Je vous ai déjà parlé un peu de Cesar Millan. J’y reviens, parce que je vois autour de moi trop de chiens déséquilibrés, et que ce déséquilibre provient uniquement… de leurs humains. J’y reviens aussi parce que je suis ébahie par les aptitudes pédagogiques de cet homme. Il offre des livres, une émission de télé et des DVD de cette émission. Eh bien il ne s’agit pas de marketing (bien que je ne sois pas malheureuse de le voir gagner un excellent revenu!), mais vraiment de pédagogie pour humains: les bouquins permettent à l’humaine qu’est la campagnarde de comprendre pourquoi il faut faire certaines choses et en éviter d’autres, et l’émission permet de voir comment mettre en oeuvre ces principes. Avec les nombreuses répétitions des émissions, qui pourtant abordent chacune des situations différentes, on finit par comprendre de mieux en mieux. Plus j’y pense, plus sa méthode d’enseignement est efficace (et si j’avais eu plus de pédagogues que de fonctionnaires comme professeurs, j’aurais eu plus de plaisir à l’école. Oh, j’avais de très bonnes notes, mais je n’ai vraiment connu le bonheur qu’avec de fins pédagogues, peu importe la matière). Je vous lance ici quelques principes tirés des enseignements de Cesar (impossible d’écouter l’émisison et de penser à lui comme étant monsieur Millan: il est si sympathique!), question de partager et d’ainsi me souvenir mieux. Je vous les lance en vrac, et j’y reviendrai sans doute, parce que la chose est loin d’être complète. Appelez ça des pistes…
D’abord, quand un chien ne fait pas ce qu’il devrait faire (il jappe, il grogne, peu importe), il ne faut jamais jamais jamais l’encourager. Et pas encourager je veux dire lui parler d’un ton calme et rassurant (ou pire, énervé, ou frustré!) ou le flatter. Oui, si c’était un enfant apeuré au lieu d’un chien, il vaudrait mieux le toucher et lui parler doucement pour le rassurer. Mais quand vous faites la même chose avec un chien, vous lui dites essentiellement qu’il fait la bonne chose. Votre petit chien grogne devant un visiteur. Vous le prenez et le cajolez. Vous venez de lui dire Bon chien, c’est ça qu’il faut faire, défend-moi parce que j’en suis incapable. Et en le prenant vous avez élevé sa position sociale, le rendant dominant malgré lui. Oui, malgré lui, parce que la très grande majorité des chiens ne VEULENT PAS dominer. C’est quand vous lui signifiez que vous n’êtes pas le meneur que le pauvre chien est désemparé et SAIT qu’il doit jouer ce rôle pour lequel il n’est pas fait. Le meneur doit être l’humain, et en tout temps. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas être affectueux avec son chien, non! Mais il faut lui donner de l’exercice, de la discipline et de l’affection, et dans cet ordre seulement. Et cette affection doit être donnée quand le chien est calme et à l’écoute, uniquement, car c’est le comportement à récompenser. Tout autre comportement récompensé ne fera que confondre le chien, et un chien confus ne peut pas être équilibré (l’équilibre, vous l’aurez compris, est le but de la chose). Si le chien adopte un comportement inacceptable, il faut donc le ramener à un état d’esprit calme et réceptif, et pour ça… il faut être calme et confiant soi-même.
Quand Cesar se rend chez quelqu’un pour réhabiliter un chien et former une personne, il demande toujours si cet humain a maîtrisé la promenade avec son chien. Maîtriser la promenade, c’est ne sortir qu’avec un chien calme et à l’écoute (en sortant avant lui et en l’invitant à nous suivre calmement), et promener ce chien à ses côtés, pas devant ni en zigzaguant. Pour ce faire, la laisse est essentielle. Oubliez les harnais si votre chien vous mène, car ces harnais ont été conçus pour le pistage et pour tirer des charges (souvent… le maître), et pour ainsi offrir plus de puissance au chien, ce qui n’est pas une bonne idée si le chien vous promène et non le contraire. La laisse sera donc courte, ou tenue courte, mais sans aucune tension. Pour corriger un comportement (la fameuse discipline), on donne un petit coup vers le haut (pas vers l’arrière, car cela stimule l’instinct du chien et le propulse vers l’avant) et on relâche immédiatement la tension. La laisse, c’est le fil conducteur qui transmet l’énergie. Et c’est cette énergie, chez l’humain, qui est la clé du comportement équilibré chez le chien. L’humain doit être calme. Absolument. Et il doit s’inspirer du chien et vivre le moment présent. C’est donc dire qu’un autre chien qui approche n’est qu’un chien qui approche, et que vous devez rester calme et surtout ne pas vous mettre à craindre l’interaction, car l’horreur que vous imaginez ne pourra qu’arriver, bien provoquée par vous et l’énergie que vous envoyez au chien par la laisse.
