Avec un peu de réflexion, on peut tous (nous, Occidentaux, du moins) nommer des odeurs qu’on associe à la propreté. Ça peut être l’odeur du citron pour un plancher, du pin pour les meubles, un parfum floral pour les vêtements… Mais si on pousse un peu plus loin, si on prend le temps d’y penser… Au fond, ces odeurs-là, qu’on dit propres, sont des parfums chimiques rajoutés… pour faire propre! Ah, marketing, quand tu nous attrape par les narines, tu nous tiens bien! Et quand l’association de l’odeur et du concept de la propreté provient de nos enfances, nous sommes cuits. Ou enfin, inconsciemment, nous perpétuons l’illusion publicitaire. Mais ce qui est inconscient peut être rendu conscient, et alors on peut le remettre en question. Pour la lessive, je l’ai fait il y a plusieurs années.
Un parfum frais? Ça sent quoi, le frais? Brise pure? Moi qui pensais que la brise pure était comme l’air pur, inodore! (Je n’invente pas, je tire ça des emballages!) Fraîcheur d’avril? Et le reste de l’année? Ondée fraîche? Ensoleillé? À lire les emballages de savon pour la lessive, c’est à croire que quiconque visite sa laveuse a plutôt envie de s’évader dans un pré! Or le seul point en commun que je trouve entre le savon à lessive typique et un pré moyen, c’est le risque de développer des dermitatites et autres intolérances (sauf que sans être allergique à aucune plante, vous pouvez encore l’être à de nombreuses substances chimiques, qui demeurent emprisonnées dans le tissu des vêtements que vous portez).
Chez nous, on utilise des noix de savon ou noix de lavage/de lessive. Des noix, oui. Ou enfin, la coque des noix (bleues, les noix! mais toxiques…) de Sapindus Mukorossis, un arbuste qui pousse en Asie. Je place les miennes dans un grand vase en verre pour faire jaser, et ça fonctionne (quand le vase était à la cuisine, il y en avait aussi qui voulaient y goûter…). Frustrée un jour de ne plus en trouver dans ma boutique montréalaise habituelle, j’ai fini par en commander plusieurs kilos (!), et j’ai une bonne réserve (tiens tiens, un petit euphémisme…). Il suffit de glisser quelques coquilles dans un petit sachet en coton (fourni) et de jeter le tout avec les vêtements dans la laveuse. On peut au choix faire tremper au préalable le petit sachet dans de l’eau chaude (je le faisais au début, mais plus maintenant). Révolutionnaires, les noix de lessive? Traditionnelles, plutôt: elles sont utilisées en Asie puis longtemps et le sont encore aujourd’hui!
En décembre 2008, Protégez-Vous (que je consulte abondamment) a parlé ainsi des noix de savon (mes commentaires suivent):
Les saponines ont effectivement des propriétés nettoyantes. Toutefois, les laveuses frontales modernes* sont trop performantes pour que l’utilisation de noix de lavage fasse une réelle différence. En effet, les tissus lavés avec ces coques sont ressortis de la laveuse un peu plus propres… autant que ceux lavés à l’eau**. (…) Naturel ne veut pas nécessairement dire sans danger. Les saponines des noix de lavage sont toxiques pour les poissons, entre autres. On évitera donc de rejeter l’eau de lavage directement dans un lac. Par contre, leur effet antibactérien est utile dans les eaux usées des villes ou les fosses septiques***. Malgré la pollution causée par le transport, les noix de lavage sont en position avantageuse parmi les produits écologiques: la ressource est abondante, non transformée industriellement, et ses déchets sont compostables. (…) Les noix de lavage ont certainement leur utilité là où elles poussent, et probablement aussi pour d’autres applications qui nécessitent une action nettoyante douce, comme le lavage à la main****. Toutefois, on peut difficilement les recommander comme détergent pour laveuse, étant donné qu’elles n’offrent rien de plus qu’un lavage à l’eau dans une laveuse frontale performante. (Source)
*Ah, les fameuses laveuses frontales. Quand elles sont arrivées on a crié au génie, on venait de sauver la planête. Sauf que je ne suis pas convaincue. En mars 2009, toujours Protégez-Vous (ici, mais texte complet réservé aux abonnés) m’a justement affirmé que les laveuses à chargement vertical enlèvent plus de saleté, ont des cycles plus rapides, font moins de bruit, sont plus ergonomiques et occupent moins d’espace en profondeur! Contre une économie de dix dollars annuellement? Je ne vois pas l’avantage. Surtout que ma vieille laveuse de trente ans a été réparée (oui madame y des gens qui font encore ça!) il y a quelques années. Verdict du réparateur? Cette laveuse-là va vous durer plus longtemps qu’une neuve que vous achèteriez aujourd’hui, qu’il m’a dit! Alors la super frontale moderne et efficace, là, celle que je rentabiliserai en cent ans… elle repassera.
