J’ai récemment cité Camille Toffoli citant Johanne Coulombe. Cette lecture-là, comme le font souvent les lectures extraordinaires, m’a menée à d’autres ouvrages, à d’autres autrices. Ici, Pattie O’Green et Mettre la hache : slam western sur l’inceste. Qui, d’ailleurs, dépasse l’inceste (faut cesser de ne pas se sentir concernés: les récents Faire corps, de Véronique Côté et Martine B. Côté et La paix des femmes, de Véronique Côté parlent de prostitution et convainquent brillamment que nous sommes toutes et tous concernés). Bref un soir récent, je lisais (et quand je souligne, on voit que j’aime!) et soudainement, pour la première fois sans que j’en sois avertie, ceci:
Émue, vous pensez? Très. Infiniment. (Pour vrai, là? D’abord je n’y ai pas cru; et puis y a des accents et moi non, mais j’ai visité la liste des ouvrages cités et oui c’était bien moi, avec des accents, mais moi quand même, entre Queen Latifah et La guerre des tuques, et LÀ j’ai été émue!) Je comprends qu’il y a des gens à qui ça doit arriver souvent, mais moi, dans le temps (littéralement au siècle dernier!)… j’ai plutôt appris à encaisser et me suis habituée à me faire rentrer dedans (métaphoriquement), au point où j’en ai gardé une sorte de traumatisme, une tache indélibile s’ajoutant à d’autres. Quand on me citait, c’était souvent violent, et quand mon nom apparaissait dans un livre, c’était pour me prendre en pitié, m’envoyer chier ou m’utiliser comme marche-pied. Quand il apparaissait dans les chroniques, c’était souvent pour de l’auto-promotion (on pourrait nommer des noms, mais ça leur ferait trop plaisir).
Mais me faire citer comme ça, hors contexte et pourtant si justement, par une femme que j’admire (dont je lis maintenant l’autre livre!), ça m’a beaucoup émue. Comme un fil envoyé par-delà l’espace entre une personne isolée dans sa carapace invisible… à une autre dans la sienne. Me trouver citée dans un texte qui m’a permis de cheminer (je n’ai pas subi l’inceste, mais j’ai subi d’autres blessures qui ont causé, créé, une certaine différence que j’essaie de cartographier) et de vraiment réfléchir… ouf. Merci. Merci.
Oh! Comme c’est beau! C’est vibrant! Et ça fait vibrer!
Ahhh, ça fait quelques jours, mais l’émotion est encore là, aussi vive!
(C’est d’autant plus touchant que je réalise ces jours-ci la profondeur de mon isolement. Alors ce petit (grand!) velours vient me trouver pendant que je suis roulée en boule au milieu d’un cocon que j’ai caché dans un coffre-fort fermé à double tour… au fond d’une piscine remplie d’acide! Et pourtant, pourtant…!)
Merci, Caro. Sur un blogue à l’ancienne, en 2022, chaque commentaire est précieux. Et en ce moment pour moi, il vaut une conversation entière (je pense que je commence à oublier ce que c’était, « normal », avant…) Alors un GRAND merci!
Être citée! C’est la coupe Stanley d’une autrice! Non?!?
En tout cas, pour moi, ça le serait!!!
La vie d’«avant»… hum…tout devient relatif; COVID ou non ! Si je pense aux moyens de communiquer d’aujourd’hui… dans une autre vie, je n’aurais pas écrit ce message… alors, on accueille les p’tits moments surprises! C’est comme jadis, le plaisir de recevoir une lettre par la poste!
PS Je plante toujours mon ail dans ma p’tite cour de p’tite banlieue grâce aux Campagnonades! Hé ?! Tu laisses ta traces! Comme une citation!
Bravo! Un texte lu, commenté, cité, de façon imprévue dans une temporalité imprévue… c’est un voyage dans le temps merveilleux!
Oui! Et ces temps-ci, je ne voyage pas tant que ça!
Dis-moi pas que ça va me prendre une grosse bague lette? ? (Ooooh pis un défilé avec du grabuge!)
(Mais euh… oui, pas mal! ? )
Oh que oui j’accueille les petits moments surprises! Même que j,essaie de les faire durer en pensée autant que les mini chiures du quotidien qui finissent par prendre trop de place. Faut finir par trouver un équilibre! ?
Ah ben… il est bon cet ail, saveur Campagnonades? ? (Un autre petit velours du jours, waou! merci!)