Quand j’étais petite, la seule version du concept de voisins que j’avais directement concernait une famille qui avait son chalet non loin (de l’autre côté du chemin, pas en face mais à côté, mais avec un champ entre les deux) de chez nous. Ou enfin, les grands-parents avaient là leur chalet, une petite maison pas finie, avec des rideaux comme portes d’armoire sous le comptoir et un piano élimé dans une chambre. L’extérieur était en papier noir (je ne sais pas exactement ce que c’était, mais enfin, ce n’était pas un matériau de finition). Au printemps, nos voisins venaient prendre de l’eau chez nous pour repartir leur pompe. Au besoin, ils utilisaient notre téléphone. Il y avait sur leur terrain un rond de feu, un grand potager (les grands-parents passaient l’été là, si je me souviens bien, et le potager était celui du grand-papa), des conifères matures sous lesquels jouer (ils y sont toujours!). Et derrière, vers le haut de la colline, il y avait des espaces bétonnés pour les tentes-roulottes des quatre enfants, dont deux avaient déjà des enfants à leur tour, et même ce petit cabanon que vous voyez et qui servait les mêmes fins. Toutes les fins de semaine d’été, certains des enfants (qui avaient l’âge de mes parents) venaient au chalet (tout en dormant dans leur propre micro-logement) avec leurs enfants (de mon âge ou presque; un frère et sa soeur, et leur cousine). C’était là mes seules occasions de socialiser avec des enfants de mon âge, et je ne m’en privais pas!
Ma mère a gardé un peu contact avec eux quand nous sommes partis en ville. Le grand-père est mort et la grand-mère a vendu le chalet. Aucune idée ce qu’ils sont tous devenus!
Cette famille-là, pourtant, était importante pour moi, fille unique… sans autres voisins. Et j’aime beaucoup leur solution, toute tirée des années 1970 qu’elle soit, pour rassembler toute la smala à la campagne à peu de frais. Bon… qui vient couler du béton et y planter sa roulotte?
Pas avoir de voisin, je connais ça du temps de ma jeunesse lointaine (ben mes seuls voisins étaient mes grands-parents paternels et ma grande-tante et son mari). Je n’avais que très peu de contact avec les autres enfants et ma pauvre mère s’inquiétait pour ma « sociabilité ». Je me parlais seule, m’inventais des amis et des histoires dans le petit bois. Elle a pris peur et a obligé mon père à déménager loin de la campagne et proche des ti-namis pour sa fille. Enfin, tout ça pour dire que je comprends (ou assume comprendre) ton sentiment.
Moi… y a un de mes trois (oui, trois) amis imaginaires (Partin, Mali et Geichler!) qui avait dessiné sur le mur. Ma mère m’a donné un torchon pour lui et a refermé la porte. Paraît qu’elle m’a entendu le gronder, mais l’important c’est que le mur a été nettoyé!
Et puis je partais toute la journée avec le chien, par dessus les montagnes et dans les forêts. Si je peux avoir un enfant, sa petite enfance ressemblera un peu à ça, et je lui promets d’avance de ne pas la déraciner si je peux l’éviter. J’en ai trop souffert!
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hihi… De mes 3 enfants en âge de parler (on s’entend que le bébé de 6 mois est exclus) mon 3e il parle continuellement (ben très régulièrement) à ses amis imaginaires et à ses monstres bons ou méchants! Et je dois moi aussi lui donner des torchons pour ses amis imaginaires et les dessins sur les murs!!! Je dois aussi lui dire, de dire à ses amis d’arrêter de parler le soir quand c’est l’heure du dodo 🙂
Je n’avais pas eu à faire ça avec mes 2 plus vieilles, ben pas autant qu’avec mon gars, lui c’est régulier.
Ah, mais alors je prédis de grandes choses pour ce garçon! (Ben quoi, entre fous il faut se serrer les coudes!)
ouais entre fous…
…entre gens dotés d’une imagination magnifique… si tu préfères 😉
Excuse-moi…
c’était un peu comme qui dirait lié avec l’autre message…
ça fait peur à une maman parfois tout ça…
Remarque que moi aussi j’ai eu quelques amis imaginaires me semble.