**Selon cet énoncé, je ferais mieux de tout simplement ne rien ajouter à l’eau de ma lessive. Ah oui, et on insinue ainsi que nos vêtements ne sont pas vraiment propres. Ah bon. J’avoue que certains sont tachés (vous devez assez me connaître déjà pour savoir que je n’ai rien d’une maniaque du frottage — mais attention, je continue à dire que les vêtements blancs et les petits garçons ne font ni ne feront jamais bon ménage! Et tant qu’à ça, campagnard, campagnarde et vêtements blancs… non plus!). Pis? La saleté et les odeurs, elles, sont parties après un lavage normal. Ce qui manque? Le parfum qui le prouve! (Ouache!) Avouons-le: sauf présence de bambins lâchés sur une pelouse ou de bébés avec couches lavables, les vêtements qu’on a portés et qu’on lave ne sont tout de même pas généralement crottés!
***Tiens, tiens! J’ai justement une fosse septique, moi!
****Comme on y est vite allé! Un instant je vous prie! Pour moi, une solution de lessive qui est renouvelable et abondante, non transformée industriellement… c’est important! Composter les déchets plutôt que de les porter sur moi, aussi! Et on a oublié de mentionner que les noix de savon ne contiennent pas de phosphore; les algues bleues, c’est pas moi qui les ai causées! Et la pollution causée par le transport? Elle est négligeable comparativement à celle qui est causée par la production, la transformation, l’emballage ET le transport des détergents à lessive ordinaires, et ça, c’est sans parler des dépenses en publicité qui sont refilées aux consommateurs et de la pollution visuelle qu’est toute publicité (oui bon, j’y vais fort, mais vous n’avez pas idée à quel point la pub me pue au nez, même si elle me fait parfois vivre!)!
Alors la conclusion, sur les noix de savon? Je vous conseille de les essayer et de vous faire votre propre opinion. Disons qu’il est difficile de se fier aux renseignements qu’on trouve ici et là (quoique je ne mette pas en doute l’intégrité du magazine que je vais cesser de citer ici parce que ça fera!) quand un petit produit naturel peut causer bien des pertes à de grandes multinationales. J’ajoute que chez nous, les vêtements propres sont sans odeur ni parfum (signe tout de même que l’efficacité est adéquate, il me semble…), et ont toutes les apparences de la propreté. Mais justement, tout repose peut-être sur notre conception de cette fameuse propreté (qu’on ne vienne pas me dire que les gens en Inde qui utilisent les noix de lessive depuis des siècles ont toujours eu des vêtements sales!)… Je ne veux pas de vêtements qui ont subi un traitement antibactérien: je veux simplement qu’ils soient propres! Et je n’ai pas besoin de sentir un parfum pour savoir que mes vêtements sont propres: le savoir me suffit!
commentaire en vitesse…
Je n’ai jamais utilisé ces noix…
mais pour enlever l’odeur d’urée (de l’urine des couches de tout-petit ou petites culottes et pantalon pour l’apprentissage à la propreté de l’autre garçon) y’a rien de mieux qu’un peu de vinaigre ajouté dans l’eau de la laveuse.
Ah, le vinaigre fait tout! Rien de mieux pour tout nettoyer!
J’ai reçu un sac de linges usagés non-usés et propre la semaine dernière… En regardant si les grandeurs pouvaient faire à l’un ou l’autre de mes enfants, ma Élaine (2e) me dit: « ouach ça pu dont ben ce linge-là! » Avec une moue de dégout comme seule elle est capable de le faire. C’était l’odeur de la lessive et de l’assouplisseur!
Ici quand je reçois du linge comme ça, la première chose que je fais, c’est laver le linge même s’il est propre. Généralement il contient beaucoup trop « d’odeur chimique » à la reception.
Hihihi! 🙂
J’utilise depuis des années des noix de lavage + vinaigre blanc + 1goutte d’huile essentielle de lavande sinon je trouve que le linge est propre mais ne sent pas très bon 😉
Par contre, avec les noix, le linge est plus doux, les couleurs ne ternissent pas et la machine s’en porte mieux également.
Ah oui, j’oublie souvent qu’on peut utiliser le vinaigre pour la lessive aussi! (C’est ce que j’utilise pourtant partout pour nettoyer! Enfin, sauf là où c’est le bicarbonate de sodium qui fait le boulot!)
Pour le parfum, tiens, c’est pas fou: je pourrais essayer une goutte d’huile d’agrume: ça nous remonterait le moral par temps gris! Mais j’aime bien l’absence de parfum, je dois dire.
Je ne pourrais pas affirmer que les couleurs restent mieux ou que les vêtements sont plus doux, simplement parce que je ne me souviens plus de nos vêtements d’avant! Et la machine, ici, est un dinosaure dont la durée de vie, jusqu’à présent, équivaut à celle de quatre ou cinq foutues nouvelles frontales (pas réparables). On touche du bois pour sa survie à long terme: tant mieux si les noix y contribuent!
Je me souviens, il y a 40 ans, quand on a eu une de ces fameuses laveuses frontales en Pologne. C’est ne pas « génie » on les avait en toute Europe et il sont venus de chez nous! Malheuresement, il n’ enlèvent pas plus de saleté, ils enlèvent moins! Il y a même à Montréal le poudre pour lavage, qui s’appelle PERSIL, avec lui on a beaucoup de résultats, mais il est très cher.