Un sondage, ce printemps, a révélé qu’un résident adulte sur cinq des régions métropolitaines de Montréal et de Québec a récemment considéré s’installer dans une région rurale du Québec (on parle de près de 700 000 personnes, alors s’il-vous-plaît, pas de ruée vers mon petit village!). Certains feront le saut, beaucoup ne le feront pas. Les raisons pour quitter la ville pour la campagne sont aussi nombreuses que les rêveurs, j’imagine. Les raisons de ma propre décision? Ouf, elles sont nombreuses. D’abord, je suis née à la campagne, et j’ai profondément ressenti à quel point j’ai été déracinée. Au point où Montréal m’est devenue hostile, même si je lui reconnais des charmes et si je vois clairement que pour une ville de sa taille, elle s’en tire bien. Par contre, elle ne m’offrait pas le cadre naturel dans lequel j’ai grandi. Un parc, une montagne… comment s’en contenter quand on est née habituée à se promener sur plusieurs montagnes sans rencontrer quiconque ni aller chez le voisin? (Les voisins, souvent une autre bonne raison de partir sans regarder vers l’arrière!)
J’avais besoin d’espace et d’une vie remplie d’éléments plus naturels. Garder la forme, par exemple, était tout un casse-tête pour moi en ville. Se déplacer en vélo? Pas si utile quand on travaille chez soi, qu’on a un vélo trop cher pour être laissé dehors et trop lourd pour être descendu par moi seule (mon vélo est lourd, oui, mais c’est qu’il est parfait pour une blessée du coude!). Aller au gym? Bah. Je l’ai fait en plusieurs phases, mais jamais je n’ai accroché. Les façons de rester en forme pour moi en ville me semblaient toutes par trop artificielles. Ici? C’est en faisant des choses utiles (et souvent agréables!) que je reste active. Ça me plaît. D’autres raisons concernent mon besoin de solitude, mon désir de cultiver nos légumes (j’ai eu une très mauvaise expérience dans un jardin communautaire…), mon souhait d’atteindre une plus grande autonomie (les règlements de condos, très peu pour moi!). Bref mes raisons ont mille facettes.
Les difficultés liées au déménagement campagnard sont tout aussi diverses, j’en ai déjà parlé. Il faut trouver emploi, logement, école, médecin, alouette! Les résultats du sondage sont compréhensible: j’imagine mal, par exemple, ma mère et son compagnon s’installer dans le Grand Nord en sachant que l’hôpital est accessible en hélicoptère quand il fait beau! Il faut par contre ajuster son paradigme d’urbain, et savoir que l’hôpital n’a pas à être dans votre municipalité, pas plus que l’épicerie ou quoi que ce soit, tant que les services essentiels (pour vous) se trouvent dans une municipalité voisine. Le Québec est grand et peu peuplé, somme toute, alors habituez-vous à faire de la route! (Devenir néorural sans véhicule? Bonne chance…) De toute façon, bonne nouvelle, la route est pittoresque!
Un inquiétude des gens interrogés pour le sondage me touche particulièrement, puisque je travaille à la maison. Je l’ai même fait inscrire dans notre offre d’achat: avant de passer chez le notaire, il nous fallait confirmer la possibilité d’un accès Internet. Je ne suis pas la seule (ex-)urbaine à voir les choses ainsi:
46 % des résidents adultes des deux RMR considèrent internet à haute-vitesse comme un facteur qui influencerait, certainement ou probablement, leur choix d’aller vivre dans une municipalité rurale plutôt qu’une autre. De façon plus détaillée, 26,7 % affirment que certainement leur choix serait influencé par la disponibilité de la large bande passante. Signalons que chez les jeunes âgés de 25 à 34 ans (45 %), les détenteurs de diplômes universitaires (43 %) et les allophones (43 %), cette proportion est plus élevée.
J’ai fait énormément de recherches. Je tenais mordicus à voir les mots haite vitesse sur mon relevé. C’était crucial, vital, j’en dépendais. Chez moi… impossible, la maison est trop loin. On ne m’offrait qu’un service intermédiaire par l’entremise de ma ligne téléphonique (ce qui m’a fait un peu peur: la dernière fois que j’ai eu Internet par téléphone, ça bloquait la ligne!). Ouille. Devait-on renoncer à notre projet, à notre rêve? J’ai tenté par tous les moyens de trouver un service Internet par satellite (faites la recherche vous-même pour le Québec. Voyez cette pub de Bell en haut? Ne cliquez pas. Vous ne trouverez rien sur leur site, et quand vous clavarderez, on vous transfèrera à une anglophone qui ne répondra pas du tout à votre commentaire sur la langue qui vient de changer malgré vous, et après vous avoir fait perdre près d’une heure, elle vous redemandera le nom de votre village, mais cette fois, s’il-vous-plaît… en anglais! Fin d’une de mes très nombreuses montées de lait contre Bell, l’incroyable entreprise qui ne sait pas fonctionner sans monopole!). Oulala les amis, le prix de la chose! Pour me rapprocher de la haute vitesse, on en arrivait très vite à plusieurs centaines de dollars par mois! Devoir travailler le soir et les weekends pour un accès Internet dans une maison dont je ne pourrais alors plus jamais profiter? Mauvaise idée!
Après le déménagement, j’ai pris une dizaine de jours de vacances (si c’était à refaire je prendrais deux mois…). Je me suis dit que c’était l’occasion rêvée d’essayer l’accès intermédiaire par téléphone sans prendre trop de risques. Eh bien vous savez quoi? Avec mon petit accès intermédiaire offert par Sogetel, je ne vois pratiquement aucune différence comparativement à la haute vitesse super ultra extra machin-truc de Vidéotron! Oui, certaines pièces jointes mettent quelques secondes de plus à arriver à bon port. C’est tout. Des secondes. Pour la navigation, les transferts par FTP, le courriel… aucun problème! Alors, vous qui rêvez de ruralité, cessez de vous cacher derrière des bandes passantes inexistantes et plongez! La campagne n’offre pas ce que la ville offre, et c’est un peu ça l’idée, non? Par contre, vous jouirez de quelques secondes, en téléchargeant vos documents, pour écouter un peu les cigales et les oiseaux, et observer un peu les pousses et les fleurs!