« Les enfants qui y sont sujets ne sont absolument pas différents des autres, et notamment pas plus créatifs. »
http://www.cote-momes.com/1er-age-0-3-ans/eveil-education/les-amis-imaginaires-de-mon-enfant-c292.html
Maudine: on peut plus trouver ce qu’on veut sur le Web ou quoi? Je cherchais l’affirmation INVERSE! ;-P
Même article plus loin et ça me semble absolument logique (même brillant comme mécanisme naturel! Qu’est-ce que tu disais, donc, que le corps est bien fait? Le cerveau est pas pire non plus!):
« Enfin, entre 3 et 5 ans, on impose à l’enfant de plus en plus de règles de bonne conduite (propreté, ordre, hygiène, politesse…). Grâce à l’ami imaginaire, « l’enfant peut à loisir remplacer les moments de frustration par des situations agréables, lui faire expérimenter des étapes d’apprentissage encore difficiles à réaliser elle-même, le punir, le dorloter, etc. C’est à travers ce personnage inventé, ce miroir en quelque sorte, que vont s’exprimer ses identifications, ses attentes, ses peurs », écrit Valérie Huchet-Dufretelle, psychologue clinicienne à Paris. «
Sérieux, là, j’ai eu deux de mes amis imaginaires assez longtemps — assez pour écrire moi-même leurs noms sur des cahiers d’exercice. Mais justement, je commençais à écrire (5 ans peut-être)… alors j’ai gardé Mali et Partin. Geichler, lui… j’ai jamais écrit son nom avant ce billet, et pour cause! Ça se prononce « Gué-kleur ».
Et si mon futur enfant se plaint un jour de son futur nom, je lui dirai que sans ami imaginaire enfant, j’aurais manqué cette phase d’expérimentation avec les prénoms, et il aurait eu le choix entre Mali, Partin et Geichler. Ça devrait le calmer ;-P
Oui, je sais tout ça…
J’ai même dû l’expliquer à mon conjoint il y a quelques mois… Parce que mon ti-pou vient juste d’avoir 3 ans, mais ça doit faire 6 mois qu’il a des amis imaginaires.
Effectivement, il y a beaucoup d’éléments stressant pour lui… le nouveau bébé, la propreté et j’en passe. D’un autre côté, c’est notre enfant le plus capable d’instrospection et surtout d’analyse pour son âge. Aussi le plus équilibré je dirais au niveau de ses apprentissages en générale. (ma 2e, Élaine, marchait à 9 mois, mais elle a parlé seulement à 2 ans et demi, y’a comme un écart par rapport à la moyenne dans les 2 sens pour former l’équilibre!)
Reste que pour les parents, la peur ou la crainte est viscérale et parfois difficile à relativiser. On s’arrange pour que l’enfant ne sente pas nos craintes, c’est tout! Mais les craintes sont là surtout avec ce qu’on sait pour mon frère. Il a eu le temps de faire son bacc avant sa première psychose, c’est arrivé à 22 ans. Ça fait 7 ans maintenant.
Ben tu vois moi aussi j’étais très introspective. J’ai marché tôt, parlé selon la norme. Et j’ai longtemps craint la maladie mentale (une hypocondriaque devrait vraiment contrôler ses lectures!).
Je suis dépressive (c’est comme l’alcoolisme – je suis dépressive de nature, c’est un fait même quand je ne suis pas en dépression, si tu vois ce que je veux dire – et j’ai moins besoin de craindre la maladie puisque je vis avec!) mais je le contrôle/gère bien (maintenant!). J’en parle ouvertement justement pour éviter/éclater les préjugés – tant de gens vivent avec la dépression en silence et en secret, ce qui empire tout!
Mais même si je faisais des blagues sur la folie, au fond ce n’est pas drôle du tout. Ni « glamour » à la poète maudit/artiste fou mais génial. Je me suis approchée suffisamment de la limite pour voir l’abîme. Y a rien de bon là-dedans.
