Voici Poupoune la poupée. C’est un cadeau d’une grande amie de ma mère, et ma fille l’adore, sa poupée. Dès qu’elle la voit, elle lui sourit. Poupoune a même contribué à développer le rire de ma cocotte, car j’avais lu que la peur et le rire sont, au fond, la même réaction: on rit quand on a un tout petit peu peur, quand quelque chose nous surprend. Aussi je faisais voler Poupoune au-dessus de ma puce (en disant bébé qui vole, ce que j’ai pu ensuite utiliser pour le bébé elle-même!) pour la faire tomber jusque devant le visage du bébé. Au début elle avait un peu peur, mais en peu de temps elle savait ce qui allait arriver et riait presque d’avance.
Poupoune a une voix de crécelle. Elle dit plein de choses à Anne-Gaïa et c’est réciproque. Poupoune a toujours parlé. Mais un jour, quand ma fille était vraiment très jeune, quelques mois à peine, elle a compris. Elle regardait sa poupée qui lui parlait quand tout à coup… c’est ma bouche qu’elle s’est mise à observer. Et alors… sourire de compréhension! Maman, je le sais que c’est toi qui fais parler la poupée! (Et maman de gonfler de fierté!) Depuis, c’est une blague entre nous. Poupoune parle toujours, mais parfois… sans être à proximité, ce qui fait vraiment rigoler le bébé.
Ma fille n’a pas de doudou, pas d’objet fétiche encore. Moi j’avais ma Marie-Hélène, que j’appelais poupée mais qui était surtout toutout en guenille (je l’ai encore, mais elle ne dort plus dans mon lit!), mais c’était un peu plus tard. Poupoune n’est donc pas un personnage de tous les instants, mais elle n’est jamais loin ni jamais absente longtemps. Et elle demeure la seule et unique poupée de ma fille (j’avais peur de recevoir mille peluches et cent poupées: je remercie l’univers!).
Pourquoi la poupée porte-t-elle le nom assez poche de Poupoune? Ah! J’suis bien contente que vous posiez la question! Ma théorie (l’une de mes nombreuses théories, en fait…), c’est que plus les noms que je donne aux jouets de ma fille sont ridicules, plus vite elle voudra parler pour me dire de me taire (c’est ainsi que son hochet en forme de crabe est devenu Crabino et son toutou en forme de cochon est devenu Piggy McPigginton…). Non mais… Je viens d’une famille où les adultes (mon père et ses soeurs, reprenant l’exemple pourtant pas si probant de ma grand-mère, j’imagine) parlaient anglais pour ne pas que les jeunes enfants les comprennent. J’ai toujours trouvé ça tellement méprisant et insultant (les enfants ne comprennent peut-être pas l’anglais, mais ils comprennent le mépris. Allez donc hors de portée de voix pour parler d’eux! Discuter de trucs intimes en public, ça ne se fait pas davantage parce que la première personne concernée est jeune, petite ou ne comprend pas! Et parler une langue inconnue pour se faire comprendre uniquement de qui on souhaite, c’est inacceptable en société. Allez donc vivre un peu dans un quartier moins blanc-pure-laine, pour voir comment vous aimez recevoir ce traitement!) que je me suis appris l’anglais et que je suis devenue traductrice (et aussi? Que ma fille sera bilingue et que JAMAIS je n’ai fait cette chose immonde à un enfant! (oui bon je sais que tous les enfants ne sont pas aussi perceptifs (et non ce qu’on me disait tout le temps à l’époque, en adultes qui ne peuvent pas admettre qu’un enfant comprenne mieux qu’eux qu’ils posent un geste inadmissible: trop sensible!) que je l’étais mais… et après? Ce sont justement les enfants déjà meurtris qui sont sensibles à votre mépris, aussi bien faire attention)). Aussi bien dire que si ma fille tient de moi pour ça, j’en ferai une grande oratrice d’ici un an!
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