Le Coco joue au basketball. Moi je le trouve grand, eux le qualifient d’atome (mais bon, ils ajoutent deux A ensuite, on les prendra comme s’ils apparaissaient sur d’importants examens si ça ne vous fait rien). Récemment, il participait avec son équipe à un tournoi qui avait lieu à Trois-Rivières: chic chic chic, la campagnarde allait pouvoir jouer les partisanes! (Mieux: elle allait surprendre le Coco, étonné et heureux de la voir là, dans un gymnase (non mais… il me connaît, hein, et il ne m’a pas vue souvent dans ce genre d’endroit!))
Évidemment, les sports d’équipe et moi, ça fait deux. Oh, je peux aimer les regarder (le basketball, j’aime bien!), mais jouer? Oubliez-moi. La seule fois que j’ai aimé pratiquer un sport d’équipe, c’était le basket, justement, et uniquement pour la bonne raison que j’étais tombée sur une prof brillante, qui avait divisé le groupe en six équipes de différents talents. Comme ça tout le monde pouvait s’améliorer (lire: toucher le ballon de temps en temps) sans se faire traumatiser (lire: se faire dire clairement par les autres que le talent fait défaut, ce qui est évident quand on n’a jamais joué et bordel donnez-moi donc une chance, j’ai pas joué à ça dans mes loisirs depuis que je suis née, moi!). Dans une des équipes cotées C, eh ben j’étais pas si mauvaise. J’ai même aimé ça (je vous en ai déjà parlé). Et de façon abstraite, j’aime beaucoup le basketball pour ce qu’il est, comme le soccer: un sport qui ne coûte presque rien. Des souliers (quoique… en plein tournoi on a été en acheter une nouvelle paire, fort flamboyante et pas donnée du tout), un ballon, un panier. Merci, Coco, de ne pas avoir choisi de devenir gardien de but au hockey!
Alors, ce tournoi? Étonnant. Regarder de jeunes ados se donner en entier sur le terrain, c’est magnifique. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, peu importe au fond: je vois mon Coco faire des efforts immenses, se concentrer, courir sans cesse d’un bout à l’autre du terrain sans jamais arrêter ni se décourager, se contenir même quand il croit que l’arbitre se trompe, faire de nouvelles tentatives quand les précédentes n’ont pas eu le résultat espéré… wow! Magnifique! Je suis conquise! Et très, mais alors là trrrrès fière! (Non, il n’est pas l’étoile de l’équipe, non, pas le plus grand compteur: mais je mesure toutes ses victoires sur lui-même, et pour moi c’est clair, mon Coco est un champion!)
Voilà cependant pour le côté positif. Tout ce que j’ai vu sur le terrain l’était, positif (même que les entraîneurs du Coco, avec leur On encourage toujours, on ne décourage jamais et leurs sourires m’ont semblé être des gens vraiment sympathiques, qui comprennent que l’essentiel de ce qu’ils enseignent a peu à voir avec le sport: bravo! Mille fois bravo!). C’est dans les gradins que ça se gâte. Et malheureusement, c’est dans les gradins que j’étais. Les parents. Les parents m’ont fait capoter. Bien assis sur leurs deux fesses, ils se croient meilleurs que les entraîneurs, que les joueurs et que les arbitres. Ils savent tout. Ils peuvent tout mieux faire et comprendre que tous les autres êtres de la création. Encourager à grands cris, je veux bien (encore que je vous remercierais de laisser à la maison les tambourins, les flutes et autres gugusses qui tapent sur les nerfs de tout le monde même au Carnaval de Québec; je ne sais d’ailleurs pas pourquoi nous sommes tous trop timides pour le dire clairement à qui de droit). Si ce n’était que ça! Mais non: ils hurlent des directives à leurs fils! (Du style couvre ton homme, qui ne tient pas compte des instructions de l’entraîneur, qui a dit aux jeunes de couvrir leur zone et non un joueur précis (mais de toute façon, le parent moyen s’y connaît mieux que l’entraîneur, n’est-ce pas…), placez-vous, hyper inutile, ou défense, défense, comme si les joueurs ne savaient plus que faire.) Ils ne se rendent pas compte que si leur fils les écoute, c’est qu’il n’est manifestement pas concentré sur le jeu, et que donc ils prouvent que leur enfant n’a pas sa place dans l’équipe. Pire: quand les garçons ne réussissent pas un jeu, il s’en trouve pour sacrer après leur fils et maugréer (plus que fort) en disant des franchement, come on, t’es donc ben pas bon à matin! HEILLE! Ce sont des enfants! Des enfants! Qui jouent à un jeu! Pas des professionnels payés pour démontrer leur savoir-faire, non: des jeunes qui apprennent à apprendre, à bouger, à réfléchir dans le feu de l’action et à suivre des directives, un point c’est tout! Dans les gradins, ça hurle, ça gueule, et dès que fiston ne joue plus, ça se tourne vers son cellulaire pour envoyer des messages (ben quoi? On est venus encourager fiston, pas l’équipe!). J’ai même vu (vécu! ils m’entouraient!) un groupe de parents qui se réjouissait chaudement des fautes de l’autre équipe! Hé! Une faute de l’autre, c’est souvent une possibilité de blessure pour ton ti-cul ou son copain! On pourrait pas encourager les bons coups sans se réjouir des erreurs des autres?
L’esprit sportif, pour tout vous dire, je l’ai vu en action sur le terrain, et j’en ai été très heureuse. L’esprit sportif est intimement lié au respect, et j’ai vu des jeunes s’encourager, se soutenir, se réconforter. Mais le public composé de parents, lui, il en fait quoi, de cet esprit sportif? J’ai vu des parents regarder leur enfant jouer non pas comme un être qu’ils accompagnent dans la vie, mais comme une émission de télé-réalité: c’est un spectacle, et j’en veux pour mon argent; tu es mon investissement, aussi… rapporte! C’était si intense par moments que je me suis mise à me demander si les enfants qui pratiquent un sport sont plus poussés au suicide que les autres par les attentes de leurs parents. Et on ne parle que de basket atome! Assister à un match de hockey d’ados, je meurs de traumatisme parental, c’est certain! Pour le moment… je cherche une justification au-dessus des soupçons pour m’assoir sur le banc avec l’équipe la prochaine fois. Hmm… je m’improvise fournisseure officielle de petits gâteaux? C’est peut-être pas fou! 😉