J’y connais pas grand-chose en psychoses, etc. Un bouquet de facteurs, j’imagine? Génétique, expériences de vie, hasard et puis boum? Tu sais, je me considère comme une militante pro-(légalisation/usage responsable si souhaité ou médicalement souhaitable)-cannabis, mais avec honnêteté: il semble être confirmé que pour les gens sujets à des psychoses, ce soit une substance à éviter à tout prix. Les autres drogues, c’est pire, j’imagine…
(Là où j’enrage c’est quand les gens/médias prétendent que la substance est la coupable, par contre! Hé oh! C’est pas la droye, le problème, c’est la chimie du cerveau qui a pris cette droye! Chimie qui a probablement mené la personne à prendre de mauvaises décisions, à mal évaluer les risques, etc. Enfin, je simplifie, mais c’est la personne dotée du libre arbitre, le coeur de tout, pas ce qu’elle ingère. C’est comme quand on accuse la malbouffe de rendre les gens obèses, sans tenir compte que personne ne les gave de force…)
Je ne peux pas imaginer tes craintes. Enfin, je les imagine, mais je ne les vis pas alors je ne te ferai pas l’insulte du bête « je comprends ». Par contre, si tu ne peux rien y faire… j’espère que tu sauras les estomper avec le temps. La crainte, ça gruge aussi!
« Tu sais, je me considère comme une militante pro-(légalisation/usage responsable si souhaité ou médicalement souhaitable)-cannabis, mais avec honnêteté: il semble être confirmé que pour les gens sujets à des psychoses, ce soit une substance à éviter à tout prix. Les autres drogues, c’est pire, j’imagine… »
Vois-tu, moi j’ai jamais touché à ça, ma soeur n’ont plus d’ailleur. La raison… elle est nébuleuse pour moi… c’est comme si mon subconscient, mon cerveau sait que je suis pas faite pour ça. comme si j’étais de la gang chez qui ça pourrait mener à des psychoses. (attention, j’ai pas dit que ça faisait ça à tout le monde… je crois qu’il y a des gens pré-disposé et d’autre non. Ça revient à ton énoncé suivant: « C’est pas la droye, le problème, c’est la chimie du cerveau qui a pris cette droye! »)
J’ai jamais empêché ceux autour de moi d’en prendre, c’est leur affaire pas la mienne. Quand mon frère a eu sa 1ere psychose, ça devait faire proche 10 ans qu’il fumait tout les jours. Je crois que ça ne l’a pas aidé, mais y’avait d’autres trucs et du stress autour de ça. Pour ma part, ça a renforci ma raison nébuleuse de ne pas toucher à ces trucs! J’avais déjà 27 ans à l’époque, donc j’aurais eu le temps en masse de toucher à ça!
Pour mes craintes, à force de réflexion et de lecture elles diminuent. Je crois fermement qu’il y a des choses à faire avec nos enfants pour les guider dans une voie ou une autre malgré ce qu’ils sont de façon intrinsèque (ben surtout quand ils sont petits) en les laissant prendre des décisions et en leur faisant vivre les conséquences de leurs décisions. Vois-tu, je crois au fait que notre environnement a un effet sur nous (pas seulement nos gènes). Je crois aussi qu’on a besoin parfois de se péter la gueule pour gagner de l’expérience. On a pas ça de façon infuse l’expérience, faut essayer des choses pour l’obtenir! Malgré tout ce que la société demande ou fait pour nous protéger!!! (non, mais y’en as-tu des recommandations de faites aux nouveaux parents? Des fois c’est à se demander si les enfants ont le droit d’être des enfants, tsé des êtres humains qui ont besoin d’explorer les limites par eux-même pour apprendre à se protéger plus tard!!!)