Récemment, l’Homme a voulu faire passer Tango pour la première fois par l’escalier intérieur. Tango n’a jamais voulu: c’était pénétrer dans le territoire des chats! L’Homme commençait à perdre patience (et ça, le chien le sent toujours!). Je l’ai remplacé, et j’ai mis à Tango sa laisse, puis j’ai marché vers l’escalier. Il m’a suivi sans aucun problème, parce que je lui disais de tout mon être qu’il n’y avait pas de danger et que je le guidais. Aucun mot n’a été nécessaire, et toute parole de réconfort n’aurait fait que l’inquiéter. C’est logique après tout: mon humaine me dit de ne pas m’inquiéter, c’est donc qu’il y a lieu de s’inquiéter! Au lieu de cela, je lui ai démontré que moi je n’avais aucune inquiétude et que je prenais la situation en main. Quand cela arrive, le chien n’a plus qu’à se détendre!
Un chiot naissant n’entend pas et ne voit rien. Tout commence par le nez. Ensuite par les oreilles, et enfin par les yeux. Et c’est dans cet ordre qu’il faut intervenir. Nos millions de mots ne forment donc pas le meilleur mode de communication pour les chiens. Côté discipline, il ne s’agit jamais, jamais, jamais de maltraiter le chien. Il suffit de faire un son (si l’énergie ne suffit pas) ou de le toucher, un toucher rapide, vif, mais pas une poussée, pas un coup. Il s’agit plutôt de distraire le chien, de le sortir de sa concentration sur un sujet non souhaité. Et pour garder son autorité, on intervient au même niveau que le chien. Je paraphrase Cesar, mais si, sur une échelle de un à dix, le chien s’énerve jusqu’à un cinq, il faut intervenir à un niveau cinq ou six, pas quatre (et pas neuf non plus!).
La bouffe. La bouffe est une récompense pour un travail effectué, point. Quel travail? Mais la migration! La promenade, si vous préférez. (Il est essentiel que le chien sente qu’il a un travail; ne vous demandez pas pourquoi les chiens de ferme sont si équilibrés!) Et attention, il faut mélanger la bouffe avec nos mains, pour qu’elle ait l’odeur de l’humain qui la fournit. C’est une façon de répéter au chien que nous nous occupons de lui, qu’il n’a rien à craindre, que son travail est récompensé. Et on ne nourrit qu’un chien calme et à l’écoute. Pour Tango, c’est facile: il était habitué. Il s’assoit, on pose le plat. Il nous regarde dans les yeux et attend qu’on lui donne la permission. Et récemment il a commencé à manger moins vite, ce que j’interprête comme un signe de confiance de sa part. Tout de même, nous continuons à lui donner ses repas en deux portions séparées d’un bon quart d’heure (un chien qui mange trop vite peut souffrir d’un retournement de l’estomac, qui requiert des soins experts d’urgence… non, merci!).
Chez nous, tout n’est pas parfait, mais on y travaille. En général quand je promène Tango, c’est à peine si je sens qu’il est au bout de la laisse tant il n’y a aucune tension entre nous. L’Homme le promène souvent sans laisse du tout, et le toutou reste à son côté. Là où c’est plus difficile, c’est quand il faut capter l’attention de Tango en présence d’un autre chien. Tango aime beaucoup, beaucoup, beaucoup les autres chiens. Et jouer. Mais voilà, il faut être infiniment uniformes et constants, et les résultats se font voir et sentir chaque jour.
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