Il ne reste plus que quelques jours pour signer la pétition sur la pratique sage-femme: allez-y!
J’ai une chance inouïe, que n’a qu’une femme sur quatre parmi celles qui en fait la demande, celle d’être suivie par une sage-femme. Comment cela fonctionne, d’abord? Les sages-femmes, au Québec, travaillent toutes dans les maisons de naissance (dans mon cas, la Maison de naissance de la Rivière). C’est donc là qu’il faut appeler (si du moins votre région en a une… vous avez bien signé la pétition, oui? C’est que n’a pas accès qui veut. Tenez, dans mon cas, la maison de naissance offre ses services à… l’ensemble des régions de la Mauricie et du Centre du Québec!) dès que vous apprenez la grossesse. Dans mon cas, encore une fois, chance: j’ai été première sur la liste d’attente pendant un petit bout de temps avant d’avoir ma place, à laquelle je tiens comme une forcenée.
Pourquoi une sage-femme? Ouf. J’ai envie de vous retourner la question: pourquoi un médecin? Mon médecin de famille ne sait même pas que je suis enceinte: ça ne le concerne pas pour le moment; je ne suis pas malade. Jusqu’à preuve du contraire, ma grossesse est saine et naturelle et tout va bien (alors que l’approche obstétrique veut que l’on ne décrive rien comme normal jusqu’à après coup; étrange que l’espèce ait pu survivre avant les obstétriciens, tout de même…). L’approche des sages-femmes est complètement différente de celle des médecins, du début à la fin. Tenez: à mon dernier rendez-vous, j’ai passé (nous avons passé…) deux heures avec elle! Je commence déjà à en savoir un peu sur elle et elle sur moi, et ce temps passé ensemble me permet déjà de lui faire confiance (or un facteur crucial pour une naissance heureuse (vous verrez dans un billet ultérieur pourquoi je choisis ce mot-là si vous ne le savez pas déjà!), c’est que la femme se sente en sûreté et en confiance…!). La personne au coeur de l’histoire, à part le bébé qui en est, évidemment, le but et l’objet adoré, eh bien c’est moi. C’est à moi de dire oui ou non, de choisir à chaque pas. Ça, eh bien… c’est la seule approche qui puisse me convenir!
Sachez aussi (c’est une question qu’on me pose souvent) que les sages-femmes font tout ce que ferait un médecin en ce qui concerne le suivi de grossesse. Vous voulez avoir toutes les échographies possibles et savoir le sexe: pas de problème! C’est à la maman de choisir, et la sage-femme respecte son choix. (Vous devinez ou savez: nous avons décliné sans hésitation.) Sachez aussi (autre question fréquente) que les sages-femmes offrent un service public: je ne paierai pas un sou de plus qu’une femme qui accouche à l’hôpital et est suivie par son médecin; c’est la RAMQ qui s’en charge. Les sages-femmes suivent, par contre, uniquement les grossesses dites normales: pas de naissances multiples, donc. Et si, une fois le travail commencé, la maman décide que finalement cette épidurale ne serait pas de refus, ou que quelque chose cloche ou que le travail, pour une raison quelconque, ne fonctionne plus, alors on part de la maison de naissance ou du domicile pour se rendre à l’hôpital. Eh oui, qui dit sage-femme dit femme qui souhaite accoucher naturellement (et donc qui ne vit pas une situation médicale qui ne le permet pas: on se comprend? Y a pas de risque à prendre et les risques ne sont donc pas pris. Accoucher avec une sage-femme est très sécuritaire). Dans mon cas, j’habite trop loin de la maison de naissance pour accoucher à la maison comme je le souhaite et comme j’estime qu’il serait normal d’accoucher (encore une fois, en l’absence de problème). Ça me déçoit, mais ce n’est pas faute de bonne volonté du côté des sages-femmes, et c’est toujours mieux que d’aller illico dans un hôpital où on m’a déclarée morte avant ma naissance malgré les affirmations contraires de ma mère qui me sentait bouger. Tenez, c’est peut-être depuis avant ma naissance que j’ai les médecins en grippe! (En fait j’en ai contre leur formation qui leur apprend à prendre une situation en charge unilatéralement… sans leur apprendre que cette attitude-là ne sert QUE dans les cas d’urgence! Qu’autrement, ils doivent tenir compte de la réalité entière de l’humain devant eux.)