Haha: juste à te lire je sais que tu es une maman comme je les aime! 🙂 Moi, tu sais, les gens qui n’ont jamais rien vécu de difficile, de « vrai », je ne m’y intéresse pas. Oh, j’en croise de moins en moins! Mais dans la vingtaine on les voit partout, ces gens qui croient que tout leur est dû et que la pensée positive va continuer de tout régler pour eux (souvent c’est plutôt l’argent de leurs parents qui les a menés là plus qu’autre chose, mais n’ayant jamais connu autre chose que la facilité, ils ne s’en doutent pas; c’est pas toujours lié à l’argent, mais toujours à avoir vécu « dans la ouatte »). De vraies coquilles vides. Alors moi aussi, j’aime mieux que le Coco prenne ses décisions (à sa mesure constamment en évolution rapide!) et vive avec les conséquences (mais côté philosophie et incidence sur un enfant, pour que ça vaille quelque chose vaut mieux être en famille nucléaire qu’en famille à influences très multiples et diamétralement opposées… c’est plus facile!). Justement, moi je vois le rôle de parent comme celui d’un guide, qui accompagne. Pas un ami au sens de pair, mais pas non plus un prophète! Ni un tyran, ni une servante.
(Avouons quand même que lui faire gérer ses conséquences, ça peut faire chier, hein! Il y a deux étés le Coco s’est fait voler son vélo… qu’il avait laissé dehors en pleine ville avec son casque (neuf!) parce que ses amis voulaient « regarder » dans un magasin de cellulaires (!!!?!). (Pouvait pas réfléchir deux menutes, non?) Alors il n’a plus de vélo depuis (son anniversaire approche; un an et demi, pour une leçon, ça fait!). Mais nous on a des vélos! Alors son étourderie NOUS a empêchés de faire des sorties en famille! Grrr!)
J’suis contente qu’on parle de cannabis comme ça. Ou plutôt, je suis contente que tu sois visiblement à l’aise d’en jaser sans croire que tu seras jugée d’un côté ou d’un autre. Moi, tant que les gens prennent leurs décisions consciemment et pour leur propre bien (sans oublier « sans causer de tort aux autres »), j’ai beaucoup de respect pour leurs choix.
Pour le cannabis et les psychoses, tu as raison, c’est sans doute une interaction de plusieurs facteurs. Le raccourci « c’est à cause de la droye!!! » est simplement si facile à prendre qu’on (en tant que société) verse dans l’hystérie. C’est, mettons (ahem!) un peu plus facile que de démystifier la santé mentale et d’offrir les services requis en santé mentale dans notre réseau déglingué. Quand je me suis mise à parler de dépression à la faculté de droit (dans le journal étudiant), j’ai reçu des tonnes de témoignages (confidentiels, tous). Au point que je me suis rendue compte que si la dépression touche tant de gens, c’est la défnition de « normal » qu’il fallait revoir. J’imagine que sur une échelle de ce qu’on appelle maladie mentale, on est tous quelque part, même si on souhaite tous être en bas de cette échelle-là.
Et suivre ton instinct? Une magnifique de bonne idée, chaque fois, selon moi! Je me rends compte que c’est comme si j’avais moins d’instinct qu’avant. Enfin, c’est plutôt que je prends moins le temps de l’écouter, et que mes repères ont été (volontairement, mais quand même ça prend du temps pour s’adapter!) jetés par-dessus bord.
Pour rajouter à votre genre de mini-débat. La normalité c’est ce qu’on en fait. Plusieurs de mes amis me considèrent anormale, étrange. Alors que moi je les trouve étrange. Tout dépend de notre vécu et de notre point de vue. Néanmoins, la plupart des gens aspirent à la normalité. C’est, à mon humble avis, ce qui créent tous ces problèmes de société. Parce que la normalité qu’on nous vend à grand coup de publicité, n’est vraiment pas faite pour tout le monde.
Ah mais en même temps tout le monde veut être différent! ;-P
Indeed. Être différent en étant normal… C’est déjà une grande raison pour mal aller 😉
Tiens c’est drôle…
Moi j’avais plus l’impression de discuter que de mini-débattre 😉
Effectivement 🙂
Pour ce qui est des services requis en santé mentale dans notre réseau déglingué, je dois dire qu’au départ avec mon frère, on a plus eu (et on a toujours) l’impression de devoir se battre avec un système, trouver comment il fonctionne, ect.
