Quand je vous dit que l’arrive à la campagne a été assortie de petites surprises, je ne vous en ai pas encore parlé, mais je pense entre autres à nos ex-poulaillers. (Un instant, que je soupire profondément…) Bon, retour en arrière. On a visité la maison en février passé. La grange était inaccessible car entourée d’un bon mètre de neige. Qu’à cela ne tienne, nous avions nos raquettes. Et puis en arivant, de la route, à travers les arbres, j’avais cru comme deviner une structure blanche derrière ladite grange… Un abri pour le bois? Voilà qui serait fantastique! Raquettes aux pieds, nous sommes allés explorer. Hmmph. Des poulaillers. Plein de poulaillers. On verra bien au printemps si on peut les sauver et s’en servir pour une chose ou une autre… Au printemps, c’est vite devenu clair: pas question. Les structures avaient abrité des volatiles de tous genres, mais voilà, quand l’ancien proprio résident est décédé, personne n’est venu nettoyer. Depuis deux ans étaient au sol des collines de déchets fécaux. Les planchers étaient pourris. Rien à faire de ces trucs insalubres, fabriqués par un amateur visiblement obsessif (des clous aux quinze centimètres… mais pas des clous faits pour un usage extérieur…). Pire, des gens du coin (je présume), sachant la maison et le terrain déserts, étaient venus se servir (et hop est parti avant notre arrivée une partie de l’avancée de toit derrière ma grange, là où je veux faire un jour une cuisine d’été…). Pas le choix, fallait démolir.
C’est pas mal plus vite écrit que fait. Mais bon, nous venions de déménager, je vous le rappelle, et vous comprenez donc à quel point il était urgent de s’occuper de la chose… Trois hommes, trois heures, des marteaux, des masses, des millions de mouches noires (c’était à la fin mai), de la sueur, du bruit… et nous avons eu, à la fin, de belles piles de matières à brûler, recycler, réutiliser… et à admirer. Oui, aussi bien les admirer. Parce que six mois plus tard, les piles de crappe (n’est-ce pas le mot technique?) sont toujours là, prêtes à être couvertes de neige (question de pouvoir prétendre qu’elles n’ont jamais existé…). Il y a pire. À la fin des trois heures de sueur, il restait et reste encore la structure centrale. Mes helpers n’avait plus de jus. Manifestement, j’ai besoin de trouver des amis qui ont davantage besoin de se défouler…
Bois, broche à poule, fenêtres, perchoirs, tôle… on a même trouvé, servant de toit, une vieille table à marée (malheureusement brisée). À temps perdu cet été, le Coco a décloué. L’Homme aussi. Mais quand je dis temps perdu, je veux vraiment dire temps perdu: les morceaux de bois contiennent tant de clous si longs et rouillés que le temps passé à les enlever est plutôt perdu, oui. Vaudra mieux tout brûler soigneusement, et récupérer les restes de clous ensuite, un à un. La phase de démolition finale attendra à 2010, maintenant. Ça nous fera du bien, et on pourra récupérer une grande partie du terrain. Cet été, l’ensemble de la chose m’a trop découragée, et dans ce coin-là je n’ai pas beaucoup été.
Le pire? Je n’ai rien contre l’idée d’avoir des poules. Bon, je serais incapable de les tuer, mais j’aimerais avoir leurs oeufs, et les poules en liberté (ou en semi-liberté, avec un enclos qu’on peut déplacer) font des merveilles: elles gobent plein d’insectes nuisibles et effectuent un labour de surface infiniment bénéfique pour le sol (sans parler de lui fournir de l’engrais!). Les héberger dans ces trucs malsains, par contre, je ne l’ai même pas envisagé. En avoir un jour? Peut-être, mais… mais c’est déjà quelque chose pour nous de ne pas dormir ici une nuit: un chien et quatre chats, passe encore, on a des amis qui les aiment et nous aiment assez pour venir s’en occuper et profiter de notre bout de campagne. Ajoutez des poules, et je crois que plusieurs citadins auront la trouille. Sans compter qu’il faudrait leur aménager des quartiers d’hiver (pas tant aux amis qu’aux poules…). C’est pas 2010 la veille. (Hein, on voit qu’en six mois j’ai appris à être plus réaliste avec les échaéanciers, tout de même!)
J’ai l’air de changer de sujet, mais je m’expliquerai ensuite. Quelqu’un parmi vous a-t-il lu en version traduite le Traité du Zen et de l’entretien des motocyclettes (Zen and the Art of Motorcycle Maintenance; pour une traductrice, je lis très peu de traductions, et aucune si je peux l’éviter) de Robert M. Pirsig? C’est que j’aimerais vraiment savoir comment le, la ou les traducteur, trice, teurs, trices a ou ont pu rendre le concept de gumption trap. On vit tous ce genre de moment à l’occasion: on entreprend un projet, et quelque chose cloche. On perd de la motivation. Puis ça va de mal en pis. On s’entête, et plus on le fait, pire c’est. Enfin, on abandonne et on n’y revient pas pendant des mois, parce qu’on n’a plus ce qu’il faut, ce je ne sais quoi en ressources et en patience. Quand on se sent comme ça, vaut mieux pas toucher à sa motocyclette (aucun problème ici sur ce point! Mais bon hein c’est une métaphore, ça vaut pour n’importe quoi…). Un jour peut-être on revient avec une autre attitude et tout va bien, on réussit à finir le projet facilement, rapidement, et on s’étonne de notre abandon passé. C’est qu’il a été causé par ce piège (qu’on peut aussi éviter, m’enfin lisez donc le livre et sa suite (Lila), soit vous adorerez, soit vous détesterez et me blâmerez!). Eh bien nos poulaillers ont suivi ce chemin. Une fois passés notre enthousiasme et notre sentiment d’urgence premiers, la balloune s’est dégonflée. D’ailleurs ce billet que vous lisez… est un des premiers dont j’ai prévu la rédaction. Il m’attendait, sans texte, avec ses photos, depuis le tout début. La gumption trap a étendu ses tentacules du poulailler à mon ordinateur, et rien qu’à y penser je me décourageais. Ce billet est donc le premier coup de massue de la phase 2 de cette démolition nécessaire. Quin toé!
>Quelqu’un parmi vous a-t-il lu en version traduite
>le Traité du Zen et de l’entretien des motocyclettes
Oui, mais il y a des lustres… je suis même pas certain d’avoir encore le livre avec moi…
Tu peux regarder… dans ta base de données? 🙂
(Avoir eu pour mandat de traduire ce livre, j’aurais probablement mis plusieurs mois juste à trouver la bonne traduction pour le concept… Mais bon, faut dire que je ne suis pas, pour le moment du moins, traductrice littéraire! (selon ce que j’en sais, ça ne vaut pas généralement le… coût!))
«le, la ou les traducteur, trice, teurs, trices»
Tu devrais ajouter l’avertissement suivant sur ton blogue:
«Les genres masculin et féminin ainsi que les nombres singulier et pluriel ont parfois été adoptés afin de rendre le texte absurdement lourd. Faut que ça fesse!»
Je pensais que c’était sous-entendu 🙂
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