En 2009, on avait acheté des mûriers et on se trouvait bien intelligents (on a déchanté de ce côté depuis). Cette année-là, les fleurs de mûriers sauvages avaient gelé (cette année dans ma région, les bleuets cultivés y sont passés, mais pas les sauvages — et y a une leçon là!) et on ne le savait pas, alors sans le savoir, forts de notre ignorance urbaine (je ne dis pas que les urbains sont ignorants, mais que nous l’étions; n’empêche que ça s’applique à d’autres qu’à nous, sauf que c’est pas à moi de le déterminer), nous avions planté nos beaux spécimens chers… en plein milieu d’une grosse talle de mûriers sauvages (faut le faire, quand même). Six ans plus tard, sans entretien (parce que la vie, le potager, la famille et le reste font que l’entretien de certaines affaires ne se fait juste pas chez nous, bien honnêtement, et ça risque pas de changer bientôt), ça donne des joncs comme ça.
Ceux-là sont verticaux, c’est déjà bien. Mais il y en a à l’horizontale aussi, tombés. Et quand on pile dessus (ce que je fais à répétition… ça a l’air stupide dit comme ça, mais c’est justement pour me rendre aux mûriers sauvages que je marche là…), les épines se détachent et restent sous le pied. Charmant. Si ça produit beaucoup de baies, ces mûriers non entretenus? Pantoute. (Que dalle, ai-je envie de dire en ce 14 juillet.) Bref ouin bon, on repassera. Voici plutôt, juste à côté, un plant de mûrier sauvage. Bien plus court, et aux épines qui ne blessent pas (la Puce et moi marchons parmi les mûriers sauvages pieds et jambes nus, sans aucun problème. Quelques minuscules égratignures? On s’en fiche quand on a de belles mûres plein la figure — telle mère telle fille!). Et cette année, les mûriers sauvages promettent de produire en pas pour rire.
Ne me croyez pas sur parole. Voyez plutôt un petit bout de rien de ce qui fera notre régal jusqu’en septembre.
Plein de fleurs qui deviendront plein de baies. Aucun entretien. Ça repousse tout seul chaque année. Et j’en trouve ailleurs, dans les fossés et le long des champs (mais alors faut se hâter, parce que les agriculteurs voient cette diversité-là comme un empiètement forestier sur leurs droits de labours et les fauchent annuellement — alors que les plants disparaissent au sol à l’automne de toute façon; s’ils ont le temps de la faire, ils fauchent, même en pleine fructification, comme si c’était une chance à saisir que d’éliminer des fruits dont se régaleraient les oiseaux… qui fertilisent le sol pour rien (ça pourrait régaler les fermiers aussi, mais voilà, faut descendre du tracteur pour récolter, et dehors c’est pas climatisé…). Oui bon ça peut attirer les ours aussi. Pis? Ainsi va la vie. Mais bon hein ça c’est ma philosophie, et je prêche (si peu) dans un désert aride à l’infini, sans aucun espoir ni réelle tentative de convaincre (je suis trop vieille pour avoir cette naïveté-là)). Bref, c’est une chance de pouvoir se régaler chez soi. Ailleurs, toute vie devient défi.