Y a du rhume chez nous. Surtout la puce et moi, un peu l’Homme et l’adulescent se remet, lui. M’enfin c’est le deuxième rhume de la puce ce mois-ci et à vie, et le premier avec une grosse toux épouvantable qui va parfois jusqu’aux vomissements. Enfin bref le résultat c’est que je passe la majeure partie de mes nuits sur un matelas à côté de son lit, question d’être là quand elle a besoin de moi, ce qui est pas mal plus facile que de gérer à distance sa panique de fillette qui s’étouffe. Et pour dormir, on dort. Même jusque tard, comme aujourd’hui: dix heures et demie! J’ouvre le rideau… fille, fille, viens voir! Quoi, quoi maman? Viens, je vais te lever jusque sur la commode! Wow maman, on va jouer dehors!
Et nous y sommes allées. Habillées presque comme pour l’hiver même s’il faisait 5 degrés (je la connais, ma fille: de la neige au sol, ça veut dire qu’elle va rouler partout!). Dans la forêt, des bruits d’arbres qui dégouttent, comme une pluie en plein soleil. Dans l’air, nos respirations qui devenaient buées. Ici tout près du sol, à côté d’une souche où pousse une petite épinette, un champignon qui volait la vedette dans un décor de bonsaï.
Juste derrière, un hibou diurne semi-sauvage (bibitte rare, quand même) qui cherche sous le grand chêne.
Teintes fanées, blanc, teintes fanées, vert, blanc… les nuances d’un changement de saison bien amorcé.
Ces deux photos qui suivent sentent la campagne. Parfois j’oublie. Parfois je vis trop à l’intérieur (de ma maison, de ma tête, de ma… cuisine) et j’oublie la vie hybride que nous avons choisie. Mais voilà ici deux beaux gros chiens, du bois cordé pour les feux dehors, loin là-bas un tas de trucs en métal à réutiliser et trier. Même un vieux baril rouillé, sur fond de première neige et de feuilles mortes. Oui, notre vie ici est résolument campagnarde après tout.
Non chauffé, l’atelier a gardé sa neige sur le toit plus longtemps. Lui aussi il m’a ramenée sur ma terre ce matin. C’est jamais parfait, cette vie. Mais on l’a choisie, vraiment. Parfois on l’oublie, ça, pris entre quelques douzaines de tracas.
Et voilà que le potager me prouve que nos années d’effort mènent à des résultats certains. De la vie, de la floraison, encore, sur fond de neige, dans ces bons lits de culture, ce bon sol bichonné. J’ai tendance à ne voir que les herbes indésirables que je n’ai pas arrachées cet automne, faute de temps et d’énergie (alors qu’au printemps passé tout avait été tellement facilité par ce travail de préparation fait l’année précédente…). Partie remise, voilà tout.
Les soucis (calendula) seront les dernières fleurs semées à fleurir. Les cosmos encore beaux hier ne sont plus là, leurs jolies têtes dressées se sont effondrées et leurs pétales ont fané. Les soucis sont plus robustes. Il reste aussi quelques pensées, quelques oeillets de poète, quelques achillées. Et les sédums d’automne qui jamais n’ont eu de temps et l’occasion d’autant rougir avant les grands froids.
Fini, le temps des tomates. Et j’en suis bien contente: cette année j’en ai eu bien assez. L’an prochain, si tout peut bien aller, je change de stratégie du tout au tout et je me lance dans la production des tomates italiennes, de toutes celles dont j’aurai besoin pour les conserves. Plus grande échelle, plus grand défi, mais je ressens le besoin d’un petit réaménagement de vie, avec le bébé qui arrive et la puce qui grandit. Suffira de moins mettre d’énergie ailleurs et d’en mettre davantage dehors aux bons moments.
Même les thyms prennent des couleurs automnales, avec leurs feuilles odorantes et délicates sous le gel.
Et Bouddha, lui… il ne s’en fait pas. Il sait bien que quoi qu’il arrive il sera là, et que sa souche vide garnie d’une corbeille défoncée sera encore et encore remplie de belles cocottes que ma fille et moi iront ramasser.
Presque un signe de paix, presque une carte de Noël. Première neige sur branches basses d’une de nos grandes épinettes.
Et une petite écuyère malade, le nez rougi par les mouchoirs, qui se repose un peu en m’attendant — parce qu’elle a les pieds trempés dans ses bottes et qu’il est temps d’aller manger.
Pour tout le monde, d’ailleurs. Nos copines les mésanges ne disparaissent jamais tout à fait, mais les voilà qui reprennent la première place aux mangeoires.
Déjà le sol est plus vert que blanc. L’automne reprend sa course douce.
Douce, mais rapide aussi. Déjà les feuilles tombent. Bientôt l’hiver. Bientôt une autre naissance. La vie, ce cycle à la fois lent et accéléré.
J’appuie sur le bouton pour publier ce billet. Un mouvement attire mon regard dehors. Il neige! Pour vrai!
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Ça sent bon, le bonheur, ton billet. Et l’automne. Et la campagne, et l’humidité dans la feuilles. La poésie familiale, le bébé bedaine, bedondaine.
Fallait sentir l’automne hier dans le bois! La vie qui prend une pause, c’est comme la vie qui renaît: ça sent vivant, ça me calme. Parce que tout ce qui me fait paniquer n’est quand même rien à côté de la vie qui continue (si je me concentre moins sur les humains, souvent ça va mieux dans ma tête…). Et puis je chiâle assez, ces temps-ci comme toujours. Parfois c’est bon de m’arrêter de me constater que malgré tout, la vie ainsi, c’est notre vie choisie. Bedondaine y compris!
Chère Helene,
Je ne sais pas si c’est cette nouvelle petite vie en toi mais, tu as eu une superbe plume pour décrire ce 17 octobre!
Un billet qui se lit si bien, très poétique… J’ai vraiment bien aimé.
Allez, bonne journée à toi et la p’tite famille, portez-vous bien!
Louise xx
En fait c’est la vie de la grandissante, qui m’a fait voir ce matin par ses yeux et son bonheur. Et pour une fois, j’avais et j’ai pris le temps d’être… juste là. Au lieu de vouloir faire plus, mieux, autrement.
Bonne journée. Louise! xx
Ah!Ici et maintenant!Quand on y arrive,que de contentement!
Ici aussi on a eu droit à une mini-tempête mais vers 15:30.Là le soleil est revenu en force et fait fondre le petit tapis blanc.
Ici ça sent(dans la maison) la sauce à spaghetti qui mijote depuis presque 3 heures puis le gâteau vanille et petits fruits.Faut bien gâter mes 2 Hommes qui sortiront le quai de la rivière demain matin!
Ici et maintenant… avec un appareil photo. Pour moi ça va souvent ensemble, même si j’oublie ou que je raisonne/déraille trop là-dessus.
Sais-tu que je commence à avoir envie de sauce à spag et de chili, mais que j’ose pas encore toucher aux 57 litres de sauce tomate cannée?! C’est comme ça. Je suis dans ma phase pré-hibernation, où les réserves comptent plus que le plaisir de les manger. La transition se fera en temps et lieu! (Mais la crème brûlée au chocolat, ahlàlà! — pas de tomates là-dedans, évidemment, donc je ne me suis pas privée!)
Cé Kool !
Plein d’Amour !
Cé Kool ! & Beau !!
Bon Temps …