée dans d’EXcellents souvenirs. Ma Bout de chou, espérée trois ans? Je l’ai encore et je la protège jalousement. Comme quoi le désir, ça compte. Je ne sais pas ce qu’il en reste, en 2017, du désir. M’enfin.)
Moi c’est avec les gants de hockey que j’ai vécu cette expérience en premier. Je n’en ai jamais eu «pour jouer dans la rue» et quand il a fallu en acheter pour mon fils (qui a joué dans une équipe — une vraie!) je me suis fait le cadeau de m’en acheter pour moi aussi. Ils ne m’ont presque jamais servi. Mais je les ai.
Je me souviens très bien du salon de coiffure Play Doo… mais je n’y ai pas rêvé autant que toi!
Y a de ces souvenirs sensuels, irrationnels… La caravan Barbie, m’en fiche aujourd’hui. Mais certaines choses non, va comprendre! N’empêche: les pâtes sont bonnes!