Depuis mes dix-huit ans, je vais toujours voter quand il le faut. Pas trop par principe démocratique au début, plutôt parce que ma mère m’aurait semoncée sinon. Les élections municipales, par contre, ne m’ont jamais trop intéressée. Mais cette fois-ci, si. Enfin, ayant quitté Hochelaga-Maisonneuve, j’aurais voulu voir madame Harel gagner (surtout parce que ça aurait été la victoire des petits, ceux qu’elle a longtemps représentés et défendus, pour ne pas dire servis). En fait, de mémoire de campagnarde, jamais campagne municipale (montréalaise, faut-il le souligner) n’a autant fait chiercouler d’encre. Et ici, dans mon petit patelin qui a connu beaucoup de houle municipale au fil des dernières années? (C’est une longue histoire dont je ne sais que peu, c’est-à-dire uniquement ce que j’ai pu trouver en ligne avant notre déménagement, mais qui a culminé un bon soir d’hiver l’an passé par une réunion municipale qui a failli virer à l’émeute. La SQ a été appelée… et n’est jamais venue! Je ne saurai pas le fin mot de l’histoire [c’est-à-dire les noms de qui a fait quoi à qui d’autre et qui en veut au neveu de quel autre…] sans poser de questions, et je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée pour une nouvel arrivante, fut-elle revenante!) Ici, toujours la même histoire. Même le quotidien qui nous réserve une petite section de son site ne parle jamais de nous (sauf quand il y a des quasi-émeutes, mais croyez-vous qu’on dit à un journaleux qui a fait quoi, etc.?). Pour savoir qui se présentait à quel poste, il a fallu attendre les feuilles colorées, imprimées et pliées qui ont été laissées par certains candidats dans notre boîte à lettres. Des textes très courts, incroyablement bourrés de fautes de toutes les sortes, écrits par des gens que je ne connais pas et qui m’en disent peu. (je tiens à préciser que le dépliant du maire élu contenait beaucoup moins d’erreurs que les autres, tandis que son vis-à-vis ne nous a rien fait parvenir).
L’Homme et moi nous sommes questionnés. Le 31 octobre, c’était prévu, nous allions passer la nuit à Montréal pour Amazone. Le 1er novembre allait se passer en dodos bien mérités. C’est donc au moment du vote par anticipation que nous nous sommes arrêtés pour réfléchir un peu. Aller voter? Pour qui? Aucune espèce d’idée. Pas indécis: infiniment ignorants! Pourquoi aller marquer d’une croix un nom plutôt qu’un autre, quand nous ne connaissions aucun des candidats, pas même pour l’avoir croisé au magasin général? Et moi, j’ai eu peur. Si nous mettions nos croix du mauvais côté? Y en a-t-il un seulement? Nous avons jugé que la meilleure chose à faire était de ne rien faire et de ne pas nous présenter. Parce qu’un vote sur quelques petites centaines peut avoir trop de poids pour le manier à l’aveuglette.
Finalement? L’élu a remporté 75% des voies (je choisis avec aveuglement volontaire de croire que c’est grâce à son français mieux que mauvais…). Les conseillers? Je ne sais pas. Et à vrai dire ça changera peu de choses pour moi. Parce que les projets proposés touchent le village (et que je suis à quatre kilomètres de celui-ci) et parce que rien ne changera ici du tout au tout en quatre ans. Comment je peux le savoir? Hmm… Je suis revenue après 27 ans et je connais encore le nom des habitants de plusieurs maisons… qui n’a pas changé de tout ce temps. Et maintenant, nous avons quatre ans pour connaître plus de gens!
Mise à jour: finalement j’ai tout su sur ce site. Taux de participation ici: 66,2% (quin toi, Mourial!) Sur cinq conseillers, trois sont des femmes. Impressionnant, car ça nous donne la parité à l’Hôtel de ville!
Je t’avouerai qu’à titre de Montréalais, j’ai aussi le cœur déchiré.
Trop fru, je ne m’arrêtes qu’à cette partie de ton texte, faignant de ne pas avoir lu le reste, et bummant une oreille attentive, pour ventiler.
Certains blâment à tort une personne d’avoir divisé le vote, d’autres blâment plus justement l’ex branleur droit de s’être sali les mains.