Pendant ce temps, mon frère bien que voulant se faire soigner au départ, ben il lui a pogner des moments d’angoise à cette idée et hop il signe un refus de traitement (malgré s’être lui-même rendu à l’hopital!). Au bout d’un certain nombre de refus de traitement, ben le réseau te laisse complèetement tomber. Un moment donné la famille peut pas vérifier, contre vérifier tout ce qui se passe.
Pis il a plus de 14 ans… Il a le droit d’être seul avec son médecin s’il le désire. Parlant de ça. À sa 1ere psychose il a été plus de 2 semaines dans l’aile d’urgence de la psychiâtrie. Tu sais c’est quoi ça? Une aile d’urgence, à côté de l’urgence régulière, pour les gens comme lui qui ont besoin de soin en psychiâtrie plus long et en attente d’un lit et d’une chambre. Ouf, je suis allée le visiter un certain nombre de fois… pas évident comme place (l’urgence de la psychiâtrie que je veux dire).
Pis un coup stabilisé, après 2 semaines, mon frère me semblait normal quand je lui parlais ( c’était pas le cas les 3 autres fois avant dans les 2 semaines précédentes). Pendant que je lui rendais visite, son tour à rencontrer le médecin est arrivé… J’ai demandé si je pouvais assister. Le médecin s’est tourné vers mon frère en disant: « si monsieur donne son accord vous pouvez ». Mon frère m’a laissé assister à l’entretient. Là aussi ouf!
Le premier 10 minutes tout est beau, mon frère est cohérent, il répond correctement. Vient la question qui tue dans le fil d’une conversation jusqu’à présent tout à fait normal. Sur le même ton qu’on prend pour s’informer d’une vieille connaissance commune le médecin lui demande: « Alors est-ce que Ben Laden t’a parlé dernièrement? » Voilà-t-y pas que mon frère se met à déraper solide! Cette fois là, j’ai pu voir que mon frère était capable de se contrôler environ 30-40 minutes sans problème (et être capable des pires manipulations dans cette période pour arriver à ses fins) ensuite de ça sa concentration lâche, il devient tout à fait incohérent. J’ai pu le voir par moi-même, sans médecin, à plusieurs reprises par la suite. Sans cette rencontre avec le médecin, vois-tu j’étais entrain de me demander si mon frère devait vraiment rester plus longuement en psychiâtrie et en suivi.
Mais les ressources sont pas diable en santé mentale… Nous même la famille faut chercher en maudite pour trouver de la ressource. Un moment donné ça épuise et on lâche… On veut pas sombrer nous aussi, c’est un genre d’instint de survie pour notre propre santé mentale à nous!
Oui, je sais très bien ce que c’est, une urgence psychiatrique. J’ai travaillé (comme la plupart des membres de la famille, du côté de ma mère!) dans un hôpital psychiatrique. Si je pouvais écrire tout ce que j’y ai vu et entendu (mais j’en ai volontairement oublié beaucoup), ça passerait pour de la fiction cruelle. J’ai vu des choses inhumaines, des drames d’une tristesse inouïe. Et on s’entend: j’étais payée pour être là, j’avais ma clé pour me réfugier derrière les portes barrées et mon sifflet pour appeler à l’aide, mais pas d’attachement émotif/familial à un patient. Ça doit être extrêmement pénible. (Ce qui ne justifie pas complètement que dans l’unité où je travaillais, aucun patient ne recevait de visite…)
Déjà qu’on n’a pas de façon innée tout ce qu’il faut pour être un aidant naturel, mais un aidant en psychiatrie… c’est vraiment pas évident. Ça prend des ressources et du soutien, et même là rien n’est garanti. Ni pour le patient, ni pour l’aidant. Surtout qu’en psychiatrie, même si le patient veut s’aider, ce n’est pas certain qu’il le puisse ou qu’il ne change pas d’idée, et ensuite il faut un suivi serré et constant. C’est pas réaliste de croire qu’une personne « ordinaire » (on y revient, haha!) puisse faire tout ça pour une autre sans sombrer, alors en gardant un équilibre dans sa propre vie? C’est insensé!
