*Si je ne me trompe pas, c’est dans le roman de Natasha Kanapé Fontaine que j’ai appris que cette expression vaut mieux, car ne venant pas (comme la notion de nation…) du colonisateur. Je l’ai adoptée, car elle est indéniable: ces peuples étaient là les premiers (peu importe la colonisation que nous avons pu subir ensuite, qui a marquée le peuple québécois, lequel devrait donc pouvoir comprendre un peu…).
Je trouve que Chantal Guy a habilement mis le doigt sur un gros bobo/malaise, ici:
On dirait même que, pour certains parmi les plus inquiets pour la survie du français au Québec, la question autochtone est en train de devenir un nouveau cheval de Troie multiculturaliste contre le Québec, plus particulièrement lorsqu’on leur dit que le français est une langue coloniale, elle aussi. J’avoue que ça fait mal à entendre quand on est québécois, mais d’un point de vue autochtone, c’est tout à fait vrai. L’anglais ou le français ont été pour eux des langues d’assimilation qui auraient pu faire disparaître la culture des 11 Nations autochtones du Québec et qu’une nouvelle génération est en train de sauver. La prise de parole et la reprise en main de leur destin doivent passer par la sauvegarde de leur langue. Comme francophone, je ne peux que comprendre. Même que j’aurais aimé apprendre l’innu pour lire Joséphine Bacon dans le texte.
— Chantal Guy, En anishinaabemowin, s’il vous plaît, La Presse, 3 mars 2022 (c’est moi qui souligne)
J’ai envie d’ajouter que si on parle d’anishinaabemowin (je suis contente d’apprendre le nom de cette langue!), il faut aussi parler… d’innu-aimun. Mais surtout, depuis quelques mois, j’ai envie de diffuser les paroles d’une chanson de Samian qu’on ne risque pas vraiment d’entendre à la radio (ni apparemment dans les festivals)… des Blancs. Je copie-colle un extrait en français, parce que nous avons, comme peuple colonisateur, à lire et entendre ces mots-là. Du moins je le crois. Pour que cela cesse et qu’on mette un terme à la discrimination, au racisme, aux préjugés, à l’attitude défensive ou méprisante…
[…] Au nom des enfants vendus et déracinés
Au nom des femmes disparues et assassinées
Des femmes ligaturées à leur insu
Un génocide bien planifié, et ça continue
Enfants des Britanniques au sens de la loi
La loi sur les Indiens d’un pays sans foi, ni loi
Pour eux, nous ne sommes qu’un sujet
Des prisonniers politiques au nom d’sa majesté
’69 et leur putain d’livre blanc
Ou plutôt comment s’laver les mains avec le sang des innocents
Ils ont rêvé d’une Amérique blanche
Des assassins imprimés sur leur billets d’banque
L’interdiction d’parler nos langues, c’est un génocide
Tuer l’Indien à l’intérieur de l’être humain, c’est un génocide
Voler et vendre des enfants, c’est un génocide
Les femmes autochtones disparues et assassinées, c’est un génocide
La Constitution canadienne est un génocide […]
— Samian, Génocide