Moi, comme d’autres, j’ose blâmer 65 % des Montréalais qui sont restés le cul bien au chaud, sans dire un mot, bien confortables, à la maison, quitte à ce que la main noire vienne toujours piger dans leurs poches, pour 4 années de plus.
Le Québec est un pays peuplé de trop de pissous, pour en être un.
Je ne sais pas si c’est Einstein, Gandhi, Yogi l’ours, ou autre intellectuel, mais y’a quelqu’un dans le lot, qui a déjà dit un truc qui ressemble à ça :
La terre ne sera pas détruite par ceux qui font le mal, elle le sera par ceux qui les laissent faire le mal.
Je me sens mieux. Merci. J’ai mis 5 minutes à t’écrire.
Je te dois beaucoup ? Oui ? On peut troquer ?
J’ai des bidons d’huile d’olive de Palerme à offrir, mais disons qu’elle n’est pas tout à fait vierge…
J’ai fait un petite mise à jour pour faire chier avec notre beau taux de participation (malgré nous!) 🙂
Vincent, si j’étais encore Montréalaise, les résultats me frusteraient aussi! Et pour le pissounage… ben… j’ai comme écrit tout un livre là-dessus dans une autre vie, et j’ai plus trop envie de le crier bien haut, mais… oui. On n’a pas une culture très renseignée (au sens où les gens ne voient pas l’intérêt de s’informer, alors…) et tant que les gens ne sont pas attaqués dans leur petit confort (et pourtant ils le sont et ne le voient pas!)… Je choisis de croire que c’est humain d’abord, et qu’ensuite nous (collectivement) avons les qualités de nos défauts.
J’aime bien ta citation. Mais en même temps, je crois qu’on se fait enfirouaper depuis fort longtemps, et convaincre qu’on est impuissants, au point où on le croit absolument. (Une coupable-parfois t’écrit en ce moment…) Du pain et des jeux pour les Romains, une quantité extraordinaire de divertissement pour nous… As-tu déjà vu Le confort et l’indifférence? Le parallèle entre Le Prince de Machiavel et la période post-1980 au Québec est habile, fort habile. (Oui bon, un peuple un moment donné c’est comme une personne, faut devenir adulte et lâcher les souvenirs, les leçons, etc., qui ne font que nous retenir et nous empêcher de progresser, mais comment y arriver? Un à la fois, j’imagine. Et quand je pense à ça je suis un tout petit peu comme découragée…) Bon, tu as réussi à me faire parler semi-indirectement de politique ici. Vilain!
Ton huile pas trop vierge m’a fait rigoler… mais maintenent que j’y pense plus longuement, j’en ai un peu peur… 😉
Tiens je t’envoie une autre citation, probablement de Patof.
On est tous des politiciens, à divers niveaux, à divers degrés, et ce même si on ne veut même pas le savoir.
Mais tu as bien fait de t’abstenir de voter cette année. Avec un homme anglophone dans ce village, vous avez probablement l’air assez « Étranges » comme ça. 🙂
C’est hilarant: les gens passent des commentaires du genre « Tu me comprends bien! » et « Tu parles bien quand même! ». On va te me les dépréjugéfier, toi! (On aura tort, bien sûr, puisque mon Homme est le seul anglo qui en vaille vraiment la peine — hon, j’ai-ti écrit ça, moi? 😉
En fait depuis notre arrivée ici, je dirais que l’Homme est passé de 50-50% à 80-20% en faveur du français. Quand je lui en ai fait la remarque, il a dit que c’était normal. (Mais là je parle de ses conversations dans la maison avec une bilingue, alors c’est pas si normal que ça, c’est un effort magnifique!)
Tsé l’école publique anglo en Ontario… c’est pas les gros chars pour le français. « Zut alors! », me sort régulièrement ma belle-soeur. Je me dis chaque fois que c’est une chance qu’ils ne soient pas déménagés jeunes au Québec: ils se seraient fait bûcher avec leur fronçais pointu! Tiens, quand je te parle des qualités de nos défauts: j’ai toujours voyagé au Québec avec l’Homme, même quand son français faisait dur. Jamais les gens n’ont été bêtes avec lui, au contraire: il essayait, alors on le respectait et l’aidait. De Percé à Natashquan!
Oh, et ma politique, je l’assume pleinement. C’est simplement que je la passe en douce ici 😉