Pour revenir à l’approche des sages-femmes… Eh bien voyez-vous, elles écoutent sans juger. Juste ça: ouf! Elles n’accouchent pas une femme; elles accompagnent la femme qui accouche. Et quand on entre à la maison de naissance (je parle évidemment de la seule que je connais), l’ambiance est calme, feutrée. À part le concierge, je n’y ai croisé que des femmes (et des conjoints!). Tout y est différent de l’hôpital, tout. Trois heures après son accouchement, la femme reçoit son congé. Mais elle peut choisir de rester dans sa grande chambre avec grande baignoire, grandes fenêtres (donnant sur forêt ou rivière!) et lit double (et moïse pour le bébé évidemment). Elle y mangera… des repas maison préparés sur place! (Le papa aussi, mais lui devra verser quelques dollars.) Le suivi de grossesse aussi peut être différent (bien qu’aussi complet). Ainsi on ne me parlera pas de diabète de grossesse (dont l’existence en soi est contestée!). Si je ne voulais pas parler de (mon) poids, pas de problème. Si je veux qu’on m’aide avec mon alimentation, on m’aidera, et si je ne souhaite pas en parler, on n’en parlera pas. Mes examens se font sur un lit simple! Si, je vous jure: je m’étends sur un lit, la sage-femme assise près de moi.
C’est tout simple au fond: les sages-femmes nous traitent comme des parents qui ont le droit légitime de faire les choix qu’ils estiment les meilleurs pour leur enfant (je dis parents, mais les sages-femmes diraient plutôt que la naissance concerne d’abord la femme et ensuite sa famille… telle que définie par la femme). Elles fournissent l’information dont on a besoin et respectent nos choix. Cette approche-là est puissante: elle prépare au rôle de parent, elle confirme notre confiance en soi quant à ce rôle, déjà assumé. C’est une approche… comment dire… groundée? (Ciel, un mot anglais!) Bien enracinée dans la réalité historique, physique et émotive de ce qu’est une mammifère humaine qui se prépare à donner naissance. Une approche que je trouve enveloppante, rassurante, autonomisante. Qui me permettra de rester centrée et concentrée même si, le moment venu, tout finissait par se passer exactement comme je ne le souhaite pas (il faut s’y préparer aussi, ou du moins dans mon cas c’est préférable!)!
C’est super!
On sent vraiment que tu fais le choix parfait pour toi et que tu t’y sens bien et sereine… et bah ça me fait vraiment plaisir pour toi!
Je te souhaite de tout coeur l’accouchement dont tu rêves!
On a des belles histoires de naissances toi et moi dis donc!
On t’a déclarée morte avant ta naissance…
Et on a déclaré à ma mère juste après ma naissance que j’allais mourir et qu’elle devait s’y faire!
Prématurée de 6 semaines et demie il y a 23 ans, ce n’était pas rien… mais quand même! Au bout de 2 semaines « en incubateur » j’étais en pleine forme et prête à partir vers la maison!
Et à la grandeur et grosseur que j’ai maintenant, je crois bien que je m’en suis tirée!
Je suis convaincue à 100%, c’est clair. Et plus je m’informe plus je le suis, c’est dire!
Ah c’est super de constater que parfois les médecins ont pas l’air de croire à la vie. Ou enfin. Disons qu’encore une fois c’est leur formation, ils sortent (ou du moins à l’époque sortaient) des choses atroces, sans délicatesse. Ou l’infirmière qui a parlé d’avortement plutôt que de fausse couche à ma mère pour celui qui aurait pu être mon frère. Bravo. *Misère!*
Après 4 accouchements, dont 2 avec sages-femmes, je te confirme que tous tes arguments se vérifient dans la réalité. Tu fais le bon choix! Et bonne continuation de bédaine!
Merci 🙂
Je suis vraiment très heureuse d’avoir eu ce choix. (Ou plutôt d’avoir pu écouter mon instinct sans me faire mettre de bâtons bureaucratiques dans les roues!) Et j’enrage au nom de toutes celles qui ne l’ont pas.
L’obstétrique a sa place: oui, en cas de risque ou en cas de problème. Pour la grande majorité des femmes et des accouchements… elle est inutile et extrêmement coûteuse (et je ne pense pas à l’argent en premier lieu ici)!
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