Côté employés, j’ai vu le meilleur et le pire (enfin, je choisis ce mot et je ne veux pas imaginer pire que ce que j’ai vu). Des gens qui ont une vocation comme des gens aigris, au bout du rouleau, qui n’ont plus rien à donner, plus aucune patience, plus de compassion. J’en ai pour eux… mais pas au détriment des patients. Patients souvent gavés de médicaments. Comme si en étiquetant les substances « médicaments » et non « drogue » on n’avait pas seulement changé le mal de place. Enfin…
wow!
J’ai jamais discuté avec quelqu’un qui a travaillé en psychiâtrie avant!
Habituellement, les gens ont de la misère à saisir mon propos qu’en je parle de ça (d’ou, l’essai d’explication pour l’urgence psychiâtrique!!!).
Tu as l’expression tout indiquée: fiction cruelle. Et oui, vaut mieux en oublié de très grand boutte!
Tu as vu le film Amadeus? Au début quand le prêtre va voir Salieri, il traverse l’asile. Quand j’ai commencé mon contrat au Douglas, j’arrêtais pas de penser à ces images-là.
J’ai démissionné la deuxième fois qu’un patient m’a frappée. Et on m’a raconté pire que ce que j’ai vu. Je ne travaillais pas à l’urgence, mais j’y ai passé quand même assez de temps pour savoir qu’on ne devrait pas aller là… sans accompagnement psychologique pour soi!
Je n’ai pas vu le film dont tu parles…
mais tu me fais penser à quelque chose que j’ai vécu 4 ou 5 ans avant le début des psychoses de mon frère…
Mes parents avaient une résidence pour personnes âgées ( max une quinzaine de personne) ou j’ai travaillé plusieurs années.
Une fois, je me suis retrouvée coincée dans une salle de toilette sans issue avec une dame âgée (mais pas si vieille et assez en forme et bararquée la madame).
Elle avait échappé son savon qu’elle me disait et voulait que j’aille lui ramasser dans le petit coin derrière la toilettte. Bon, je vais voir pour lui chercher son savon… Quand je me relève, elle bloque la porte de salle de bain, sort une paire de gros ciseau de son chandail en me visant et me dit (non me crie): « Vous m’avez voler 5000 piastes, je le sais, je les trouve pus… ect ».
J’avoue, j’ai pas aimé l’expérience du tout. Il s’est avéré que cette dame avait justement quelques problèmes mentaux et personne n’était au courant. Me suis sentie ben ben petite dans mes culottes cette fois là. J’ai quand même gardé mon calme et réussi à maîtriser la situation. Mais, j’ai comme dit à ma mère que je prenais off pour la semaine qui restait avant mon retour à l’université.
Connais-tu le blogue de la Matoue (http://www.martyne.com/)? Son billet récent, Fugue en majeur, me revient à l’esprit en te lisant.
Amadeus, pas vu? Télécharge, loue, fais de quoi! 🙂
Quelle histoire! Ayayaye. Il m’est arrivé quelques fois (et je n’en souhaite pas davantage) de me retrouver (adulte) dans des situations où j’ai craint pour ma sûreté physique. J’ai toujours la même réaction: je deviens absolument froide. L’esprit net, limpide. J’ai l’apparence du calme absolu. Je raisonne. C’est l’adrénaline qui remonte tout droit de mon enfance et qui fait passer ma survie avant tout.
Quel calvaire que de vivre ça souvent! (Je pense aux employés des services psychiatriques… Parce qu’on s’entend, hein: même une fois c’est une fois de trop!)
Je ne connaissais pas ce blog.
Merci, la lecture du billet est très cela!
Pour ma madame…
Le 5000$ fut retrouvé entre ses 2 matelas de lit… elle les avait mis là pis s’en souvenait pu du tout.
Asti! Allo, compte bancaire peut-être! 🙁
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