Ce billet s’inscrit dans une série pour le vendredi sur les Campagnonades. J’y parle de notre réalité de l’apprentissage hors des murs de l’école.
Savez-vous ce que je fais quand j’explique une notion quelconque à ma fille? Je l’observe. Parfois, elle dit ne pas voir que nos visages se ressemblent, mais elle a hérité de moi le fait que tout se lit sur ses traits. Quand elle perd sa concentration, je vois pratiquement les cratères de la lune dans ses iris! J’arrête, je reprends, je propose une pause (allons voir les poules!) ou un verre de lait, je note intérieurement (parfois, j’ai choisi une lecture trop ardue; parfois le temps a filé et elle ne peut plus rester assise, c’est bien normal!), et on poursuit.
Quand ce n’est pas une question de concentration, mais de compréhension, je le vois aussi sur son visage. Et parfois à sa frustration. Quand ça arrive, je lui demande d’être patiente… avec moi.
Je lui dis, tout simplement, que si elle ne comprend pas, c’est… ma faute.
C’est moi qui n’ai pas su lui expliquer d’une manière qui est claire pour elle, en faisant appel à ce qu’elle sait et connaît. C’est à moi de trouver une autre façon de faire, d’illustrer, de démontrer, de l’accompagner graduellement vers la compréhension. À MOI!
Maintenant, c’est elle qui me le dit: Maman, tu ne m’expliques pas ça bien, je ne comprends pas! Ce que ça change, qu’on recadre la situation ainsi? Eh bien… tout. Elle veut apprendre, je veux lui transmettre des connaissances, voire les apprendre avec elle. En lui disant que c’est à moi de les lui offrir autrement, je supprime sa crainte de ne pas être à la hauteur. S’il devait y avoir une anxiété de performance, elle devrait être mienne… et justement, je lui démontre qu’on peut dédramatiser tout ça: pas besoin de s’énerver, et au pire, on cherche de l’aide et on y revient demain. Pas plus compliqué que ça, et personne n’est parfait ni ne sait tout.
je rêve d’un prof comme toi pour Renaud!
Ha! Ben… disons que je rêve de conditions qui permettraient à toutes les enseignantes d’adopter cette attitude-là. Je n’ai vraiment rien de ce qu’il faut pour enseigner à 20, 25 enfants. Une à la fois, c’est pas mal plus facile (et j’ai de la chance: elle est avide d’apprendre, et sans difficulté particulière pour le moment).